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Un homme pas comme les autres
Entretien du lundi - Adnène Helali (ENSEIGNANT, HOMME DE THEÂTRE)
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 12 - 2013

Adnène Helali, enseignant de français au lycée avenue Ali-Belahouane de Nabeul, agitateur ou aventurier culturel libre... C'est ainsi qu'il se présente à ceux qui ne le connaissent pas pour faire court.
Enseignant de français féru de théâtre, comment s'est fait le déclic ?
Etudier Racine, Molière, Feydeau, Anouilh.. .encourage habituellement les étudiants à tenter le théâtre même dans un cadre universitaire ou scolaire..La soif culturelle dont j'ai souffert, enfant, dans notre campagne, a accentué cette passion...
Le passage par le théâtre universitaire fut une expérience marquante pour vous et déterminante pour votre parcours
Au théâtre universitaire, j'ai eu la chance d'être encadré par Hichem Rostom et Hafedh Jedidi. J'ai appris à monter un atelier et je suis resté fidèle à leurs leçons. Partout où j'ai enseigné, j'ai animé des ateliers de théâtre et de lecture, à Hassi El Frid, à Rakhmet, à Sbeïtla, à Mida et à Nabeul.
Au Fitum (Festival international de théâtre universitaire de Monastir), j'ai eu le prix de la meilleure interprétation masculine en 2000 avec mon spectacle Zangra. Un spectacle basé sur des textes de Brel et que je présente depuis cette date-là. Ce même spectacle, que je continue à jouer aussi souvent que cela sera possible, ouvrira le village francophone à Korba aujourd'hui lundi 16 décembre.
La Belgique et surtout Jacques Brel ont marqué votre personnalité. Qu'est-ce qui vous attire dans son œuvre ?
Brel est un module dans mes leçons pour mes élèves. Nos amis belges ont soutenu mon projet qui est devenu un atelier permanent dans mes activités. Mes élèves ont interprété le texte de Zangra dans de nouvelles reprises : l'île de Zangra et La Caserne de Zangra... En 2011 j'ai fêté chez Sadika la 200e représentation de Zangra qui est le seul spectacle théâtral en langue française qui a fait le tour des collèges ruraux de Kasserine et des lycées des régions intérieures, puisque les grands spectacles prévus par l'IFT sont exclusivement programmés dans les «grandes villes».
France Brel m'a envoyé une lettre de remerciements pour avoir diffusé l'œuvre de Brel (son père), l'ex-déléguée de Wallonie-Bruxelles, Mme Anne Lange, s'est déplacée avec moi dans les tournées de Zangra et actuellement je collabore bien avec M. Daniel Soil... Bref, j'aime les Belges, ils sont humanistes et s'investissent intelligemment dans la vie culturelle ...L'humanisme belge ne cesse d'oxygéner la francophonie en Tunisie...
Les fables de La Fontaine sont votre support artistique pour les troubadours mais aussi un outil pédagogique, parlez-nous de cette expérience ?
Je ne suis qu'un troubadour est déjà une belle chanson de Brel...J'ai monté avec mes amis le premier groupe de Troubadours à Nabeul. L'idée a plu dès la première tournée. Nous avons lancé ce groupe de jeunes artistes nomades sur le mont Zaghouan en mars 2011. Notre première création est les Fables de La Fontaine qui a été représenté l'année dernière dans 30 villes tunisiennes...Nous sommes allés à Redayef, à Sidi Bouzid, à Fériana, à Boucehbka (sur la frontière tuniso-algérienne)... Les Troubadours effectuent leur tournée non-stop sous le slogan «Nous sillonnons notre pays en chantant»...
Les Troubadours font des petits un peu partout, comment s'est transmise cette expérience?
Notre tournée nous a permis de nous créer des amis, et par conséquent de nouveaux noyaux de Troubadours. L'année dernière, nous avons rassemblé 200 Troubadours de Kasserine, de Jammel, de Zaghouan, de Dar Chaâbane, de l'Ariana, de Kélibia et de Nabeul au centre culturel Neapolis à l'occasion de la fête de la langue française. Ils ont chanté ensemble La Fontaine. Cette année, on est en train de créer de nouveaux groupes à Sidi Ali Ben Aoun (Sidi Bouzid), à Sawef, à Melloulech, à La Chebba et à Foussana. Cet exercice a été apprécié notamment par les enseignants car il encourage à la lecture et permet d'explorer notre chère patrie dans des ambiances festives...
