Hamadi Jebali, le chef du gouvernement provisoire, vient de livrer, dans une interview à la chaine satellitaire Al Arabiya, ses projets, ses sentiments et ses appréhensions en rapport avec la crise que traverse actuellement, le pays. Il a précisé dans ce sens, que cette crise guette tout le pays, et pas seulement, le gouvernement. En d'autres termes, ceux qui auraient tendance à se réjouir de cette passe difficile, se leurrent quant à ses conséquences. Cette crise couvait d'après Hamadi Jebali, bien avant le malheureux assassinat de Chokri Belaïd, lequel acte a contribué à l'aggraver encore plus, et a fait rentrer le pays dans un « virage dangereux ». Il précise que la responsabilité de cette situation est partagée par toutes les parties sans exception aucune, et non imputable, seulement, à la Troïka au pouvoir. La grande « erreur » de cette dernière a été de ne pas avoir atteint un consensus par rapport au remaniement ministériel. Et dans ce registre, il consent que ce soit Ennahdha qui assume la plus grande part de responsabilité, vu qu'elle constitue le parti majoritaire de cette Troïka. Pour le chef du gouvernement, le problème urgent actuel du pays, n'est plus aux querelles partisanes, mais bien dans la constitution, dans les plus brefs délais, d'un gouvernement de sauvetage. C'est pour cela qu'il a opté pour un gouvernement restreint, composé de technocrates sans aucune appartenance politique. Il a précisé qu'il avait fixé quatre conditions pour faire partie de ce gouvernement, et en tête de ces conditions, celle d'être compétent dans son domaine de spécialité et d'être apolitique. L'annonce de ce gouvernement sera certainement pour dans quelques jours, a-t-il précisé. Ce gouvernement focalisera sur la promotion de la sécurité et de l'emploi, et sur la maîtrise de la flambée des prix. Il annonce, que constitutionnellement, il n'est pas tenu de soumettre la nouvelle composition du gouvernement à l'ANC, sauf si ce cabinet ne bénéficie pas de l'approbation des différents partis, auquel cas, il passera par l'approbation de l'assemblée. Et s'il n'obtient toujours pas d'approbation, il se verra dans l'obligation de se retirer. « Je crois que je mérite bien un peu de repos » ! a-t-il ajouté. Cette décision de former un gouvernement apolitique n'a pas été prise contre les partis, mais plutôt pour l'intérêt général du pays. Quant à la démission des ministres du CpR, il déclare qu'il ne faudrait pas lui donner plus de sens que ce qu'elle mérite. Concernant sa relation avec son parti, Ennahdha, il assure qu'il n'y a pas de crise à proprement parler, il rappelle qu'Ennahdha est une formation politique rompue aux agissements démocratiques, et aux discussions fournies. Ce qu'il attend du conseil de la choura, présentement en cours de réunion, ce n'est pas une décision par rapport à un éventuel gouvernement de technocrates, autant qu'une décision pour l'intérêt suprême du pays. Non, il n'a aucunement l'intention de quitter ce parti, où il a tout appris, où il a grandi... « Mais si c'était le parti qui décidait de m'écarter, j'en serais certes très triste... Mais je continuerais à servir mon pays ».