The liveblog has ended. No liveblog updates yet. Le gouvernement marocain a présenté un budget 2026 fortement orienté vers le social, avec une hausse historique de 21 milliards de dirhams (plus de 2 milliards de dollars) dédiée aux secteurs de la santé et de l'éducation. Une annonce perçue comme une tentative de répondre à la colère des jeunes protestataires de la "Génération Z 212", dont le mouvement a secoué le pays ces dernières semaines. La ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a révélé que la dotation globale de ces deux secteurs atteindrait 140 milliards de dirhams (environ 15,2 milliards de dollars) dans le cadre du projet de loi de finances 2026. Le texte, adopté en Conseil des ministres présidé par Aziz Akhannouch, prévoit également la création de 27 000 nouveaux postes dans les deux ministères. Une réponse à la pression sociale Cette décision intervient après plusieurs manifestations de jeunes dans tout le pays, appelant à une réforme en profondeur du système de santé et d'éducation, à plus de transparence et à la lutte contre la corruption. Dans un communiqué, le collectif « Génération Z 212 » a salué le geste du gouvernement, tout en appelant à « une vigilance citoyenne sur l'exécution des promesses ». Les jeunes militants ont estimé que cette hausse budgétaire « représente un premier signe positif de dialogue entre l'Etat et la rue », tout en soulignant la nécessité d'un suivi rigoureux pour éviter toute dérive clientéliste ou bureaucratique. Les chiffres du budget social Pour la santé, le budget atteindra 42,2 milliards de dirhams (4,6 milliards de dollars), soit 10 milliards de plus qu'en 2025. Cette enveloppe financera l'ouverture de nouveaux centres hospitaliers universitaires à Agadir et Laâyoune, l'accélération du chantier du nouveau CHU de Rabat et la création d'infrastructures hospitalières à Béni Mellal, Guelmim et Errachidia. Le plan gouvernemental prévoit également la rénovation de 90 hôpitaux et la réhabilitation de 1 600 centres de santé sur trois ans, dans l'objectif de combler le déficit structurel du système public. Côté éducation, la dotation grimpe à 97,1 milliards de dirhams (10,5 milliards de dollars), avec 19 344 postes supplémentaires prévus pour 2026. L'exécutif compte ainsi renforcer la présence des enseignants dans les zones rurales et réduire la surcharge des classes. Entre ambition sociale et contrainte budgétaire Pour l'économiste Mohamed Jedri, cette loi de finances marque un tournant politique : « Le gouvernement Akhannouch cherche à laisser son empreinte sociale avant la fin de son mandat en 2026. » Il estime que la situation macroéconomique du Maroc reste « globalement saine », avec une croissance de 4,8 %, une inflation maîtrisée à 1 % et un déficit budgétaire ramené à 3 %. Mais pour l'expert Tahami Abdelkhaleq, si l'effort budgétaire est « remarquable et inédit », il demeure insuffisant face à des décennies de sous-financement. Il met en garde contre un risque de déséquilibre financier, rappelant que le déficit du budget 2024 s'élève à 3,8 % du PIB et que la dette publique atteint 67,7 %. Une stratégie en trois axes Le budget 2026 s'articule autour de trois priorités : 1- Renforcer la justice sociale via l'amélioration des services publics et la création d'emplois. 2- Réduire les inégalités territoriales, grâce à un programme de 20 milliards de dirhams (2,2 milliards de dollars) dédié aux zones rurales et marginalisées. 3- Soutenir la croissance par la stimulation de l'investissement privé et étranger, en vue de doubler le PIB à 260 milliards de dollars d'ici 2035. Le financement de ces mesures reposera sur l'augmentation des recettes fiscales, les privatisations d'actifs publics, et, en dernier recours, le recours limité à l'endettement, dans un contexte mondial de taux d'intérêt élevés. Un test politique pour le gouvernement Akhannouch Avec cette loi de finances, Rabat espère calmer les tensions sociales et restaurer la confiance d'une jeunesse désabusée, fer de lance d'un mouvement citoyen numérique inédit. Mais au-delà des chiffres, c'est la mise en œuvre réelle des réformes qui déterminera si ce virage budgétaire parviendra à apaiser la rue ou s'il ne restera qu'un geste symbolique à l'approche de la fin du mandat gouvernemental. Le Maroc joue ici une carte décisive : celle de la crédibilité de son modèle social face à une génération qui ne croit plus aux promesses. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!