La décision de Basma Khalfaoui d'internationaliser l'affaire de l'assassinat du leader du Front Populaire, Chokri Belaid, a recentré les projecteurs sur le laxisme et l'atermoiement de la justice sur cette affaire. Des constations approuvées par le célèbre avocat du barreau de Paris, Jean Pierre Mignard, qui pointe beaucoup d'incohérences et de points d'interrogations autour de ce dossier ; plaidant néanmoins pour une ultime chance pour la justice tunisienne qui pâtit, selon lui, d'un manque de moyens. Dans un entretien accordé au Huffington Post Maghreb, Jean Pierre Mignard estime que sa présence en Tunisie ne doit pas s'inscrire dans une volonté de » déverser des seaux d'ignominie sur la justice tunisienne ». « Ca serait injuste », défend-t-il, précisant que le juge d'instruction de cette affaire a témoigné beaucoup de loyauté lors de leur rencontre. L'enjeu est de lui donner les moyens d'une enquête indépendante, affirme Jean Pierre Mignard qui déplore l'absence de volonté politique. »Il y a une responsabilité ou une dévaluation politique dans le sens où il y a un certain nombre de dispositifs qui doivent être mis en place », a-t-il souligné. Mettant en garde contre la banalisation de ces affaires qui, a-t-il rappelé, font trait à « une entreprise terroriste », l'avocat du barreau de Paris a attiré l'attention sur l'interférence du ministère de l'intérieur dans les rouages de la justice. « En démocratie, quand les juges sont chargés de la recherche des responsables d'une infraction criminelle, c'est quand même au juge d'informer puisque c'est lui qui dirige l'enquête. Quand c'est le ministère de l'intérieur qui communique, c'est significatif d'un mauvais fonctionnement », a-t-il jugé. Par ailleurs, il a soulevé les incohérences entre les déclarations des personnes arrêtées et qui ne sont tout compte fait que des exécutants. « Il ne faut pas oublier qu'il y a aussi les donneurs d'ordres. On n'assassine pas de manière banale un responsable politique et un député comme ça » ; a rappelé Jean Pierre Mignard, ajoutant que la raison avancée dans cet assassinat concernant les déclarations du défunt Belaid sur le port du voile par des enfants mineures est « peu crédible ». Mignard n'a pas exclu, conformément aux souhaits de Basma Khalfaoui, de saisir la justice internationale, si ces interrogations persistent mais « pour l'instant, il faut donner leur chance aux juges tunisiens », a-t-il conclu.