Morsi s'accroche au pouvoir au nom de la » légitimité « Mohamed Morsi, le plus que jamais contesté président de l'Egypte, a tenu en cette soirée, un discours à l'attention de son peuple. Ce discours était attendu avec beaucoup d'espoirs aussi bien de la part de ses opposants que de ses supporters assemblés sur des esplanades voisines au Caire. Il était aussi attendu par les forces armées qui lui avaient adressé plus tôt dans la journée un ultimatum assorti d'une feuille de route. Mais Morsi a trop parlé, comme à son habitude. Il a trop parlé, pour ne rien dire, ne rien apporter de nouveau. Il a déclaré dans son discours de cette nuit qu'il ne reconnaissait que la légitimité constitutionnelle et n'avait pas d'autre choix que de poursuivre la tache qui lui a été confiée démocratiquement. Il reconnait donc la légitimité, mais pas le peuple ! Il reconnait un acte, mais dénigre en même temps les acteurs. Il a insisté, et presque juré, comme pour se conjurer d'un mensonge, que les élections de l'an dernier avaient été libres et respectueuses de la volonté du peuple, soulignant qu'il était ainsi le premier dirigeant du pays démocratiquement élu. Il a de ce fait répondu par une fin de non recevoir à la missive des militaires, et a donc, appelé tout le monde à respecter cette légitimité, et il a balancé entre un discours menaçant et un autre plus calme et plus fédérateur. Ce qui était, à la limite, ironique, c'est qu'au moment de la diffusion du discours de Morsi, où il tentait désespérément de se donner de l'assurance, les chaines TV passaient, sur la bande passante d'informations, les déclarations d'Obama et de Kerry, qui lui demandaient avec insistance de « se plier » aux exigences du peuple égyptien. On a donc eu droit à un Morsi aux abois, à la limite de l'hystérie, qui tenait vraisemblablement un de ses derniers discours en tant que président, hué par la majorité de son peuple, lâché par sa police, son armée et apparemment même de ses alliés occidentaux. Sitôt son discours fini, la place Attahrir a flambé de mille feux. Des feux de haine, de colère et d'incompréhension. Les égyptiens amassés aux abords du palais présidentiel, ont été eux, beaucoup moins patients, puisqu'ils ont commencé à hurler des « dégage » dès les premières syllabes du discours, quand ils ont compris qu'il n'allait pas abdiquer. Et l'inévitable arriva, et les deux camps des pro et des anti Morsi se sont affrontés, les forces de l'ordre se sont interposées, et les victimes ont commencé à affluer vers les unités de soins.