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Tunisie : Profanation des Mausolées ou guerre d'arrière garde wahhabite !
Publié dans Tunisie Numérique le 30 - 01 - 2013

Le ténébreux feuilleton de profanation et de dévastation des Mausolées est à son énième épisode. Les cas prolifèrent, faisant couler beaucoup d'encre et de sang. Les acteurs, le scénario, la mise en scène, toujours immuables, n'ont pas changé de registre, le même casting, le même répertoire et les mêmes comparses. Un insondable et non moins funeste remake sur le même lieu de tournage et avec les mêmes accessoires. La succession ordonnée des scènes de saccage laisse penser à un sombre projet conçu et mis en œuvre d'une manière méthodique et coordonnée, par un groupe organisé, adossé à une stratégie d'attaque bien huilée. Il y a un plan, conçu, financé et mis en œuvre pour déstructurer la personnalité tunisienne. Les charognards, puisque de ça qu'il s'agit dès lors qu'ils attentent à des sépultures et des tombeaux, s'appuient à la fois sur une doctrine dissidente appelant farouchement et ouvertement à raser ce genre de monuments et sur un mode opératoire typiquement terroriste.
Mettre le feu à de tels sanctuaires, acte criminel violant la mémoire collective et individuelle et l'héritage commun, qui plus est commis lâchement dans le noir, est avant tout un aveu de faiblesse traduisant une incapacité à dialoguer et à convaincre, voire même une propension à la confusion et au désordre intellectuel. Ce ne sont pas des cas isolés, bien au contraire, ils sont le produit et l'expression d'une opération coup de poing, à grande échelle, menée sciemment et en connaissance de cause. Au-delà de l'acte de vandalisme en soi, au-delà de la charge pénale que suppose ce forfait à répétition, au-delà de toute interprétation religieuse, il y a lieu de s'interroger sur les raisons profondes ayant amenés des tunisiens, pourtant bien allaités aux vertus de la tolérance, du dialogue et de la pondération, à franchir le pas et la ligne de ce qui a été longtemps considéré comme relevant de l' »intouchable ».
Indignation et consternation, voilà les premiers sentiments éprouvés par les tunisiens, du moins une massive majorité, encore en état de choc, suite à la campagne d'incinération des Mausolées à travers tout le pays. Les cris de ressentiment et de colère fusent de toutes parts, au niveau aussi bien national qu'international. Que d'incompréhension face une telle destruction en règle, une grave atteinte à l'identité et l'histoire de la Tunisie dont font partie ces saints hommes et ces endroits considérés comme sacrés pour des grands pans de la population tunisienne.
Dimensions sociales, culturelles et politiques de ces lieux saints
Hauts lieux de recueillement, chargés de symbole et de spiritualité, monuments de notre patrimoine religieux et culturel, dont certains figurent également dans le patrimoine culturel mondial de l'UNESCO, joyaux architecturaux et espaces de sociabilité, lesdits Mausolées ont toujours été des phares de rencontre, de dialogue et de tolérance où ces grands hommes de foi, ayant donné leur nom, leur lustre et leur science à ces localités, ont toujours prêché un Islam ouvert, modéré et universel. Une approche exégète qui a été, entre autres, le ferment de l'Islam tunisien que leurs successeurs, cheikhs tunisiens éclairés, ont reproduit, consacré et enraciné.
De tout temps, et outre leur fonction religieuse, les Mausolées et autres monuments soufis ont joué un rôle social, culturel, institutionnel et même politique. Zaouïa ou Dharih ou Maqam, quel qu'en soit le nom, chacun de ces lieux a toujours constitué un repère, un levier identificatoire, une niche de solidarité communautaire et un symbole pour la population ou la localité en question. Le rituel, la sacralité et la profusion populaire leur ont donné une densité mystique et une dimension mythique. Il s'agit de maîtres spirituels ayant mené une vie studieuse, recluse et ascétique, dont l'image, la stature et l'apport méritent le respect et non le sacrilège et l'imprécation.
L'histoire enseigne qu'à certains égards, notamment dans les zones rurales reculées ou dans les bandes inaccessibles, ces espaces soufis, d'une part, ont remplacé l'Etat pour certains services, et d'autre part, ont permis d'islamiser ou de conserver l'islamité de la région, outre que des villages, voire des villes, ont été construits autour des Mausolées. Dans le même ordre d'idées, certains Cheikhs de confrérie ont pris les armes pour lutter contre l'occupation coloniale (le libyen Omar Mokhtar, l'algérien Sidi Abdelkader) ou ont œuvré à surveiller les cotes nationales pour prévenir toute invasion par surprise (le tunisien Sidi Bousaid El Beji). Donc, il ne serait pas interdit de penser que les confréries, en plus de leur rôle de phare de l'Islam et de leur fonction sociale, ont constitué un ferment de la conscience nationale.
