C'était, ce dimanche, le Top départ de la campagne officielle aux élections présidentielles en Tunisie. Des élections qui mettront en lice pas moins de 27 candidats, l'ISIE refusant à ceux d'entre eux qui l'ont souhaité, le droit au retrait avec les honneurs. La campagne a, donc, démarré en trombe, ce weekend, comme pour répondre à ceux qui sont en train de s'user les semelles dans les couloirs des palaces tunisois, dans un marathon désespéré pour priver le peuple tunisien du droit d'élire son président, en lui en imposant un à leur convenance. Un, surtout, qui sera appelé, le temps venu, à tirer le tapis de sous les pieds du gouvernement qui va être constitué autour de Nidaa Tounes, et qui ordonnera, pour ce faire, la dissolution du parlement, et de nouvelles élections. Il faut dire que celles qui viennent de se dérouler n'ont pas eu les résultats escomptés par nos marathoniens de l'ombre. Donc, les candidats désireux de croire en leurs chances jusqu'à la dernière minute, y sont allés avec force et véhémence, pour rappeler à ces messieurs que les tunisiens tiennent à l'exercice de la démocratie, et qu'ils vont faire appel au verdict des urnes, pour que le meilleur gagne. Nous n'allons pas, ici, traiter des programmes avancés par les candidats, vu que nombreux d'entre eux ne semblent, même, pas connaitre les prérogatives qui seront allouées au prochain locataire de Carthage. Nous n'allons pas, non plus, rentrer dans des calculs sorciers afin de comparer les nombres de participants à chaque meeting, car il suffirait de regarder du côté des loueurs de bus et autres moyens de transport en commun pour imaginer le nombre faramineux de tunisiens qui se font, à chaque occasion, transporter de ville en ville, dans le sillage de leurs candidat favori. Nous allons, simplement nous pencher sur les lieux et villes choisis par les différends candidats pour démarrer leurs campagnes. Ces lieux étant hautement significatifs, reflétant, si ce n'est les intérêts qui animent le candidat, du moins, l'endroit et la partie dont il sent tirer sa légitimité. Ce faisant, force nous est de constater qu'un des candidats, au moins, émerge du lot, et a entamé sa campagne dans une ville qui n'est ni sa ville natale, ni son terrain de chasse habituel. En effet, si Marzouki a choisi, par exemple de démarrer sa campagne d'une salle de l'avenue Bourguiba, ce n'est certainement pas autant pour le nom de l'avenue, que pour l'historique de cette artère, et le fait qu'elle ait été le théâtre des manifestations du 14 janvier 2011. Donc, du moment que ni lui ni les siens, n'y étaient en janvier 2011, Marzouki a choisi de prendre possession de l'avenue et de s'ériger en dernier templier de la révolution. Il a, dans ce même sens, annoncé qu'il appellerait les jeunes à redescendre dans la rue, si jamais les élections tournaient mal (à son goût). Ailleurs, Hachemi Hamdi a choisi, lui, tout naturellement, sa ville natale de Sidi Bouzid, entouré des siens et de sa famille, essentiellement. Dans un élan qui témoigne de sa peur viscérale pour sa vie, peur qui l'avait empêché de rentrer avant ce samedi. Il se sent, donc, plus en sécurité chez lui, parmi les siens, tombant du coup, inconsciemment, dans le piège d'un candidat à la présidence, qui consacre dès sa première apparition l'esprit de clans et de tribus, tant décrié par tout le monde. Toujours dans le souci de commencer par l'endroit et le symbole d'où il tire sa légitimité, Béji Caïed Essebsi fixa son choix sur Monastir, et plus précisément sur le cimetière où est enterré Bourguiba. Car Essebsi estime être le digne héritier du Zaïm, et son disciple. C'est à ses yeux, probablement, la seule source de légitimité dont il jouit. Quitte à paraitre aux yeux des tunisiens, surtout des jeunes qui pensent avoir fait leur révolution, un peu vieux jeu, et du même coup, assez rétrograde par rapport à la réalité de la donne en plein 21ème siècle. Mais il parait, aussi, qu'il n'est pas le seul à revendiquer sa filiation de Bourguiba, puisqu'il a été devancé de 24 heures par un autre postulant à la présidence, Kamel Morjane, en l'occurrence qui se sent plus proche du Zaïm de part son appartenance au Sahel. Il était, donc, prioritaire, et c'est pour çà que dès samedi, il est allé se recueillir sur la tombe de Bourguiba, prétextant l'inauguration de son bureau de campagne de la région. Mais alors, dans ce cas, qu'est ce que Mondher Zenaïdi est allé faire à Sfax, et qu'y est-il allé chercher, lui le Kasserinois fier de ses origines et le tunisois du côté de sa mère ? Mondher Zenaïdi a répondu à notre interrogation, avec son sourire habituel, qu'il ne comprenait pas le sens de cette question. Qu'il était tunisien avant tout. Un tunisien qui, plus est, entend être le président de tous les tunisiens. Il a ajouté que le président de la république ne doit connaitre aucune limite territoriale à l'intérieur de son pays. Il a dit son extrême gêne de voir ce qui se véhicule ces derniers jours sur les réseaux sociaux en rapport avec un fossé qui se serait creusé entre la Tunisie du Nord et celle du Sud. Enfin, il a ajouté qu'il avait opté pour Sfax comme ville de démarrage de sa campagne pour mettre l'accent sur l'importance vitale de cette ville dans l'Etat tunisien. Sfax a, et est toujours, un grand bastion du patriotisme. C'est un grand pôle économique, industriel et agricole avec un potentiel à même d'aider à sortir le pays du marasme actuel. Et ensuite, Sfax est non pas la capitale du sud, comme on a eu l'habitude de le dire, mais la jonction réelle et effective entre le nord et le sud, et elle est bel et bien le symbole de l'unité du pays. Voilà pourquoi, a-t-il précisé, il a choisi Sfax, car elle est le symbole de l'union de tous les tunisiens. Et c'est dans cette union sacrée que réside la solution de tous nos problèmes. Car c'est seulement après l'union de tous les tunisiens, que la sécurité et l'économie pourraient suivre quasi automatiquement.