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Tunisie : L'échec de la Troika en 12 points
Publié dans Tunisie Numérique le 01 - 03 - 2013

1- La Troïka a montré son incapacité à amortir le moindre choc, à faire preuve d'une cohésion interne à toute épreuve ou à fédérer ses forces vives de manière à montrer la voie au peuple et le prendre par la main sur ce chemin sinueux et rocheux de la transition démocratique. Un Exécutif à deux têtes où les deux chefs se marchent sur les pieds et sur les prérogatives. Alliance composite, contre nature, la Troïka a été bouffée par la logique partisane et la répartition politique des fonctions de l'Etat sur des critères d'allégeance et non de compétence. Le goût du butin a été plus fort que le goût de l'effort. Un esprit rapace, jamais repu qui a détruit l'Etat et gangrené l'administration publique dont les articulations ont été envahies par les hommes de mains, les taupes, les apparatchiks et autres caciques de la Troïka, en particulier Ennahdha. Ce dernier est un parti prédateur qui a réduit en miettes ses alliés, mis en otage la révolution, détourné ses objectifs, agi en représentant exclusif de l'Islam et œuvré à en imposer sa lecture au peuple, soumis l'ANC à son diktat et pourri l'appareil de l'Etat et la vie publique. Jamais la Troïka n'a fonctionné comme une alliance tricéphale mais comme un corps, hétéroclite et bâtard, composé d'une tête et deux épaules, d'un roi et de ses deux danseuses. Les conflits d'intérêt et les courses au leadership ont lézardé tout l'édifice et mis en otage le processus de transition démocratique.
2- La Troïka a fait montre de ses limites à la dernière marche du pouvoir et essuyé un échec sanglant à tout point de vue. Dépourvue d'un véritable programme socioéconomique commun et d'une stratégie de gouvernance, elle a navigué à vue, multipliant les faux pas, les sorties de route, les grands écarts et les sauts périlleux. Elle a étalé toute l'étendue de son incompétence dans la gestion des affaires publiques. En gouvernant, elle a fait dégringoler tous les indicateurs sociaux et toutes les courbes de croissance économique. Les problèmes endémiques, causes directes de la révolution, n'ont pas fait l'objet de l'attention requise ni placés au premier rang des priorités nationales. Le chômage, le déséquilibre régional, le développement à multiple vitesse, le pouvoir d'achat en peau de chagrin, le coût de la vie en flèche, tout autant de domaines où le niveau a chuté de plus belle. La crise est une réalité quotidienne à divers niveaux. Il n'a jamais été demandé au gouvernement de régler ces problèmes en un tour de main, personne n'en a ni les moyens et ni les capacités, mais tout juste de nous montrer le bout du tunnel et nous convaincre vraiment qu'il dispose d'un grand projet pour le pays et que la route de sa mise en œuvre est bien tracé et bien balisé. La situation aurait été tout autre si la coalition gouvernementale avait donné des signes significatifs à ce sujet.
3- Durant son passage au pouvoir, la Troïka a miné le champ de la justice et de la sécurité et a détruit leurs piliers fondateurs, à savoir l'indépendance, la neutralité, l'impartialité et le fondement républicain. Un appareil de justice domestiqué, en service commandé, à la tête du client, où le corps des magistrats croule sous le poids des menaces, des empiétements et des manipulations. La justice est le parent pauvre de la nouvelle Tunisie. Un système de sécurité à la carte, désarticulé et inféodé aux enjeux politiques et aux intérêts partisans. Même la dictature déchue n'a pas fait pire. La justice et la sécurité sont aujourd'hui des champs de ruine. L'instabilité sociale, l'iniquité, l'arbitraire, le désordre et l'insécurité sont les principales facettes de notre quotidien. Les scandales, les affaires louches et les abus sont légions mais le discours de la coalition gouvernementale reste le même, faux, lénifiant et opaque, braillant, à tue-tête, et à longueur de journée, leur attachement indéfectible et irréversible aux valeurs de démocratie et de liberté et aux impératifs de développement partagé et de distribution équitable de la richesse. La prolifération des milices au référentiel politique, idéologique ou confessionnel, la sécurisation défaillante de nos frontières d'où présence d'armes et de groupes armés, le climat de violence que l'impunité et le bas calcul politique et partisan ont installé, la multiplication des actes d'agression, voilà les éléments composant le contexte sécuritaire actuel tunisien que la Troïka à légué aux tunisiens. Le chaos et le désordre ambiants, dans les secteurs de la justice et de la sécurité, risquent de tout hypothéquer.