Certes, des pratiques rétrogrades, des expressions ésotériques, des manifestations métaphysiques et des marques de déchéance intellectuelle ou morale ont travesti la signification première de ces lieux et ont en altéré la vocation mais sans pour autant constituer la règle ou se substituer à leur substance spirituelle et confessionnelle. Il s'agit de signes de croyance, de dévotion et de communion que les fidèles ont introduits dans l'espace en question et non des effluves propres au lieu et à son maitre. Aussi irrecevables qu'elles soient, d'un point de vue religieux et même intellectuel, ces pratiques ne peuvent être en aucun cas des alibis pour profaner et embraser ces endroits que d'aucuns estiment sacrés et inviolables. Donc, ce n'est ni le saint homme ni sa confrérie qui ont légué ou cultivé ces expressions jugées incompatible avec l'authenticité de l'Islam, ce ne sont que les sédiments liés aux rites, coutumes et traditions des fidèles.
Faut-il pour autant décréter l'excommunication (chirk) à l'encontre de ces personnes, généralement simples et ordinaires, et les sanctionner en démolissant un lieu, important strate de leur identité, de leur foi et de leur sociabilité. Il y a une part de folklore qu'il sied de prendre en ligne de compte et de restituer dans son contexte local. Donc, il est impératif de distinguer le confessionnel du culturel. Malheureusement, les acteurs des saccages, endoctrinés aveuglés, ne font pas la part des choses et en font une fâcheuse et non moins délétère confusion.
Derrière les actes de profanation des Mausolées, il y a immanquablement la main wahhabite. Et ce pour diverses raisons. Depuis plus de deux siècles que cette doctrine subversive n'a cessé d'essuyer les revers sur le sol tunisien que l'école théologique nationale a immunisé et préservé du glissement obscurantiste, a réconcilié le pays avec soi-même et l'a remis ainsi sur sa naturelle voie, profondément séculière et tolérante, pavée de modération, d'ouverture et de brassage culturel. Les Cheikhs de la Zitouna, contre-arguments théologiques à l'appui, ont détricoté, débouclé et rejeté les thèses wahhabites. En effet, depuis 1810, la doctrine wahhabite a été farouchement combattue, sans appel et sans concession, par le Bey Hammouda Pacha avec l'appui inconditionnel et éclairé des éminents théologiens de la Zitouna, notamment le Cheikh Ibrahim Riahi.
L'histoire tunisienne apprend que, depuis l'antiquité et jusqu'à nos jours, les tentatives d'inoculer le virus confessionnel ou de semer les germes de la sédition religieuse n'ont pas fait long feu. La constante de modération, de tolérance et d'ouverture a toujours constitué un pilier caractéristique de la personnalité de notre pays, qui a toujours refusé, entre autres, l'extrémisme dans toutes ses formes et manifestations, qu'elles soient d'ordre politique ou religieux. Par conséquent, la doctrine wahhabite s'est cassé les dents sur les murailles de la Tunisie depuis plus de deux siècles, et ce n'est pas aujourd'hui, dans ce contexte révolutionnaire, qu'elle peut réussir à mordre à pleine dent le corps tunisien. Econduits, aplatis et laminés naguère par des arguments cinglants puisés dans le terreau de l'Islam, les wahhabites et leurs laquais et valets de service, qui n'ont jamais été des hommes de dialogue mais des partisans de la terreur, tentent aujourd'hui de nous forcer la main par la violence, le prosélytisme et le terrorisme intellectuel, physique et matériel. Ils ne passeront pas !
Le terrorisme intellectuel rompant de la doctrine wahhabite
N'en déplaise à ses adversaires et autres détracteurs, la Tunisie a sa propre culture et son propre socle identitaire. Et c'est là le nœud de l'affaire. Un pays, le nôtre, fier de son ancrage arabo-musulman, qui n'a jamais souffert d'une crise d'identité ou d'un problème de référentiel ou de repères, qui a sa propre synthèse de l'héritage civilisationnel et sa propre lecture de l'Islam, lecture moderniste, progressiste et contextuelle. Un pays, réformiste dans l'âme, à l'avant-garde et pionnier, du moins dans le monde arabo-musulman, par son vécu, son itinéraire et ses acquis. La Tunisie est ciblée car différente, imprenable et imperméable à la doctrine wahhabite.
