Son eau au vitriol n'a pas encore coulé sous les ponts de la controverse et voilà que Moncef Marzouki, sur sa fumeuse lancée, dégaine encore une fois et tire sur le tas. En effet, après avoir menacé, comme par hasard de Doha, de dresser, sur les places publiques, les potences à l'encontre de l'opposition désobéissante, notre Tartour National transforme l'essai, sans éprouver le moindre scrupule à mettre en garde quiconque osant nourrir des velléités d'égratigner la monarque qatari et à lever le couperet de la justice pour en décapiter les coupables présumés. Il est quand même décapant que l'héritier d'Ibn Khaldoun franchisse le mur de son de l'irresponsabilité pour mettre un colosse comme le peuple tunisien sous la semelle d'un fantasque lilliputien. Serait-il le porte-parole de Hamed, son homme de main ou de paille? A-t-il oublié que son mentor a écroué en prison, à perpétuité (période d'incarcération réduite à 15 ans par la suite) pour avoir commis un poème élogieux à l'égard de la révolution tunisienne? Voulait-il occulter que son maitre Hamed a participé activement à la destruction de l'Irak et complote en ce moment contre la Syrie? Comment le premier magistrat de la Tunisie, qui plus est militant des droits de l'homme, défend -t-il un sombre roitelet, adversaire farouche de toute liberté humaine, ennemi juré de son peuple et son pays où il n'y a ni constitution, ni pouvoir civil ni partis politique ni société civile ni autonomie de presse. Moncef Marzouki, toujours à contre-pied et à contre courant, inverse le schéma: Au lieu d'être en première ligne de la bataille contre le pouvoir absolu d'un potentat despote, il incite les tunisiens à jeter les armes et à lâcher les chevaux de bataille sans quoi la justice s'en chargera. A moins que Moncef Marzouki ait l'œil rivé sur son bifteck et n'ait déclenché les hostilités rien que pour sauver son salaire à Al Jazira. Là on comprend mieux certes mais on est horripilé à l'idée d'avoir un président valet et laquais d'un dodu dictateur qui s'évertue à vassaliser les tunisiens. S'il veut cirer les crasseuses pompes de Hamed, qu'il s'en épanche goulument mais sans engager en aucun cas la Tunisie dans cet exercice d'inféodation et cette pratique de courbette. Que notre président soit au courant au non, durant toute son histoire, la Tunisie n'a jamais courbé l'échine, elle a toujours plié sans rompre, intégrant les richesses de toutes les civilisations méditerranéennes. Demander le peuple de se taire et passer sous silence les exactions, les abus et les projets d'ingérence de ce prince parricide est un grossier non sens dans la Tunisie de la révolution. Moncef Marzouki n'est-il pas le même homme qui, en pleine campagne électorale, a donné de la voix pour fustiger le tyran monarque de Bahreïn pour, une fois les fesses bien calées dans les salons moelleux de Carthage, en décorer l'ambassadeur? Schizophrène ou épicier politique? Peut-être les deux à la fois si l'on juge que Moncef Marzouki a tout transformé en fonds de commerce, les droits de l'homme, la politique, l'alliance, le parti, le discours, la posture….. En outre, c'est vraisemblablement une mouche princière qui a piqué le Tartour National pour l'amener à ameuter tout le monde pour un chèque dont le montant est insignifiant comparativement aux montants faramineux pillés et détournés. Il a poussé le ridicule jusqu'à immortaliser ce moment dans des photos comme un vulgaire gagnant à la loterie ou au promosport. Il y a celui que l'Etat élève et il y a celui qui rabaisse l'Etat, pour Moncef Marzouki, ni l'un ni l'autre, c'est pire, l'Etat n'existe pas, il avilit sa fonction et tord le cou de son mandat. Au vu de ses fréquentes sorties de piste en matière médiatique, d'aucuns se demandent si Moncef Marzouki dispose ou non d'un conseiller en communication. Bien au contraire, les coulisses du palais présidentiel grouille de conseillers, chargés de mission et autres attachés. Juste un hic, cette armada brille malheureusement par sa taille et non par sa plus-value. A ce sujet, il est de bon ton, même par charité, de compatir avec le président de la république, il est plus à plaindre qu'à condamner. Moncef Marzouki compterait plus de conseillers que d'électeurs!