Il faut dire qu'il an avait des circonstances atténuantes, Sahbi Attig, pour avoir osé proférer ses menaces à l'encontre des citoyens tunisiens en pleine rue, en plein jour, et devant des dizaines de caméras. Il y avait certainement l'effet de la chaleur caniculaire qui s'est abattue en ce samedi sur la capitale, conjugué à l'effet du jeun, le tout mélangé à un immense sentiment de frustration. Frustration de n'avoir pu mobiliser que les quelques centaines de manifestants sur l'esplanade du théâtre municipal de Tunis. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé. Les dignitaires d'Ennahdha y ont mis le paquet. Même le guide suprême est intervenu personnellement pour ameuter les troupes. Les imams dans les mosquées ont été mis à contribution. Les réseaux sociaux ont carburé à 100% pour répercuter les appels à manifester pour défendre la légitimité de Morsi. Des bus ont même été réquisitionnés pour amener les volontaires... Rien n'y a fait ! Ils n'étaient que quelques centaines à répondre présent à ce rendez-vous pourtant si crucial aux yeux des dirigeants d'Ennahdha, pour démontrer sa force de mobilisation, et du même coup, revendiquer sa légitimité, de par le nombre de ses fidèles. Mais de là, à oser faire des déclarations passibles de poursuites pénales, il y a tout un monde. Car ce qu'a dit Sahbi Attig est bel et bien passible de poursuites judiciaires, et les geôles d'Ennahdha grouillent de jeunes gens qui n'ont pas proféré le dixième de ce qu'il a crié sur tous les toits. Sahbi Attig, s'est tout simplement, permis de menacer de légaliser et légitimiser l'effusion du sang de tous ceux qui oseraient remettre en question la légitimité de la présence de son parti, au gouvernail du pays. Il promet de piétiner quiconque pensera à espérer piétiner la légitimité d'Ennahdha. Tout cela, devant l'indifférence et l'inactivité absolues des autorités et du parquet, qui pourtant, avait réagi tel un éclair pour beaucoup moins que çà. Décidément, certains s'affolent et ne peuvent plus le cacher, de ce qui se passe en Egypte. Et, sous couvert de défendre la légitimité sur les rives du Nil, c'est surtout, pour une autre « légitimité » nichée du côté de Montplaisir qu'ils s'inquiètent, et ils ne s'en cachent même plus.