Le président du syndicat national des journalistes tunisiens, Néji Bghouri disait que La situation de notre presse, écrite ou audiovisuelle n'a pas vraiment changé. La presse a simplement changé de cible. Hier, son rôle était la propagande de la dictature et l'insulte des opposants, aujourd'hui elle fait l'éloge de la révolution et insulte et intimide la famille de Ben Ali. Ils doivent certes être jugés, mais l'incitation à la haine qu'on lit dans les journaux ou qu'on regarde à la télé et qui accompagne leur chute ne sied pas à une presse indépendante et intègre. On est encore loin de la presse libre et plurielle. Il ne faut pas non plus que les mêmes médias qui ont travaillé pendant 50 ans au service de la dictature soient les mêmes d'aujourd'hui, or on parle d'une nouvelle presse. Nous avons également découvert de nouvelles défaillances dans le corps : le manque de formation. Et il en faut d'urgence... Il n'existe pas de respect de la déontologie, et on retrouve toujours un mélange des genres. Dans un débat par exemple, le journaliste prend partie et n'est point objectif. Sauf qu'un journaliste qui travaille déjà dans des mauvaises conditions ne peut pas vraiment être motivé pour des formations. Jusqu'à nos jours, les patrons ont les mêmes manies et pensent avant tout à gagner de l'argent. Ils gèrent des médias avec des équipes professionnelles très réduites et la situation des médias est vraiment lamentable. La bataille n'est pas encore gagnée et il nous faut encore beaucoup pour retrouver une presse indépendante et intègre. La censure existe toujours, le gouvernement continue à se mêler. On coupe court aux critiques qui visent le gouvernement transitoire et les patrons ont du mal à quitter leurs « ciseaux »... Il faut des thérapies et des psychiatres à la presse tunisienne.