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Les journalistes, toujours au banc des accusés
Médias
Publié dans Le Temps le 25 - 03 - 2011

Du temps de Ben Ali, un journaliste n'était jamais vraiment pris au sérieux, c'est un fait, même si par tact ou complaisance on essayait parfois de lui témoigner une certaine admiration pour son esprit alerte et critique ou pour une culture générale dont jouit un journaliste.
Durant cette époque un journaliste était souvent synonyme de porte-parole. Où on l'appelait pour lui dicter des informations pour qu'il les transmette ou alors, il devait galérer entre plusieurs responsables pour avoir accès à l'information.
Ceux ou celles qui voulaient garder leurs distances, payaient souvent cela sur le compte de leur propre santé et leur stabilité. Souvent bâillonnés par la censure à laquelle ils ne pouvaient point s'adapter, ils ont eu également à subir certaines répressions allant parfois jusqu'à l'agression physique.
Que de fois un journaliste a quitté le journal croyant lire le lendemain son article et qui fut ensuite surpris d'apprendre qu'il a été retiré après avoir été monté. Et pour cause : des ordres venus «d'en haut ». Et que de journalistes se sont vu foutre dehors suite à un mot qui aura déplu à l'ancien président, à un ministre, à une personne influente… Bref, toujours contrôlés, censurés, menacés, nombreux sont les journalistes qui ont sombré dans une dépression, qui ont fini par divorcer ou alors qui ont développé une dépendance quelconque.
La vérité est que être journaliste du temps de Ben Ali constituait une double humiliation. D'un côté l'officiel ligotant le journaliste et d'un autre le populaire le poursuivait de préjugés dégradants et dévalorisants. Le quotidien d'un journaliste n'a point été facile du temps de Ben Ali…
Enfin Ben Ali est délogé et les journalistes reprennent leur liberté. Motivés, ils ont cru revivre. Les voilà entamant une nouvelle ère où ils pourront être un quatrième pouvoir.
Le procès d'intention
Au lendemain de la révolution, tout le corps de journalistes dut faire face à des procès d'intention. Une vraie chasse aux sorcières est engagée. Le peuple et c'est son droit s'est proclamé juge de ceux qui ont, selon lui verrouillé sa voix par le passé. Bien évidemment, les journalistes, qui selon eux ne faisaient pas assez bien leur travail, furent le point de mire. Seulement, on est vite passé de ceux qui se sont fait eux mêmes la voix du tyran et qui défendaient ses intérêts et ses positions en leur plein su et conscience aux journalistes dont le quotidien a été une bataille perpétuelle pour pouvoir rapporter une information utile au peuple. Ce peuple qui a vite oublié ce que c'était à l'époque de Ben Ali un verrouillage médiatique et ce que ce régime faisait subir à celui ou celle qui osait élever la voix. Des critiques, on passe à l'insulte et à l'interdiction d'exercer. « Vous n'avez pas parlé par le passé, maintenant nous ne voulons pas de vous ».
Du temps de Ben Ali, le journaliste devait cavaler pour obtenir une information de la part d'un responsable, aujourd'hui il galère pour convaincre une personne du peuple de témoigner ou de lui accorder quelques mots, ou alors ce qui est pire, se fait renvoyer « une fois pris sur les lieux d'un reportage ».
D'un autre côté certains journalistes s'interdisent le fait d'être indépendants et objectifs. Les mêmes ou presque qui ne tarissaient pas d'éloge sur Ben Ali par le passé, vantent aujourd'hui la révolution et se rangent toujours du côté du « gagnant » qu'il soit gouvernement ou peuple. Ces gens là sont en quelque sorte la raison justifiant ce dont souffre tout le corps que ce soit de censure ou alors d'insultes et manque d'égard. Seront-ils par hasard les instigateurs aujourd'hui pour que la situation ne s'arrange point ? Que la confiance ne soit point retrouvée entre les citoyens et les journalistes ?
Finalement, qu'est-ce qui a alors changé dans le vécu d'un journaliste si ce n'est seulement le nom de son persécuteur ? Que devra faire un journaliste alors pour se « racheter » et faire table rase sur les torts causés à la société et qui n'est rien d'autre qu'une souffrance qu'il subissait ?
Hajer AJROUDI