Est-ce fortuit que seule la doctrine wahhabite, réfractaire à toute idée de modernité et fondée sur la sacralité outrancière d'un passé bien révolu, prône la destruction des Mausolées et dénonce férocement le soufisme, mouvement connu pour son mysticisme, son ouverture et son souffle progressiste, qui a élevé le respect des hommes pieux et saints au rang de culte, expression que les wahhabites incriminent comme manifestation païennes et forme d'intermédiation ou d'intercession entre l'homme et Dieu. Pour eux, Le culte des saints n'est rien d'autre qu'une forme d'idolâtrie animiste et, par extension, une atteinte au dogme de l'unicité de Dieu, dérive à éradiquer par la force, à ce titre. La doctrine wahhabite n'a jamais pardonné au soufisme son ton différent et son interprétation éclectique et éclairé. Aujourd'hui, n'importe quel réformateur ou moderniste est épinglé comme ennemi de l'Islam. Au nom de leur approche sectaire et exclusive l'Islam, ils utilisent la violence pour imposer leurs vues et punir les présumés apostats car coupables de penser autrement et de défendre un tout autre modèle de société.
Mouvement radical, rigide et intolérant, la doctrine wahhabite, bien qu'opposée à toute forme d'entremise auprès de Dieu, même celle du prophète, cultive en quelque sorte une attitude de clergé. Les wahhabites s'affichent ouvertement comme détenteurs exclusifs de la vérité et de la quintessence de l'Islam. Réfléchir en dehors de leur moule est hérétique et passible d'agression. Même les autres branches et courants d'idées traversant l'Islam, aussi bien sunnites que chiites, sont fustigés et voués à l'anathème. En outre, les wahhabites ont interdit l'enseignement des autres écoles sunnites, à savoir, le malékisme, le hanafisme et le chaféisme. Et ce n'est pas par hasard qu'ils ont adopté et nourri exclusivement l'école hanbalite, rite traditionaliste le plus rigoriste par excellence.
La Tunisie, d'obédience malékite et de doctrine ashariste, courant théologique fondé par Abou El Hassen Ashari (873-935) et dont la pensée œuvre à établir la compatibilité des textes révélés avec la raison et à en autoriser une interprétation rationnelle et progressiste, est donc une terre d'adversité et de conquête pour les wahhabites d'autant plus que la Tunisie les a longtemps défiés, a résisté à leur idéologie et a développé sa propre grille de lecture de l'Islam derrière le prisme malékite, école qu'ils honnissent au plus haut point. En quelque sorte, il n'est pas exclu que les wahhabites aient voulu punir la Tunisie pour son indocilité, sa rébellion et l'originalité de sa synthèse civilisationnelle.
L'esprit wahhabite n'admet ni pensées critiques ni penseurs libres, il ne vit que de ses propres dogmes et de son extrême orthodoxie. Pour la doctrine wahhabite, le monde musulman succombe à une néo-préhistoire (jahiliya jadida) et, à ce titre, doit être ré-islamisé par la guerre sainte (Jihad). Exactement le même constat et le même alibi auxquels les Khawerejs (Kharijites ou première secte schismatique ayant fait apparition dans l'Islam) ont recouru pendant et après le califat d'Ali Ibn Abi Taleb pour mettre la région à feu et à sang. Ils ont fini d'ailleurs par assassiner lâchement ledit Quatrième Commandant des Croyants, précipitant la grande discorde (El Fitna El Kobra) et la scission de l'Islam en différentes branches.
Au nom de la pureté et de l'authenticité de l'Islam, disciples d'un rigorisme religieux pur et dur, souvent brutal et sanguinaire, les wahhabites ont commis les forfaits les plus abjects. Dans son livre « Le Pacte de Nadj », Hamadi Redissi rapporte qu'en prenant la Mecque au début du 19ème siècle, ils ont « détruit les dômes érigés dans l'enceinte sacrée, les tombeaux de Khadîdja, la première épouse du Prophète, de son oncle Abu Taleb, de Hassan et Hussein ainsi que les tombes et les mausolées du cimetière de Ma'ala à La Mecque. A Médine, ils profanèrent le sanctuaire renfermant le tombeau du Prophète, pillèrent les trésors qui y étaient déposés par les pèlerins et s'emparèrent des pierres précieuses, des bracelets, des colliers« .
