Les manifestations se suivent et se ressemblent. La mobilisation populaire a marqué aujourd'hui une nouvelle étape, étape cruciale pour le front du salut national dans son combat. Un seul mot d'ordre résonnait dans tous les esprits, la chute du gouvernement à la mémoire des deux martyrs tombés sous les balles du terrorisme, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi. Car si la manifestation de ce samedi 7 septembre se voulait encore un cri de colère et une nouvelle preuve de l'envergure de la mobilisation, environ 100.000 personnes ont défilé ce samedi au Bardo, elle revêtait avant tout un hommage à Mohamed Brahmi, assassiné devant son domicile le 25 juillet dernier et Chokri Belaid, assassiné le 6 février 2013. Il y avait comme un parfum de liberté nacré du sang des martyrs qui flottait ce soir sur les allés du Bardo. Portraits de Belaid et de Brahmi à la main, des dizaines de milliers de personnes ont marché de la place Bab Sâadoun à la place du Bardo. Empreinte d'émotion, la manifestation d'aujourd'hui a connu la présence des deux veuves Basma Kalfahoui et Mbarka Brahmi ainsi que leurs enfants. Autre présence remarquée celle du leader du front de gauche, Jean Luc Mélenchon venu afficher son soutien aux familles des martyrs et au peuple tunisien. C'était somme toute une mobilisation populaire mais aussi politique. L'opposition a annoncé aujourd'hui « une nouvelle phase de lutte » avec la mise e place d'un nouveau sit-in à la Kasbah et l'annonce d'une grève de faim de plusieurs députés retirés. Dernière ligne droite pour l'opposition qui a réitéré son attachement à ses revendications. Et pour conclure en apothéose, le président de Nidaa Tounès, Béji Caid Essebsi est monté à la tribune et a harangué la foule rassurant que l'opposition est à l'unisson et prédisant la victoire de la volonté populaire. « Il n y'a pas de légitimité supérieure à celle du peuple » a-t-il martelé en clin d'œil aux détenteurs d'une légitimité électorale qui laisse à désirer depuis le temps.