Témoignages
Mouna Hamza
La liberté d'expression dont on parle actuellement n'est que de la poudre aux yeux. Les gens sont toujours embrigadés dans une mentalité des temps de Ben Ali. J'ai essayé plusieurs fois de faire des enquêtes sur des sujets tabous par le passé et je me suis trouvée avec les mêmes réponses et face aux mêmes portes fermées.
Je voulais par exemple mener une enquête sur le procès d'Imed Trabelsi. J'ai alors appelé deux de ses avocats et ils m'ont raccroché au nez en prétextant que l'enquête était secrète. En réalité, ça n'a jamais été le cas. Ils ne voulaient simplement pas dévoiler leurs noms de peur peut-être de la réaction des gens. Rien n'a changé. A mon sens il faut qu'il y ait une révolution culturelle. Nous avons vécu une euphorie après la révolution du 14 janvier, elle était extraordinaire, mais elle doit être suivie d'un changement de mentalités.
J'ai choisi le silence par le passé puisque je suis une battante et humaniste qui ne permet en aucun cas de supporter l'injustice et de taire. J'ai préféré choisir des créneaux qui ne révèlent pas vraiment des problèmes et j'ai travaillé sur des questions qui ne « fâchaient pas » pour ne pas subir la frustration de la censure. J'ai alors travaillé dans le culturel ou alors si j'abordais le national c'est surtout la santé que j'abordais car elle ne posait en général pas de problème.
Par rapport aux tunisiens après la révolution, je crois que bon nombre nous accusent et nous traitent de lâches et de vendus car on n'a pas mené des enquêtes sur les Trabelsi. On vit toujours dans la frustration, il y a toujours des sujets qu'on ne peut pas traiter, et les cas de censure imposée par certaines personnes qui ne veulent pas se dévoiler nous pèsent.
Yosr
Avant la révolution, c'était comme si nous étions à la solde du Gouvernement, et puis nous voilà au service des particuliers. Celui auquel ne plaît pas un sujet publié ou la façon de le traiter dresse prestement un procès d'intention frôlant le procès verbal, ou alors il n'hésite pas à porter plainte, ou alors il a le culot de nous maltraiter au téléphone. Avant la révolution, la marge de liberté n'était pas grande, je ne voulais pas écrire car je ne trouvais rien à écrire, tout était ligne rouge et il y avait un « non partout » que cela soit en économie, dans le social, ou dans la politique, On s'est habitué à l'autocensure. Maintenant nous avons certes plus de marge de liberté.
Seulement, la source d'informations fait toujours défaut. L'accès à l'information n'est pas toujours facile et continue à être un calvaire et les attachés de presse donnent seulement l'info qu'ils veulent donner, sinon c'est le verrouillage.
On me fait un procès comme si j'étais responsable de l'état des choses du temps de Ben Ali, alors que nous sommes tous responsables, nous faisions parti d'un système qui était entièrement défaillant, sauf les militants et ils étaient rares.
Après la révolution, on a dû mal à exploiter la liberté de presse car elle est mise à mal. Aujourd'hui, c'est surtout les propagandes qui se propagent d'où la guerre des médias à laquelle on assiste. Les médias ne sont pas pour la plupart d'entre eux objectifs dans leurs approches et commentaires assez stéréotypés et laconiques. Beaucoup sont allés de l'avidité de l'expression à un abus de pouvoir, du quatrième pouvoir…
H.A

Néji B'Ghouri, président du syndicat national des journalistes tunisiens
La censure existe toujours
La situation de notre presse, écrite ou audiovisuelle n'a pas vraiment changé. La presse a simplement changé de cible. Hier, son rôle était la propagande de la dictature et l'insulte des opposants, aujourd'hui elle fait l'éloge de la révolution et insulte et intimide la famille de Ben Ali. Ils doivent certes être jugés, mais l'incitation à la haine qu'on lit dans les journaux ou qu'on regarde à la télé et qui accompagne leur chute ne sied pas à une presse indépendante et intègre.
On est encore loin de la presse libre et plurielle. Il ne faut pas non plus que les mêmes médias qui ont travaillé pendant 50 ans au service de la dictature soient les mêmes d'aujourd'hui, or on parle d'une nouvelle presse.
Nous avons également découvert de nouvelles défaillances dans le corps : le manque de formation. Et il en faut d'urgence… Il n'existe pas de respect de la déontologie, et on retrouve toujours un mélange des genres. Dans un débat par exemple, le journaliste prend partie et n'est point objectif. Sauf qu'un journaliste qui travaille déjà dans des mauvaises conditions ne peut pas vraiment être motivé pour des formations.
Jusqu'à nos jours, les patrons ont les mêmes manies et pensent avant tout à gagner de l'argent. Ils gèrent des médias avec des équipes professionnelles très réduites et la situation des médias est vraiment lamentable. La bataille n'est pas encore gagnée et il nous faut encore beaucoup pour retrouver une presse indépendante et intègre. La censure existe toujours, le gouvernement continue à se mêler. On coupe court aux critiques qui visent le gouvernement transitoire et les patrons ont du mal à quitter leurs « ciseaux »… Il faut des thérapies et des psychiatres à la presse tunisienne….


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