4- Depuis son investiture, la coalition gouvernementale se démène pour museler et dompter le paysage médiatique et la société civile. Les exemples sont légions. En recourant aux pratiques d'intimidation, aux menaces et notamment à l'appareil de justice à la fois comme épouvantail et comme instrument de riposte, la coalition gouvernementale ne comprend pas qu'elle inocule le ver despotique dans le seul fruit comestible de la révolution, à savoir, la liberté d'expression. Contre les médias, les déclarations incendiaires alternent avec les pratiques corrosives, les accusations « ennemis de la révolution » rivalisent avec les louches actions en justice, les nominations partisanes et les coups bas contre-médiatiques prolifèrent. Le serpent de mer liberticide s'en nourrit et la dérive anti-démocratique n'est pas un soupçon mais un fait bien établi. La logique d'omerta et le silence radio en trame de fond. Entre le régime Ben Ali et la coalition gouvernementale, la différence n'est pas dans l'approche mais dans le ton, le système anti-média est rampant. Comme avant, les médias n'ont pas le droit de critiquer mais tout juste le devoir de manger dans la main du pouvoir en place, sinon ces derniers seraient épinglés comme ennemis du pays et pourfendeurs de son image. Saboteurs de tout poil de la révolution.
5- L'ANC, principal dépositaire de la légitimité, a été transformée en antichambre du gouvernement et en boite d'enregistrement et de validation de ses appétits et autres convoitises. Devenue appendice du gouvernement, l'ANC ne cesse de passer à coté de son mandat et ronger son audience, à force de nourrir les clivages et de céder des pans entier de sa prépotence et de son crédit naturelle. En soumettant l'ANC à ses caprices et ses lubies, en confisquant pratiquement ses attributions, la Troïka en fait un levier de pouvoir et non une colonne d'équilibre ou un organe de première autorité. Etant à la fois la présidence, le gouvernement et le noyau majoritaire à l'ANC, la Troïka n'a pas su ou pu ou voulu faire la part des choses, jouant l'amalgame et la confusion des rôles, d'où soumission de l'ANC au bon vouloir du l'Exécutif.
6- En politique étrangère, la coalition gouvernementale a surtout brillé par son incohérence et sa cécité, outre son alignement inconsidéré sur les positions qataries, voire même les injonctions de Doha. Devenue relais, laquais, instrument vassalisé dans la guerre des axes et des enjeux mondiaux, son attitude à l'égard de la crise syrienne en étant l'exemple le plus édifiant, la coalition gouvernementale, au prix de nombreuses casseroles ramassées en la matière, en une période si courte, et au mépris d'une tradition diplomatique tunisienne bien ancrée et jusqu'ici bien fructueuse, a dilapidé tout ce capital, par incompétence et surtout par manque de vision et de coordination. En effet, la politique étrangère tunisienne n'est pas le fruit d'une communauté de vue entre les deux pôles de l'Exécutif mais bien le résultat d'une guerre de tranchées entre les deux acteurs, qui, dans une fratricide course au leadership, rivalisent d'initiatives unilatérales et de décisions individuelles juste pour faucher le concurrent et être le premier en haut de l'affiche. Les faits ont prouvé qu'il n'y a pas une politique extérieure unique, commune et préalablement coordonnée, mais des politiques extérieures. Chaque département concerné (Chef d'Etat, Chef du gouvernement, Chef de la diplomatie) n'en fait qu'à sa tête, agit selon son propre agenda. Une politique fragmentée, désarmée et inopérante que l'Exécutif mène sans vision stratégique intégrée et claire ni visibilité au niveau international. Rien qu'une succession d'impairs et d'insuccès que la diplomatie tunisienne accuse.
7- Sous son mandat, la coalition gouvernementale (à l'Exécutif comme à l'ANC) a trainé le pas, usant de toutes les manœuvres dilatoires et de tous les prétextes de temporisation, dans la rédaction de la Constitution et dans la mise en place des trois instances indépendantes (Election, Justice, Média), outre la cour constitutionnelle. Elle n'a établi aucune feuille de route, qui soit consensuelle et prévisible, structurant le processus transitoire. L'agenda politique que tout le peuple appelle de ses vœux sinon revendique carrément ne semble pas, aux yeux de la troïka, constituer une priorité nationale. Les perspectives sont sciemment bouchées pour que la coalition gouvernementale se maintienne au pouvoir le plus temps possible. Voilà le clou de la question, rester au pouvoir contre vents et marées, quitte à utiliser les moyens les plus détournés et les plus louches.
