Des manifestations dans plusieurs villes turques ont appelé vendredi 27 décembre 2013 le Premier ministre Erdogan à démissionner, à la suite du scandale de corruption qui frappe son parti. Les forces de l'ordre sont intervenues dans la soirée à Istanbul et à Ankara pour disperser, à grands renforts de canons à eau et gaz lacrymogènes, les manifestants. La devise nationale est tombée à 2,1661 livres pour 1 dollar vendredi, soit un nouveau plus bas historique, en dépit d'interventions de la banque centrale. La Bourse d'Istanbul a, quant à elle, reculé de 2 %. Le remaniement gouvernemental d'urgence opéré après la démission de trois ministres éclaboussés n'a finalement pas réussi à calmer les esprits. Le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative turque a bloqué vendredi un décret gouvernemental controversé publié dans la foulée du scandale, obligeant la police à informer sa hiérarchie avant toute arrestation et perquisition. La police, à laquelle on reproche de ne pas avoir mis au courant le gouvernement de l'enquête, est soumise à une purge inédite, et plus d'une centaine de hauts gradés ont été sanctionnés. Nouveau coup d'éclat toujours dans la journée d'hier, trois parlementaires du parti au pouvoir constituant la frange libérale de la formation islamo-conservatrice ont démissionné, parmi eux figure l'ancien ministre de la culture Ertugrul Günay, qui a reproché à l'AKP d'entraver la justice dans l'enquête. De son côté l'armée a annoncé dans la même journée ne pas vouloir s'immiscer dans les débats politiques du pays. L'affaire qui comporte trois volets corruption, fraude et blanchiment d'argent risque, à quatre mois des élections municipales, de fragiliser les chances du premier ministre qui brigue les élections présidentielles prévues pour août 2014. Pour la première fois les turcs devront élire leur président au suffrage universel direct.