Finalement, notre illustre ministre du tourisme est parvenue, à peine quelques semaines après sa prise de fonction, à démentir tous les pronostics qui prédisaient son échec dans sa mission ministérielle, et qui prétendaient qu'elle a obtenu ce fauteuil grâce, d'abord à son appartenance au parti majoritaire, mais aussi, à sa fortune personnelle qui lui aurait ouvert les portes de la gloire. Mais loin de tous ces pronostics et cette médisance, Selma Elloumi a réussi à faire ce qu'il y avait à faire, et a trouvé les idées qui n'avaient même pas effleuré les méninges de ses prédécesseurs, pourtant mieux prédisposés qu'elle à la réussite, notamment côté formation ou expérience. Et elle vient de démontrer, définitivement, aujourd'hui, à l'occasion de sa visite à Kairouan, à tous ses détracteurs, qu'elle a trouvé la solution miracle pour sortir le tourisme tunisien du marasme, et ce, malgré la crise et malgré la conjoncture économique et sécuritaire du pays. Et elle a commencé pour ce faire, par le trop fragile secteur de l'artisanat, qui souffrait désespérément de l'absence de marchés et pliait devant la rude concurrence des produits « made in China ». En effet, lors de sa visite à Kairouan, ce mercredi 29 avril, Selma Elloumi a décidé de faire bouger les choses et donner l'impulsion nécessaire à l'artisanat, en aidant les artisans à écouler, en un clin d'œil, leur production qui leur était restée sur les bras. Et pour ce faire, il lui a suffi de mettre la main à sa poche, et de sortir son chéquier pour, tout simplement, acheter ce qu'il y avait d'exposé comme tapis et mergoums, « à la grande joie et le bonheur des femmes artisanes présentes sur place » ont tenu à préciser les médias chargés de la couverture de l' « évènement ». Voilà, donc, une bonne chose de faite, et le tour est joué concernant l'artisanat. Ne reste plus, maintenant, qu'à résoudre la crise des hôtels et autres structures touristiques. Et selon la nouvelle stratégie de Mme la ministre, la chose est, on ne peut plus, facile. Elle va, certainement, offrir aux employés des entreprises qu'elle gère, des séjours dans les hôtels, et des circuits touristiques, voire même des voyages à l'étranger. Et le tour sera joué, et la saison sera définitivement sauvée. Non, mais sans rire ! Est-ce qu'il va devenir impossible de trouver, de nos jours, un ministre qui comprenne ne serait-ce que les abc de son domaine, ou, au moins, les abc de la finance ? Est-ce que notre honorable ministre ignore que le pays a besoin de faire tourner ses structures hôtelières pour faire rentrer des devises, vitales pour la survie de l'Etat ? Est-ce qu'elle pense, sérieusement, qu'en achetant quelques pacotilles de chez des artisans, elle allait changer la donne ? Même si cela lui aura coûté la bagatelle de huit mille dinars ? Serait-elle de l'avis de certaines gens qui croient qu'en promouvant le tourisme intérieur, on allait résoudre le problème du tourisme ? Est-ce qu'elle pense sérieusement qu'en faisant « tourner » quelques milliers de dinars en interne, elle allait contribuer à créer la richesse ? Ou alors, serait-elle en pleine campagne électorale sans qu'on ne le sache ? Et auquel cas, elle se porte candidate à quoi ? Vivement le réveil ! Car apparemment, le cauchemar commence à peser sérieusement.