Ils ont toujours si bien su dédramatiser, voire même ignorer les menaces de mort, quand ce sont leurs opposants qui en faisaient les frais. Il y en a même qui s'amusaient à propos de tel ou tel opposant qui « prétendait » être victime de menaces de mort. Ils n'ont jamais pris au sérieux ces craintes de la part des autres hommes politiques. Ou alors, peut-être un peu, suite au meurtre de Chokri Bélaïd ! Ils prétendaient que leurs opposants dramatisaient, pour ne pas dire, mentaient, quand ils rapportaient de tels propos. Mais, les choses ont, à partir de ce jour, changé. Ce n'est plus de la blague ! Non c'est devenu hyper sérieux. On a osé proférer contre eux des menaces de mort ! Il n'est plus, dans ces conditions, possible de se taire, ni d'être indifférent à ce genre de menaces. Il faut le crier haut et fort. Il faut ameuter tout le monde. Et pourquoi pas, tant qu'on y est, exiger une protection rapprochée ? Ils, ce sont quatre « élus » d'Ennahdha, aux quels « on » a osé envoyer des menaces de mort. Il s'agit de Sahbi Atig, Néjib Mrad, Yamina Zoghlami et walid Bannani. Et c'est ce dernier qui, scandalisé, a dévoilé les faits et a dénoncé ses oppresseurs virtuels, qu'il a identifié comme étant les « Militants libres ». C'est tout de même intrigant tout cet alarmisme de la part de gens qui sont, normalement, sensés être rompus à ce genre de menaces et même à encore plus grave, eux qui ont bavé de tous les types d'exactions qu'on ne pourrait même pas imaginer. D'ailleurs, il n y a que walid Bannani, qui est sensé être le plus aguerri, qui s'est manifesté et qui a déclaré ses craintes sur les ondes d'une radio privée. Mais, si on s'amusait, un instant, à raisonner par l'absurde ? Si, en réalité, il n'en était rien de ces menaces, ou du moins, de cet affolement affiché ? Quel intérêt aura-t-on à crier sur les toits qu'on est menacé dans sa vie ou dans celle de sa famille ? D'habitude, ce genre d'argument peut rendre des services auprès des gouvernements étrangers quand il s'agit de requérir auprès d'eux le statut de réfugié politique. Et si c'était çà, le but de cette brusque manifestation de peur pour la vie de certains élus d'Ennahdha ? Est-ce que ce geste ne révèlerait pas un début de sentiment chez ces élus que les vents étaient en train de changer de cap, et qu'il ne serait pas inutile de s'aménager un plan « B », pour déguerpir, au besoin ? D'aucuns répondraient que c'est vraiment tiré par les cheveux, et que cela pourrait éventuellement, être valable pour les trois autres, mais pas pour Walid Bennani, qui bénéficie déjà d'un titre de séjour en Europe. Or, faudra-t-il rappeler que, justement, les autorités de la ville belge où il résidait, avaient décidé il y a quelques mois, de lui ôter ce privilège, quand elles se sont rendues compte qu'il touchait d'assez près aux milieux islamistes, si redoutés dans ces contrées ?