Le référendum organisé, manifestement à grandes pompes, par Ennahdha, soucieux de consulter sa base sur l'opportunité ou non de reporter la tenue de son du Congrès National à une date ultérieure aux élections législatives et présidentielles, a donné lieu à un scrutin plutôt prévisible. Une majorité réconfortante (70,31%) a voté pour l'ajournement. A s'en demander pourquoi ? Des questions se posent : Pourquoi un référendum alors que Majless Choura, organe central et électif, du Mouvement Ennahdha est censé représenter la base et les différents courants ? Serait-ce un pied au nez à Majless Choura, souvent critiqué pour sa prépotence et sa façon de mettre en otage le parti, voire même toute la Tunisie. Pourquoi reporter le Congrès National ? Etant rappelé que le dernier Congrès n'a pas tranché dans le vif sur certaines questions de grand enjeu pour l'avenir et l'implantation d'Ennahdha. Les ambigüités persistent d'où peut-être le choix de reporter après les élections (Mouvement ou parti ? identité politique ou prédication ? Quel bloc a le dernier mot dans la guerre des ailes ? Allégeance à la Tunisie ou au parti/confrérie ? Programme de moraliser la vie publique et l'espace social ou d'islamiser la société ? agenda islamiste ou démocratique ? Enfin, problèmes de leadership et de rivalité internes, compliqués par des difficultés d''image et de communication externes?). Il est donc clair que les électeurs nahdhaouis ont préféré tout renvoyer à plus tard de peur de remettre à la surface les ambigüités précitées, ce qui serait peut-être de nature à plomber leur campagne électorale. Peut-être qu'après les élections, le risque serait moindre, en connaissance de la nouvelle donne politique et de son réel poids électoral. En tout état de cause, Ennahdha, au sommet comme à la base, a le droit de choisir le moment de plancher sur ses propres problèmes. Il est quand même à son crédit d'avoir procédé à une large consultation interne. Après tout, le referendum reste un procédé démocratique, quelle qu'en soit la forme directe ou semi-directe. Toujours est-il que le recours au référendum ne signifie aucunement la nature démocratique d'un pays, d'un parti ou d'un mouvement. L'histoire récente témoigne que le référendum a été même utilisé par les pires dictatures. Sans compter que, dans certaines opérations, le libellé même de la question soumise au vote conditionne et oriente la réponse, donc les résultats.