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Affaire Kamel Letaïef saison 2 : on efface tout et on recommence !
Publié dans Business News le 23 - 12 - 2013

L'affaire Kamel Letaïef prend une nouvelle tournure. Un nouveau juge a été chargé du dossier et l'instruction sera menée dans un autre tribunal. L'affaire cite plusieurs hauts dirigeants de l'Etat et relève de nombreuses irrégularités. Pour démêler ce capharnaüm, le juge s'apprête visiblement à convoquer tout le monde. Et si son instruction est menée conformément aux règles ordinaires régissant la justice et aux lois en vigueur, la conclusion de son instruction va faire le bonheur de plusieurs…
L'affaire dite Kamel Letaïef a commencé en avril 2011 par un recours déposé par l'avocat Chérif Jebali. Il aurait dévoilé, à travers un SMS crypté, un kidnapping visant Slah Caïd Essebsi, frère de Béji Caïd Essebsi, à l'époque Premier ministre, pour l'échanger contre Imed Trabelsi. Le recours cite notamment l'ancien ambassadeur de France en Tunisie, Boris Boillon. Le procureur ouvre une instruction en juin, interroge le plaignant, puis charge la brigade criminelle de l'affaire.
L'affaire est oubliée jusqu'en avril 2012, soit un an plus tard. Entretemps, un nouveau gouvernement est arrivé et la Troïka est au pouvoir. Chérif Jebali, qui essayait à l'époque de s'approcher de l'équipe de Caïd Essebsi, est maintenant réputé proche des CPR, LPR et Abderraouf Ayadi. Il est auditionné en ce 4 avril 2012 et il donne de nouveaux éléments à sa plainte d'il y a un an. Maintenant, il évoque Kamel Morjane, Mohamed Jegham, Néji Mhiri et Kamel Letaïef. Mieux, il évoque un putsch.
Il présentera par la suite le journal d'appels téléphoniques de Kamel Letaïef qui montre des communications avec plusieurs hauts responsables de l'Etat, des médias et du monde des affaires. Par ce listing téléphonique, l'avocat cherche à prouver que Kamel Letaïef est derrière un complot contre l'Etat. Malgré l'absence totale de preuves, et bien que le listing téléphonique soit d'origine totalement inconnue et obtenu d'une manière frauduleuse (seule la justice a droit de commander ce listing), l'instruction est poursuivie par le juge d'instruction du 5ème bureau et Kamel Letaïef est interdit de voyage.
En parallèle de tout cela, une autre affaire suit son cours. Celle menée contre l'avocat Cherif Jebali. Il a été interdit en 2011 d'exercer les fonctions d'avocat à vie. Interjetant appel, il a fini par obtenir une interdiction d'exercer de deux ans. Objectivement, il a besoin d'un soutien politique pour dépasser cette grave crise professionnelle (et matérielle) par laquelle il passe. Et ce soutien, il l'obtiendra auprès de deux de ses pairs, Samia Abbou et Abderraouf Ayadi.
Le juge d'instruction du 5ème bureau avance dans son enquête et fait le tri dans les convocations. Kamel Letaïef est interrogé à plusieurs reprises, sans qu'il ne soit accusé d'une manière claire, preuves à l'appui. Kamel Morjane, Béji Caïd Essebsi ou Rachid Ammar ne seront jamais convoqués.
Certains interrogatoires tournent carrément au ridicule, comme celui de Lazhar Akremi en juillet dernier. L'ironie de ce dernier restera dans les annales. S'agissant de trois communications téléphoniques, il a déclaré devant le juge que la première concernait la cession par Kamel Letaïef d'un conteneur de tongs en provenance du Pakistan. Lazhar Akremi aurait refusé la transaction voulant ainsi favoriser les « chleyeks » locales.
Quant à la deuxième conversation, elle s'est déroulée en plein Ramadan et a porté sur la fourniture d'une palette de « Zlebya » par Kamel Letaïef, cette transaction aurait été refusée par l'ancien secrétaire d'Etat car les Tunisiens préfèrent les « Mkhareks».
Comble de l'ironie, la troisième conversation téléphonique aurait eu pour objet l'étude d'un projet de ravalement et de peinture du ciel en bleu. Lazhar Akremi aurait refusé de participer à cette transaction car il estime que le ciel ne sera de nouveau bleu que lorsque la succursale tunisienne recevra le même traitement que celui réservé à la maison mère égyptienne.