Les nouveaux Khawerejs nationaux, prétendument dépositaires attitrés et néanmoins autoproclamés de l'Islam en Tunisie, longtemps terrés et tapis dans les replis de leur caverne, telles des cellules cancéreuses dormantes, fourbissant leurs armes et leur haine, ont surgi avec fracas pour nous remettre sur le droit chemin, nous les égarés de tous bords, nous réapprendre l'Islam et nous guérir de nos furoncles modernistes, à coups de poing et de sabre. Coincés entre les dogmes et les « fatwas » sur commande, nourris à l'idéologie de la violence, au repli et au rejet de l'Autre, les Khaouarejs de l'ère moderne, le verbe au vitriol et le geste meurtrier, en terrain conquis, mettent à profit la démission de l'appareil répressif de l'Etat, pour perpétrer leurs forfaits, intimider les tunisiens et multiplier les actes de profanation des Mausolées. Voix de leurs maitres, dévoyés et instrumentalisés, les apprentis wahhabites tunisiens suivent, au pied de la lettre, l'exemple de ces brigadiers de conscience, ces braconniers de l'Islam et leurs escadrons de la répression et de la mort.
Paradoxes à relever
Avant de conclure, il importe de mettre l'accent sur quelques paradoxes agissant en toile de fond de ce crime à répétition (aux dernières nouvelles, on en compte environ 40 cas) contre la mémoire, contre la foi et contre l'héritage culturel :
Il est quand même invraisemblable de constater qu'outre les représentants du soufisme et les fidèles de ces lieux saints, pourtant appartenant à des confréries soufis, c'est l'élite laïque tunisienne (intellectuels, hommes politiques, représentants de la société civile, homme d'art et de lettre, journalistes, chroniqueurs,....)qui est, en première ligne, pour les défendre et réclamer leur protection alors que certains imams font des acrobaties cérébrales pour dégoter des justifications à deux balles, faire diversion et en atténuer les effets. Un saisissant paradoxe typiquement tunisien !
Dans leur course effrénée à la riposte et leur quête aveugle de revanche, les compères wahhabites tunisiens n'ont même pas pris la peine et la précaution d'épargner le livre saint et les manuscrits rares. Bien au contraire, des perles du patrimoine culturel ont été dévastées. Pire encore, le coran a été brulé, piétiné, ravalé. Si de tels actes de déprédation avaient été commis par d'autres, les barbus, ceux-là mêmes qui auraient commis tous ces forfaits aux mausolées en Tunisie, auraient crié au scandale, appelé aux représailles et auraient attaqué des ambassades ou coupé quelques doigts. Comme quoi, ils se réservent le droit exclusif de choisir leurs adversaires et leurs cibles et de détenir le monopole de la profanation et de la bêtise. Deuxième paradoxe.
Il est bien établi que la révolution a remis en surface le meilleur et le pire des tunisiens. La Tunisie profonde a tout recraché, bon et moins bon. Il est bien compréhensible que longtemps prisonniers d'un mode de vie souterrain et clandestin, traqués par un régime despotique, les salafistes tunisiens n'ont pas ni le temps ni l'opportunité de souffler et de s'exprimer, sans compter la sécheresse intellectuelle marquant le paysage tunisien. Aujourd'hui, ils ont certes le droit et l'occasion de s'épancher, de lever la voix et d'exposer leurs vues, de dialoguer et d'exercer leur culte, par contre ce qui est inadmissible c'est cette volonté d'imposer leurs idées par la force et de recourir à la violence comme moyen de langage et levier de débat. Ils étaient opprimés, sous la dictature déchue, maintenant ils oppriment au nom d'un diktat religieux, et parfois au nom d'une doctrine sectaire et sanguinaire étrangère à la culture tunisienne dont ils ne sont, tout compte fait, que la chair à canon. On dirait qu'en agissant et réagissant de la sorte ils font leur propre psychanalyse et utilisent la brutalité comme thérapie. Troisième paradoxe
Depuis la révolution, la Tunisie n'a cessé d'accueillir, en grande pompes, toute sorte de prédicateurs, porte-voix traditionnels wahhabites, qui ont donné libre cour à leur rhétorique et à leur entreprise d'endoctrinement pour embrigader la jeunesse tunisienne. Quiconque dirait, à juste titre d'ailleurs, « Et la liberté d'expression et de conscience ? ». Certes, de ce point de vue, le principe est sauf, bien que ces prédicateurs ne brillent pas par leur dialectique ou leur souci de débattre, leur objectif ultime étant de faire l'apologie de la doctrine wahhabite et de persuader les tunisiens à en adopter les préceptes et à en grossir les rangs. C'est là toute la différence ! Il est quand même difficile à admettre, même au nom de la liberté, de recevoir des charlatans dont le discours bafoue l'identité, la personnalité et le fondement culturel de notre pays, insulte notre mémoire et notre intelligence et verse le fiel dans l'esprit, déjà vulnérable et tourmenté, de nos jeunes. Quatrième paradoxe.


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