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Par Hédi Sraieb : Ce que révèle la démographie économique: leçons et enjeux !
Publié dans Tunisie Numérique le 02 - 01 - 2026


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La démographie des entreprises tunisiennes sur la période 2014–2023 permet d'éclairer la structure, les fragilités et les trajectoires de transformation du tissu productif, mais elle doit être interprétée avec prudence car les données disponibles ne portent que sur les entreprises formelles enregistrées. Une part importante de l'activité économique nationale évolue en effet en dehors du cadre statistique : l'informalité représenterait entre 25 et 30 % du PIB, et une proportion encore plus élevée du nombre total d'unités en activité.
Cette économie informelle n'est pas réductible aux seules activités illicites ou de contrebande ; elle comprend une multitude de micro-entrepreneurs qui choisissent l'informalité pour maximiser un revenu immédiat en échappant à l'impôt, à la réglementation sociale et aux coûts administratifs. Ce comportement opportuniste, souvent fondé sur la discontinuité, -ouvrir une activité (y compris produits raffinés et de haut de gamme), l'exploiter quelques mois, la fermer puis en ouvrir une autre-, influence indirectement la démographie du secteur formel. En faussant la concurrence, en réduisant la base de marché des petites entreprises soumises aux obligations légales et en fragmentant la demande, l'informel contribue à la mortalité élevée des TPE formelles et à la stagnation structurelle des PME qui peinent à atteindre une taille critique. Ces limites doivent être explicitement signalées car elles encadrent l'interprétation des chiffres présentés.
Sur la décennie, le nombre total d'entreprises privées actives formelles est passé d'environ 680 000 en 2014 à 825 000 en 2022. Cette progression brute, d'apparence significative, masque un phénomène de rotation intense : selon les années, 90 000 à 110 000 unités disparaissent, tandis qu'un volume à peu près équivalent entre en activité, ce qui signifie que l'augmentation du stock ne reflète pas un renforcement structurel mais plutôt un simple mouvement quantitatif et non qualitatif permanent d'entrées-sorties. La structure par taille met en évidence la forte domination des très petites entreprises TPE, qui représentent 95 à 96 % du tissu total.
Leur fragilité est documentée : environ 35 % cessent leur activité dans les deux premières années, près de 55 % avant cinq ans, et seules 25 à 30 % demeurent actives après huit ans. Ces dynamiques de survie s'expliquent par la faiblesse du capital initial, la très faible capacité d'investissement et l'absence fréquente de dispositifs de gestion ou de formalisation interne. Les PME de taille intermédiaire (10–100 salariés), bien que plus stables avec des taux de survie à cinq ans compris entre 50 et 60 %, restent particulièrement vulnérables aux chocs de conjoncture: les crises récentes ont entraîné un nombre significatif de défaillances dans ces unités, confirmant leur exposition élevée aux aléas économiques : On peut noter une moyenne de 78.000 faillites sur la période 2019-2021, 200.000 durant la crise Covid-19, et 120.000 lors de la crise énergétique et inflationniste de 2023 (source ANPME)
À contrario, ces mêmes PME constituent le moteur le plus puissant de création d'emplois dans le secteur formel, bien plus que les grandes entreprises : malgré leur fragilité et leur mortalité élevée, elles recrutent régulièrement et représentent une source cruciale de renouvellement de la main-d'œuvre, ce qui souligne l'importance stratégique de leur soutien et de leur accompagnement.
De fait, à peine 8 à 10 % des PME de taille intermédiaire parviennent à dépasser le seuil des cent salariés sur une période de dix ans. Cette stagnation reflète des contraintes structurelles : difficulté d'accès au crédit d'investissement, coûts énergétiques croissants, insuffisante intégration dans les chaînes de valeur et faible participation aux marchés extérieurs. La consolidation des PME reste ainsi limitée, ce qui réduit leur contribution potentielle à la productivité globale, mais ne diminue en rien leur rôle central dans la création d'emploi.
À l'opposé, les entreprises de plus de cent salariés présentent une remarquable stabilité : leur nombre, autour de 1 800 à 1 900 unités, n'a pratiquement pas varié durant la décennie. Leur poids économique est disproportionné : elles emploient environ 40 % de la main-d'œuvre formelle, génèrent une part majoritaire de la valeur ajoutée industrielle et représentent l'essentiel des exportations manufacturières.
Cet ensemble est dominé par des groupes familiaux puissants qui structurent des chaînes verticales d'activités (agroalimentaire, plasturgie, textile, distribution, matériaux de construction) et influencent fortement les mécanismes de formation des prix, les conditions d'entrée sur les marchés, les pratiques contractuelles et la capacité des innovations débouchant sur une faible création nette d'emplois. La stabilité du nombre de grandes entreprises ne traduit pas une absence de dynamisme individuel, mais plutôt une barrière élevée à l'entrée, une concentration du capital et un environnement institutionnel peu propice à l'émergence de nouveaux acteurs de grande taille. La croissance organique y est possible, mais la transition d'une PME vers le statut de grande entreprise demeure exceptionnelle.
Les chocs exogènes récents ont renforcé et accentué ces tendances structurelles. La pandémie de Covid-19 a provoqué une augmentation notable des fermetures différées entre 2021 et 2022, particulièrement dans les secteurs du commerce, des services et du transport, où les TPE formelles ont été les premières victimes. Le choc énergétique de 2023, comme mentionné plus haut, a davantage affecté les entreprises industrielles de taille moyenne, fragilisées par la hausse des coûts des intrants importés. Les grandes entreprises ont mieux résisté grâce à leur capitalisation et à leur diversification, mais leur nombre n'a pas augmenté pas plus que leur création d'emploi, confirmant la rigidité de la structure productive.
Cette analyse montre que la dynamique entrepreneuriale tunisienne repose sur un modèle d'entrée-sortie rapide dominé par les TPE, tandis que la capacité de transformation structurelle repose sur un noyau stable mais trop restreint de grandes entreprises liées à des groupes familiaux historiques. La faiblesse du secteur intermédiaire, conjuguée à la pression de l'informel, empêche la montée en gamme du tissu productif et rend l'économie vulnérable aux chocs. Cependant, le potentiel d'emploi offert par les PME, malgré leur fragilité, constitue un levier essentiel pour la croissance et la résilience économique.
Dans cette perspective, plusieurs orientations stratégiques s'imposent. Un retour à une forme de planification non plus simplement indicative mais incitative, orientée vers la sélection de secteurs prioritaires. Une planification directrice et structurante pourrait améliorer la cohérence des politiques publiques et réduire la dispersion des initiatives entrepreneuriales.
Un meilleur « fléchage » du crédit, reposant sur des incitations institutionnelles pour orienter les banques vers le financement productif, renforcerait les capacités d'investissement des PME et améliorerait leur survie, tout en amplifiant leur rôle dans la création d'emplois. Il serait également pertinent d'encourager une montée au capital des banques dans les entreprises jugées stratégiques (à l'instar des banques des Länder : Landesbank), notamment dans les secteurs des énergies renouvelables, de l'agriculture biologique, de la pharmacopée et de la santé, afin de sécuriser leur trajectoire de croissance.
La consolidation du tissu productif passe ainsi par un renforcement du segment intermédiaire, une réduction de la pression concurrentielle de l'informel, et une stratégie industrielle orientée vers la création de nouveaux acteurs capables de rejoindre, à terme, le noyau des grandes entreprises
Hédi Sraieb, Docteur d'Etat en économie du développement

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