Tout comme la machine sécuritaire, le système judiciaire semble s'être affranchi ces derniers jours, probablement du joug qu'exerçaient sur lui certaines figures de l'ancien gouvernement, qui se sont évertués à disposer de la machine judiciaire pour en user comme moyen de pression à des fins pas toujours nettes, sur de nombreuses personnalités. D'ailleurs le timing de ce « sursaut » de l'appareil judiciaire est plus qu'éloquent, car à peine certains ex-ministres et super ministres ont tourné les talons que des affaires qui trainaient depuis des années ont vu leur dénouement, comme çà, comme par enchantement. Parmi ces affaires, on ne peut pas ne pas citer celle de Kamel Létaïef qui a, au départ été présenté comme l'homme par qui tout le mal du monde arrivait, l'homme qui était capable, et même coupable, de tout, l'homme de l'ombre... Puis « on » n'a pas tardé à l'affubler d'une affaire à l'intitulé, on ne peut plus grave, celui, en l'occurrence de « complot contre la sûreté de l'Etat ». On utilisa, par la suite ce dossier, à maintes reprises, comme outil de diversion qu'on sortait quand on en ressentait le besoin. On lâcha sur lui les milices de tous bords, on lui interdit de quitter le territoire tunisien. On organisa devant chez lui des scènes de pur rodéo. On l'accusa de tous les torts. On ignora toutes ses requêtes, et celles de ses avocats. Pour, finalement, et après audition de presque tout le monde, y compris d'anciens présidents, d'anciens chefs d'Etat majors, d'anciens chefs de gouvernements..., on se rendit à l'évidence qu'il était, peut-être temps de reconnaitre que son dossier ne tenait pas la route. Et on finit par lui rendre son passeport, et sa liberté de mouvement, en attendant de clore, éventuellement, le dossier. Et dire que tout ce qu'on vient d'énumérer s'est uniquement basé sur les déclarations d'un certain ex-avocat exclus, entre temps, du barreau qui s'était découvert une fibre patriotique hors norme, et qui a remué ciel et terre, pour faire inculper l'homme d'affaires, sans d'ailleurs y parvenir, de complot contre l'Etat, de projets d'enlèvements..., et qui aura fini par recevoir de plein fouet le retour de manivelle de ses « accusations ». Mais à revoir la tournure qu'a pris le dossier, on est obligé de constater que les accusations de départ ne constituaient qu'un prétexte pour maintenir Kamel Létaïef le plus longtemps possible, sous la pression et à l'écart. Oui, mais la question qui s'impose maintenant est celle de savoir, qui avait intérêt à s'attaquer à Kamel Létaïef, et pourquoi tant d'acharnement ? Est-ce qu'il a été trop coriace pour se plier à certaines « conditions » contrairement à d'autres ? Et à l'écart de quoi a-t-on absolument voulu le maintenir ? Peut-être que la nouvelle brise d'indépendance qui caresse le système judiciaire, permettra de donner des bribes de réponses à ces questions.