Quelle sortie de crise pour Ennahdha ? Car, plus que le pays, c'est bien Ennahdha qui est en train de vivre sa crise. Rarement, un parti ou une formation politique a donné autant de signes de fébrilité et d'hésitations. Le chef du gouvernement qui est en même temps, le secrétaire général du parti, semble engagé à remplir son mandat, comme le lui dicte son devoir. Surtout, après le choc qu'il a subi comme tous les tunisiens, le jour de l'assassinat du leader de l'opposition Chokri Bélaïd. Car il faut se rappeler, que c'est ce jour là précisément, que Hamadi Jebali, a sursauté en affirmant, qu'il passait à la vitesse supérieure, en proposant un gouvernement réduit, de « technocrates aplotiliques » qui se chargera de conduire les affaires du pays jusqu'aux prochaines échéances électorales. Cette décision a soulevé le tollé général au sein de la Troïka, trop bien installée au pouvoir et qui refusait d'en céder le moindre iota. Pourtant la même proposition a rencontré beaucoup de satisfecit de la part des autres partis de l'opposition et même de l'intérieur de la Troïka. Brusquement, Hamadi Jebali est attaqué sur tous les fronts par son propre parti. Il a été pendant ces derniers jours la cible désignée d'Ennahdha, qui s'est faite aider pour la circonstance par ses pages des réseaux sociaux. C'était peine perdue, puisque, de toute évidence, le chef du gouvernement semblait bien décidé à avancer en besogne, et a commencé ses tractations avec différentes personnalités : juridiques, politiques et sécuritaires. Le parti est alors passé au plan « B », celui de rendre, constitutionnellement, nulle sa démarche, en vertu d'un article de la mini constitution qui gère les rouages de l'Etat. Là aussi, Jebali a trouvé la parade, aidé en cela par les maîtres de droit constitutionnel, qui lui ont soufflé de parler de remaniement au lieu de dissolution du gouvernement, chose qui lui était permise en vertu d'un autre article de la même mini constitution. Il a bien promis qu'il passera par l'aval de l'Assemblée constituante, pour la bénédiction du nouveau gouvernement. Il sera dans l'obligation de se soumettre à la volonté des élus, et s'est même dit prêt à présenter sa démission si son projet ne passe pas. Les mécontents de la troïka ont donc la possiblité de contrecarrer son projet. Résumons, il y a d'un côté, un chef de gouvernement qui semble trop sur de lui, au point de renier les siens et d'être prêt à passer l'épreuve du vote de censure à l'assemblée, et d'un autre côté, trois partis qui donnent des signes trop évidents d'inquiétude et de fébrilité, alors qu'ils totalisent, normalement, une majorité parlementaire confortable pour remettre les pendules à l'heure. A moins qu'ils n'ont plus cette majorité confortable (vu que Ettakatol semble soutenir Jebali ). Ce qui expliquerait l'assurance du chef du gouvernement et les appréhensions des partis de la troïka. Donc, pour revenir à la question du départ, quelle sortie de crise, pour une telle situation ? Tous ces éléments convergent vers le scénario du vote à l'ANC. Mais personne ne soupçonne un autre scénario : Une vacance soudaine, à la tête du gouvernement ! Ce qui permettrait à Ennahdha de désigner un autre chef de gouvernement (probablement Abdellatif Mekki) et poursuivre sur sa même lancée. Il ne resterait que l'éventualité d'un décès subit ( que Dieu l'en préserve M. Jebali ) ou d'une incapacité physique, en remake du scénario de la destitution de Bourguiba. D'autant plus qu'on parlé à plusieurs reprises de ses visites à l'hôpital !