Le scénario de l'attaque terroriste perpétrée ce lundi du côté de Sidi Bouzid, illustre à merveille, et résume, l'Etat grave de schizophrénie que vit la Tunisie depuis un certain temps. Une schizophrénie où on trouve des islamistes qui utilisent comme bourriques, des pseudo-militants de gauche, et le plus beau, c'est que ces derniers les croient. Une schizophrénie où les politiques qui ont favorisé, et fermé l'œil sur la montée en puissance des groupes terroristes déclarent, maintenant qu'ils entendent les combattre. Une schizophrénie qui fait qu'un vieux cheikh veut se démarquer de ceux qui, pourtant lui rappellent la fougue de sa jeunesse. Une schizophrénie où un ministre combat les salafistes takfiristes et donne l'autorisation au parti qui les représente pour manifester dans la capitale. Une schizophrénie où un président de la république taxe certaines parties étrangères de terroristes et qui en reçoit les émissaires pour « négocier » avec eux. Une schizophrénie qui fait que le pays ait deux représentations diplomatiques dans un seul pays près des deux forces ennemies en place. Une schizophrénie où les tunisiens qui triment en Libye se font kidnapper et maltraiter, et parfois tuer, alors que les libyens, par centaines de milliers savourent la belle vie en Tunisie, en bons rentiers qu'ils sont. Une schizophrénie où la principale centrale syndicale du pays, sensée défendre les travailleurs et le peuple, est en train de le mener à sa perte. Une schizophrénie où les enseignants réclament des augmentations pour un travail qu'ils ne sont pas en train d'accomplir... Et on en passe. Une schizophrénie, comme nous le disions au départ, parfaitement illustrée par l'attaque terroriste de ce matin à Sidi Bouzid, où un agent de l'ordre qui allait sécuriser un examen national boycotté par les enseignants, se fait tuer, justement, par un de ces enseignants.