8- La Troïka, dont certains membres ont pourtant subi les affres de l'emprisonnement et de l'exil, se précipite, sans scrupule ni sens de la responsabilité, pour édicter des lois d'exclusion et évincer ainsi ses adversaires de la scène politique, en prévision des prochaines échéances électorales, et ce au mépris du dispositif juridictionnel et de ses mécanismes, paradoxalement la seule instance habilitée à exclure. Il est donc dans l'ordre naturel des choses que, deux ans après, la justice transitionnelle n'est pas encore opérationnelle. L'urgence est ailleurs, parait-il ! La coalition gouvernementale serait en phase de reproduire le système d'exclusion, cher à Ben Ali. La logique de « tu es avec moi sinon tu es contre moi » a la peau dure et de beau reste.
9- Excepté son sempiternel catalogue de bonnes intentions et son assommant répertoire bréviaire de professions de foi, qu'a-t-elle fait la coalition gouvernementale contre la corruption et ses ramifications et ses réseaux ? Pourtant, ce fléau, dont la Tunisie a longtemps souffert, a été parmi les principales causes de la révolution. Phénomène. En revanche, selon les agences internationales compétentes d'évaluation, la situation est pire que sous le régime déchu. Dans leur classement, le constat est terrifiant et non moins paradoxal, la position de la Tunisie dégringole dans la hiérarchie des pays les moins corrompus ! On dirait que la coalition gouvernementale a recyclé et repris à son compte le système mafieux de naguère. Les dossiers de corruption, impliquant la pieuvre Ben Ali, semblent être traités non comme des affaires pénales mais comme des moyens de pression, de chantage, rien que pour des considérations politiques et partisanes.
10-Le mandat de la coalition gouvernementale a été notamment marqué par la remise en cause, voire la déprédation des acquis de la femme tunisienne, poussant la misogynie jusqu'à vouloir la couler dans un statut inférieur dans la constitution et l'arrimer à un rang non d'égale mais de complémentaire de l'homme. La coalition gouvernementale a fragilisé la femme et l'a vouée aux vindictes des esprits ténébreux et autres rapaces moyenâgeux. Dans la Tunisie post révolution, la femme est la composante sociale la plus vulnérable car la plus décriée et la plus ciblée. La femme tunisienne, qui a longtemps immunisé le pays, qui a longtemps bataillé pour ses droits, qui a porté le révolution à bout de bras, au même titre que les hommes sinon plus, en est paradoxalement aujourd'hui victime. Vouloir en faire une citoyenne de second ordre, pédoncule attitrée de l'homme, est insulte non seulement à la révolution mais à toute notre histoire. D'ailleurs, dans le projet de constitution, la non spécification explicite de certains droits socioéconomiques de la femme, tout comme les droits de l'homme universels d'ailleurs, traduit cette volonté de diluer sinon occulter ce crucial volet. Ces lacunes ne sont pas fortuites mais le produit d'une vision.
11-La coalition gouvernementale n'a pas trop bronché face à l'exploitation politique des lieux de culte, la guerre déclarée pour s'approprier les mosquées, la montée en puissance des mouvements extrémistes, en particulier salafiste djihadiste, laissant opposer les tunisiens entre musulmans et mécréants et installant un climat de tension, voire de violence. La société tunisienne, par nature ouverte, moderne et séculière, est traversée aujourd'hui, d'une manière tout aussi viciée qu'artificielle, d'une crise d'identité qu'alimentent les appétences politiques et électorales.
12-Malgré l'échec cinglant, la coalition gouvernementale, droit dans ses bottes, n'a jamais daigné faire son autocritique ni sa mea culpa, préférant la fuite en avant à un moment de vérité. La théorie de la conspiration comme unique argument d'attaque et moyen de défense. Le raccourci est vite trouvé : Tout le monde complote contre la coalition gouvernementale (opposition, média, centrale syndicale, société civile,....) et lui met le bâton dans les roues. Toutes les composantes ne sont que des adversaires, voire d'ennemis, et non des partenaires, investis, au même titre, d'un destin national et chargés, tout autant, de contribuer à construire le pays et son futur. Se prêtant des performances qu'elle n'a jamais accomplies, imputant ses difficultés au lourd héritage légué par le gouvernement précédant (celui de BCE), jonglant avec les chiffres et les indicateurs au gré de ses humeurs et de ses sources, la coalition gouvernementale n'a jamais consenti à assumer, jouant à fond la logique de fusible ou de bouc émissaire.


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