Les Etats-Unis demandent officiellement au gouvernement tunisien de traduire en justice les auteurs de l'attaque violente perpétrée mi-septembre contre l'ambassade américaine à Tunis. «J'appelle le gouvernement tunisien à mener son enquête et à traduire en justice les auteurs et les commanditaires de cet attentat», écrit l'ambassadeur américain, Jacob Walles, dans une lettre à paraître aujourd'hui dans la presse tunisienne, un mois jour pour jour après l'attaque de l'ambassade. «Le gouvernement tunisien a l'obligation d'assurer la sécurité de ses citoyens et de ses invités», ajoute J. Walles. Le diplomate demande aussi au peuple tunisien «de dénoncer la violence (…) et de jouer un rôle actif dans la construction de l'avenir», notant que «la coopération durable et l'investissement en Tunisie nécessitent un environnement sûr». Estimant les dommages à «des millions de dollars», il affirme que «des extrémistes violents ont brûlé plus de 100 véhicules, détruit, pillé et brûlé des livres, des instruments de musique et des ordinateurs», en référence à l'attaque qui a également visé l'école américaine voisine. «Ce que les assaillants n'ont pas pu endommager, c'est le lien fort entre les peuples américain et tunisien, ainsi que l'engagement des Etats-Unis à soutenir la transition d'une dictature injuste vers une démocratie libre et tolérante qui assure la sécurité, le développement économique et la liberté». Quatre personnes ont été tuées, dont trois par balle, et 49 autres ont été blessées le 14 septembre lors d'affrontements aux abords de l'ambassade entre la police et des manifestants. Les assaillants, issus pour la plupart de la mouvance salafiste djihadiste, ont envahi l'ambassade lorsqu'une manifestation contre un film anti-islam produit aux Etats-Unis a dégénéré en violences, provoquant un tollé en Tunisie, où le ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh, avait admis une bavure. Les autorités ont procédé à des interpellations, et selon des avocats, 87 Tunisiens font l'objet de poursuites en justice, certains encourant la peine capitale pour «appartenance à des groupes ayant pour but l'appropriation ou la dégradation de biens immobiliers». Deux enseignements majeurs émergent des déclarations attendues de l'ambassadeur américain : Il s'adresse, en plus du gouvernement en place, au peuple tunisien. Il répète donc ce qu'il a déjà fait sur le terrain, à savoir solliciter l'aide des partis de l'opposition en plus, et avant, celle du gouvernement. Ceci peut être interprété comme signe de l'intérêt que portent désormais les Etats-Unis à l'opposition et à la population qu'elle représente. L'assurance que donnent les Etats-Unis sur la nécessaire continuation du support américain à la transition, à condition qu'elle se dirige vars une démocratie libre et, surtout, « tolérante ». L'ambassadeur insiste dans ce registre sur le fait que «la coopération durable et l'investissement en Tunisie nécessitent un environnement sûr».