Le comble du ridicule sera atteint samedi 2 novembre 2013. Trois jours plus tôt, le juge d'instruction convoque Kamel Letaïef pour le lendemain. Ses avocats demandent et obtiennent un report d'audience pour le lundi afin de bien se préparer. Seulement voilà, le juge émet un mandat d'amener et les forces de l'ordre sont chargées de l'exécuter en ce jour férié de samedi.
Les LPR sont là, devant la maison de Kamel Letaïef à Sidi Bousaïd. Tout comme la chaîne Al Jazeera. L'annonce de ce mandat d'amener a été déjà faite la veille sur les pages des LPR un peu trop bien informées de l'état d'avancement de l'enquête du juge. Ils veulent assister en direct à cette arrestation. Ils ne verront rien, l'homme s'est cloitré chez lui et a refusé de se rendre à la police. Des pages LPR et des chaînes proches du CPR déclarent que Kamel Letaïef a heurté un policier avec sa voiture. De l'intox pure et simple et aucun policier n'a pu confirmer cette agression. D'ailleurs, il n'y a pas eu de plainte.
Surprise en milieu d'après-midi, le juge d'instruction se présente en personne au domicile de Kamel Letaïef lui demandant de se rendre et pour constater les circonstances de l'arrestation. Il en sortira bredouille. Une polémique est déclenchée dans le milieu judiciaire et médiatique. Il y a trop de vices de procédures. Comment un juge émet un mandat d'amener, alors qu'il a autorisé un report d'audience et comment se fait-il qu'il se déplace en personne au domicile du prévenu, sans en informer le procureur.
La polémique prend une autre envergure avec une première dans les annales. Le même juge donne une interview à la chaîne Al Moutawasset, réputée proche des LPR et du CPR. Il donne des détails de l'instruction en cours et cherche à justifier pourquoi Kamel Letaïef n'a pas été arrêté. Ahmed Rahmouni, président de l'observatoire de l'indépendance de la magistrature crie au scandale. Les observateurs continuent à demander des preuves irréfutables de l'implication de Kamel Letaïef dans un quelconque complot et l'origine de ces listings téléphoniques confidentiels de hauts dirigeants de l'Etat qui n'ont fait l'objet d'aucune instruction quant à leur fuite.
Le 8 novembre, le juge d'instruction du 5ème bureau est déchargé de l'affaire. Il y a trop de violations de la loi, il y a trop d'interférences et de zones noires. Cette fois, c'est Abderraouf Ayadi qui crie au scandale. A l'entendre, on croirait qu'il a oublié son militantisme et est devenu adepte des « arrêtons Letaïef d'abord, on lui trouvera les preuves ensuite ! ».
Quelques semaines plus tard, Chérif Jebali sort un nouveau listing téléphonique. Des dizaines de noms sont cités, parmi les hommes d'affaires, les hommes de médias et les hommes politiques qui ont eu des entretiens téléphoniques avec Kamel Letaïef. Personne ne l'inquiètera et personne ne l'interrogera sur l'origine de ces documents confidentiels.
Le 21 décembre, de source judiciaire, on apprend que le nouveau juge d'instruction près du tribunal de Tunis II, chargé de l'affaire, va convoquer (ou a convoqué) Béji Caïd Essebsi, Kamel Morjane, Rachid Ammar et Foued Mebazzaâ. Le nouveau juge reprend tout depuis le début, c'est-à-dire depuis le dépôt de la plainte en 2011. Il va entendre les témoignages de ces personnes citées pêle-mêle et devrait se rendre compte, de lui-même, qu'il n'y a jamais eu de contact (par exemple) entre Rachid Ammar ou Foued Mebazzaâ avec Kamel Letaïef. Il devrait, en toute logique, s'interroger sur les origines des listings téléphoniques, si ces listings ne sont pas falsifiés et quelles sont les motivations réelles du plaignant.
S'il y a des preuves accablant Kamel Letaïef, le nouveau juge ne manquera pas de les rendre publiques et d'émettre un mandat de dépôt à son encontre. Autrement, il lèvera l'interdiction de voyage et se penchera sur les plaintes de Chérif Jebali et ses multiples violations flagrantes de la loi. Bref, dans un sens ou dans l'autre, les observateurs du milieu politico-judiciaire vont s'amuser.


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