Aujourd'hui, le grand coup vient de l'Egypte où des millions de manifestants, partout dans le pays, mais surtout au Caire, se sont mobilisés pour dire non à un pouvoir qui voulait conduire le pays à rebours de l'Histoire. C'est comme si le Caire voulait recouvrer son statut de « ville des Lumières arabes ». Du coup, la surdité du pouvoir, comme signe de cécité, a poussé l'armée à lancer un ultimatum de 48 heures, plus intransigeant et plus catégorique que le précédent qui donnait un délai d'une semaine pour que les parties politiques parviennent à un consensus donnant satisfaction aux revendications populaires. La position des forces armées égyptiennes rendront caduquesles lois, les textes et certaines organisations des pouvoirs, tous montés par le président Morsi à sa mesure et conformément à la volonté de ceux qui tirent les ficelles de la marionnette. De fait, à peine annoncée, la décision de l'armée fait chuter le pouvoir de Morsi comme un château de cartes. C'est donc la preuve qu'un peuple animé par la volonté de vivre ne saurait être commandé par une main de fer dans un cercle fermé ou une secte restreinte. Par ailleurs, l'Egypte donne aujourd'hui un sens de la légitimité, celle-ci ne pouvant se prévaloir que de la volonté toujours provisoire du peuple. Ainsi, quelles que soient les élections, elles ne constituent qu'un acte de confiance pour un temps clairement défini dans ses limites, mais toujours révisable par le peuple, en cas de manquement, de la seule manière et du seul moyen dont il dispose comme dernier recours : la rue, la manifestation pacifique. D'un autre côté, la décision de l'armée intègre tous les Egyptiens et toutes les tendances politique du pays, SANS AUCUNE EXCLUSION, pour redresser la barre et remettre la patrie sur la bonne voie du changement, quitte à considérer ce moment historique comme une seconde révolution, la vraie révolution qui cherche à sauver le pays par les moyens pacifiques et le sens de la cohésion nationale. Pendant ce temps-là, nos députés de la Constituante continuent de se quereller comme des enfants sur le terrain de leurs conflits et les paris de leurs disputes, inconscients que quelles que soient les forces arrogantes dont ils croient pouvoir disposer, la vraie force et le vrai pouvoir sont là, à proximité, dans la rue et dans chaque logis, endurant encore leurs manquements aux contrats établis mais sur le point d'une exaspération débordante qui viendrait corriger tous ceux qui se donnent effrontément le droit de parler au nom d'un peuple qui ne sereconnaît plus en eux. Ah ! Cécité du pouvoir fragile quand tu nous tiens ! L'Egypte aujourd'hui nous expose tes revers.