Dans le tumulte et le flou global caractérisant la phase actuelle par laquelle passe le pays, Mehdi Ben Gharbia tranche comme à son habitude avec le reste. Il faut dire que la fougue de la jeunesse joue en sa faveur, et le fait qu'il ait débuté dans la politique en l'abordant avec un esprit d'entreprenariat, loin des calculs louches, et des messes basses, donne de lui l'image de l'homme politique jeune qui incarne les aspirations du citoyen lambda. Il est, aussi, l'un des rares hommes politiques, à tirer ses positions de la réalité de la rue tunisienne, comme il recherche le résultat de ses actions auprès de la même rue. TunisieNumérique a abordé Mehdi Ben Gharbia pour sonder son opinion de ce qui se passe en cette phase et surtout, et pour recueillir sa vision de l'évolution future des évènements. Le choix de Mehdi Jomâa Mehdi Ben Gharbia ne cherche pas trop à discuter la façon dont Mehdi Jomaâ a été choisi, ni qui l'aurait « injecté » dans le cours de l'histoire. Pour lui, l'essentiel est que ce soit une personne compétente et indépendante qui a déjà fait ses preuves concernant les prises de décisions courageuses à la tête de son département. D'un autre côté, Ben Gharbia juge qu'il y avait urgence pour choisir une personnalité pour éviter au pays les dérapages qu'il appréhendait et qui ne semblaient inquiéter personne d'autre, comme La Kasbah 4, et un possible plongeon dans le chaos. Et il se dit confiant en les capacités de Mehdi Jomâa et en sa bonne volonté de faire avancer les choses dans le bon sens, tout en respectant les convenus de la feuille de route. En revenant sur les réserves émises par certains partis quant au choix de Mehdi Jomaâ à cause de son appartenance au gouvernement actuel, Ben Gharbia rétorque qu'il y avait d'autres candidats qui étaient dans le même cas, pourtant ils n'avaient pas été refusés pour ce même motif par ces mêmes partis. Le fait que Mehdi Jomaâ jouisse d'un avis favorable de la part de certaines instances financières internationales et de pays amis ou de la communauté européenne, joue plutôt en sa faveur, et ne doit pas être perçu comme une sorte d'ingérence étrangère, car ces instances seront appelées à aider financièrement la Tunisie dans le période qui vient. En bref, la réaction de la rue tunisienne, des pays amis et voisins, ainsi que de la communauté internationale à la proposition de Mahdi Jomaâ, est en soi, pour Ben Gharbia, témoin d'une victoire. Que devrait faire Mehdi Jomaâ ? Malgré l'avis favorable qu'il donne sur Mehdi Jomâa, Ben Gharbia n'en demeure pas moins exigeant quant aux actions du futur chef du gouvernement, qu'il appelle à respecter à la lettre la feuille de route établie dans le cadre du dialogue national, à veiller à l'achèvement du travail de l'ANC, à dissoudre les LPR, à restaurer l'autorité de l'Etat, à revoir les nominations qui avaient été opérées dans le cadre de l'administration sur des bases partisanes dans le but d'assurer l'impartialité de l'administration au cours des prochaines échéances électorales... Il doit s'atteler à réparer la situation économique catastrophique, comme il devrait faire du combat contre le terrorisme sa priorité, en le gérant avec suffisamment d'inflexibilité, et pour ce faire, il devrait savoir prendre ses distances des avis de certains partis politiques. C'est seulement de cette manière qu'il pourrait jouir du soutien de tout le monde. Concernant le retrait du Joumhouri du dialogue Mehdi Ben Gharbia regrette cette décision du parti Al joumhouri, en rapport avec son retrait du reste du dialogue national. Il trouve que cette décision n'est pas en faveur de ce parti, et que, de toutes les manières, ce retrait ne pourrait pas influencer de façon notable l'évolution du processus, d'autant plus que le chef du futur gouvernement est sur la voie d'obtenir autour de lui un consensus assez large de la part de presque tous les acteurs politiques et sociaux du pays et même à l'international. Ben Gharbia espère tout de même que les dirigeants d'Al Joumhouri aient assez de bon sens pour revenir sur leur décision.