Nous autres tunisiens, nous sommes un ramassis d'ignares pour avoir apporté notre pierre, durant plus de trois mille ans, à la civilisation, à l'histoire et pour avoir intégré toutes les cultures et assimilé, à travers les époques et les générations, le savoir humain. Nous autres tunisiens, nous sommes un ramassis d'ignares pour avoir évincé de nos terres toutes les dictatures, pour avoir constitué une forteresse imprenable face aux assauts de l'extrémisme, quelles qu'en soient l'origine, l'expression et la manifestation, d'ordre politique ou religieux. Nous autres tunisiens, nous sommes un ramassis d'ignares pour avoir lutté et vaincu tous les sombres revenants des replis de l'histoire et des temps finis, comme la ténébreuse doctrine wahhabite qui a été rejetée et déconstruite sous le règne de Bey Hammouda Pacha, depuis l'année 1810, avec l'appui inconditionnel et éclairé des éminents théologiens de la Zitouna, notamment le Cheikh Ibrahim Riahi, qui à coups d'arguments puisés dans la source même de l'Islam, ont en défait le socle et le fondement avant de juger cette doctrine extrémiste, dangereuse et, à certains égards, réfractaire à l'essence même de l'Islam. Nous autres tunisiens, nous sommes un ramassis d'ignares pour avoir développé notre propre perception de l'Islam, dans une conception modérée et social, aussi féconde que progressiste, fait d'ouverture et de pondération, pour avoir été toujours fiers de notre ancrage arabo-musulman, sans jamais souffrir ou accuser une crise d'identité ou d'un problème de référentiel ou de repères, disposant de notre propre synthèse de l'héritage civilisationnel arabo-musulman et de notre propre approche de l'Islam, dans un pays, réformiste dans l'âme, à l'avant-garde et pionnier, du moins dans le monde arabe et en Afrique, par son vécu, son itinéraire et ses acquis. Nous autres tunisiens, nous sommes un ramassis d'ignares pour avoir construit, dans la douleur et le sang, un Etat moderne, fait des tunisiens un peuple ouvert et pondéré, cultivé une société moderne, réceptive et séculière et taillé dans l'adversité une personnalité propre à la Tunisie. Nous autres tunisiens, nous sommes un ramassis d'ignares pour avoir établi, malgré des moyens étriqués, un des plus performants systèmes éducatifs, sinon le meilleur, en Afrique. Nous autres tunisiens, nous sommes un ramassis d'ignares pour avoir enfanté des grands hommes et femmes d'art, de lettres , de culture, de cœur, de combat et de conviction, des pionniers, des leaders et des visionnaires, fleurons tunisiens montrés en exemple partout ailleurs, notamment en Afrique, et qui constituent une source de fierté pour la Tunisie et un ferment de la richesse culturelle aussi bien nationale que régionale sinon mondiale. La liste est trop longue, ci-après juste un échantillon : Elyssa, Hannibal, Jughurta , Kahena, Ibn Khouldoun, Abou Jaâfar Ibn el jazzar, Mohamed Ibn Jâafar Temimi, Abou Isḥaq Ibrahim al-Ḥousṣari, Abou Ali Ḥassan Inb Rachiq, Aziza Othmana, Abou El Kacem Chebbi, Tahar Haddad, Mohamed Tahar et Fadhel Ben Achour , Bchira Ben Mrad , Aly ben Ayed , Mahmoud Messadi , cheikh Kameleddine Djaït, Hassen Hosni Abdulwaheb, Farhat Hachad et Habib Bourguiba, Jaafar Majed , Zoubeir Turki . Nous autres tunisiens, nous sommes un ramassis d'ignares pour avoir été les premiers à comprendre le rôle rempart de la femme et l'importance historique et sociale de son émancipation et de sa libéralisation de son bagne féodal. Nous autres tunisiens, nous sommes un ramassis d'ignares pour avoir toujours revendiqué notre africanité, notre vocation africaine native et notre profondeur africaine, notamment depuis le périple de Hannon (navigateur et explorateur carthaginois), sur les côtes africains, 5 siècles avant Jésus Christ. Nous autres tunisiens, nous sommes un ramassis d'ignares pour avoir laissé, dans un concours de circonstances, un faux érudit et un dictateur dans l'esprit, comme Moncef Marzouki, arpenter les couloirs de Carthage, péter dans les salons de la magistrature suprême, insulter le peuple tunisien et détruire les fondements de l'Etat tunisiens. Nous autres tunisiens, nous sommes un ramassis d'ignares mais nous apprenons, de nos erreurs comme de nos certitudes, nous saurons séparer le bon grain de l'ivraie, reconnaitre les hommes d'honneur des hommes de main ou de paille, notamment lors des prochaines échéances électorales.