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«La manipulation commence dans les cercles secrets des mosquées»
Mazen Chérif, expert en stratégie prospective
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 11 - 2013

Les premiers attentats-suicide cachent la longue descente aux enfers de l'endoctrinement et de la manipulation dont le spécialiste des courants religieux et terroristes Mazen Chérif dévoile la méthode.
Une déflagration aux portes d'un établissement hôtelier et des fragments de chair déchiquetée... Dans la littérature d'Al Qaïda, l'attentat-suicide se programme aussi comme un show et vaut par son côté spectaculaire. Que cachent sa préparation et ses coulisses ?
Le terrorisme jihadiste ne se réduit pas à un attentat et c'est une erreur de le considérer ainsi. C'est une industrie globale et un commerce. En Tunisie, la préparation a commencé bien avant la révolution avec la diffusion de la pensée wahhabite à travers les chaînes satellitaires et Internet. En tant que pensée qui prône le takfir, le wahhabisme est le foyer contemporain du terrorisme. Mais la mobilisation intense et réelle n'a démarré qu'après le 14 janvier avec l'occupation des mosquées par les imams wahhabites. Car, quel que soit le rôle des méthodes virtuelles, le ralliement et la mobilisation directs restent les plus pénétrantes. Puis, avec la bénédiction du ministère des Affaires religieuses qui a largement couvert la wahhabisation des mosquées et s'est fait le porte-voix de l'appel au jihad en Syrie, le travail de mobilisation a commencé à se faire à travers les prêches ordinaires et plus en profondeur à travers les cercles secrets des mosquées pour atteindre un stade de haine et de détestation du monde qui poussent droit vers l'assassinat et le suicide.
Les Tunisiens sont sous le choc : les acteurs des attentats terroristes ont bien souvent moins de vingt ans. Comment se fait précisément leur endoctrinement, où, avec quels moyens et quelles méthodes ?
C'est une industrie, avec ses théories, ses techniques, son savoir-faire, ses finances prospères, ses commerces et ses grands moyens. En Tunisie, elle a été généreusement financée par le biais des fondations et des associations étrangères dites caritatives opérant illégalement. C'est sous le couvert de l'humanitaire que la pensée wahhabite takfiriste a été diffusée à travers les mosquées et puis plus en profondeur dans des lieux de mobilisation et d'endoctrinement secrets. Pour cela, tous les moyens et toutes les méthodes sont bonnes pour enfanter un jihadiste prêt à se faire exploser, à tuer et se faire tuer : le sexe à travers le jihad du niqah pour révéler un coin de paradis, la drogue pour amoindrir les réflexes et les facultés cérébrales et bien d'autres formes d'envoûtement et même d'ensorcellement. On use des moyens même de la délinquance. Les aînés travaillent à provoquer chez le jeune sujet le mal spirituel suivi par la culture du sacrifice et de la mort. Les méthodes sont les mêmes que celles de tout endoctrinement. C'est la manipulation spirituelle et cérébrale qui passe par la suggestion, l'autosuggestion, l'hypnose individuelle et collective, l'hallucination. On touche à la programmation neurologique et linguistique de l'être. Ce qui est plus pernicieux encore c'est que les maîtres de la manipulation se servent des lieux, des théories et des procédés mêmes du développement personnel pour obtenir le contraire : la destruction totale de la personnalité.
Si rien n'est fait, tout cela sera désormais beaucoup plus facile et plus «productif», avec le foisonnement incontrôlé des jardins d'enfants wahhabites. On aura tôt à faire à des enfants précocement endoctriné, à la personnalité déjà amoindrie.
Avec les ingrédients de l'attentat-suicide et en frappant en plein centre urbain et touristique, les attentats de Sousse et Monastir marquent pour beaucoup d'analystes un tournant du terrorisme en Tunisie... Comment l'expliquez-vous ?
Selon ma propre théorie, le terrorisme en Tunisie est déjà passé des deux étapes antérieures (la théorisation et le takfir ) à la dernière phase qui est celle de la déflagration et de la destruction de l'Etat. Dans cette logique, il y a eu l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis, les incendies des forêts, les assassinats politiques. L'opération de Châambi contre les soldats de l'Armée nationale s'inscrit dans la phase de l'affaiblissement de l'Etat. L'attentat de Sidi Ali Ben Aoun contre les agents de la Garde nationale signe la tentative de la destruction de l'Etat. Les derniers attentats veulent faire croire à la chute totale de l'Etat. Ils se présentent sous une forme chronologique. Ils frappent à l'Histoire en ciblant la symbolique de Bourguiba, au présent et à l'avenir en s'attaquant à des intérêts économiques. La récente accélération du rythme des opérations fait croire à une précipitation qui s'explique soit par l'accentuation de la lutte, soit par la perspective de la sortie de crise.
Après chaque opération terroriste, il y a des voix qui s'élèvent pour prôner l'innocence des salafistes et Ansar Echaria et prétendre qu'ils sont «victimes d'infiltration et de manipulation» ? Concrètement, est-ce possible ?
Ansar Echaria est une nébuleuse, une entité un peu abstraite aux contours flous. Elle a des racines et des ramifications locales et étrangères. Elle a des liens avec Al Qaïda et ses cellules dormantes. Je préfère parler de courants takfiristes jihadistes en général. Leur infiltration est possible mais cela n'a aucune importance puisque la pensée takfiriste est en soi la matrice de la pensée terroriste, de la culture et du commerce de la mort. Toutes les opérations terroristes actuelles ont pour couverture idéologique la pensée wahhabite et les cheikhs du wahhabisme. Et c'est là que le gouvernement d'Ennahdha a commis des erreurs parce que le mouvement compte des wahhabites en son sein. Certains de ses dirigeants n'hésitent pas à faire des éloges à Mohamed Ibn Abdelwahhab. Rached Ghannouchi se réfère à Ibn Taymiya dans ses œuvres. Le ministre des Affaires religieuses et le nouveau Mufti sont des wahhabites... Le gouvernement a mis deux ans à couvrir le développement de cette pensée et de toutes ses implications matérielles. Il continue à faire la sourde oreille aux prévisions et aux avertissements des experts et des spécialistes. Le projet de loi antiterroriste qu'il est en train de discuter est un vrai cadeau pour les terroristes. Le résultat est là. Il faut maintenant que le mouvement Ennahdha révise le fond wahhabite de son idéologie et se démarque de son aile takfiriste. Il est encore et toujours possible de faire sa rédemption.


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