Vous êtes le fondateur du Printemps de Sbeïtla, qu'est devenue cette grande manifestation ?
Le Printemps de Sbeïtla est une véritable aventure culturelle. Je l'ai fondé avec mes amis en 2001 et il nous a offert l'opportunité de discuter sur terrain un projet culturel à l'intérieur du pays...L'édition 2013 a été annulée afin de réorganiser la manifestation. Le Printemps de Sbeïtla fait son retour cette année via la Marche des Fleurs prévue le 30 mars prochain à l'avenue Bourguiba...
Vous êtes aussi poète présentez-nous ces deux personnages éponymes de vos deux recueils ?
En 2009 j'ai publié mon premier recueil Faratito, en hommage à un fou SDF qui a tant animé les rues et quartiers de Sbeïtla. Mon deuxième recueil fut Zalabani (ou les Opérettes de New-Fetula)...à travers le portrait de notre ami, feu Mohamed Sifi, j'ai repeint le fameux quartier sbeïtlois Al Malagi. La mort de Faratito sur le trottoir d'une banque et de Zalabani sur les chemins de fer m'a inspiré ces deux hymnes dédiés aux papillons massacrés de ma chère ville...
Vous êtes originaire de Sbeïtla, que représente pour vous votre région, comment voyez-vous le travail que vous entreprenez depuis des années dans ces régions éloignées de la capitale ?
Ces régions éloignées de la capitale sont un champ propice d'une véritable action culturelle loin des clichés et des focus médiatiques abusifs. Le dévouement de la jeunesse de ces régions nous a été d'un grand soutien durant ces tentatives culturelles. Pour moi, Sbeïtla est ma capitale culturelle, Tunis est la capitale politique, économique...Grégoire s'est réfugié à Sufetula au 7ème siècle et l'a préférée à Carthage.
Vous êtes à l'origine de la création du théâtre de poche scolaire au collège de Rommila (Nabeul), racontez-nous cette expérience?
Ce projet est mon idée mais notre ami Lotfi Bettayeb, directeur du collège Rommila, l'a joliment concrétisé. C'est un partenariat réussi entre les Troubadours et ce collège qui mise sur le culturel. Le même collège vient d'inaugurer Le théâtre de poche scolaire qui est une nécessité culturelle si l'on souhaite défendre le 4e art.
Jusqu'à quel point croyez-vous que le théâtre est une activité essentielle pour la jeunesse d'aujourd'hui ?
Les jeunes adorent monter sur scène et faute d'ateliers et d'espaces théâtraux, ils ont opté pour des expressions plus faciles et parfois banales comme le rap et le hip hop..
La Fête des bergers, un concept que vous venez de lancer il y a deux ans, en quoi ça consiste et c'est quoi la philosophie qui est derrière ?
Les régions de l'intérieur du pays sont complices dans la marginalisation de leurs spécificités culturelles. Elles tombent dans le piège de l'imitation des manifestations qui ont fait un succès dans la capitale et les autres grandes villes. La vie culturelle à l'intérieur du pays est trahie par le manque de moyens et surtout par le manque d'originalité. Dans nos campagnes, les habitants deviennent de moins en moins fiers de leur héritage. Ils se sont moqués de nous lorsque nous avons lancé cette édition qui leur est dédiée. C'est la rupture schizophrénique avec la mémoire, voire avec le vécu. Un berger qui songe à devenir pêcheur. La grenouille qui veut se faire aussi grosse qu'un bœuf. Alors que les plats de grenouille sont plus chers et recherchés que ceux du veau.
La Fête des bergers a aussi un enjeu économique lorsqu'on apprend que le cheptel de brebis et de chèvres dans la région de Kasserine diminue affreusement et est menacé de disparition. Valoriser les bergers c'est stimuler le développement économique de ces campagnes et monts. La Fête des bergers prévue cette année du 25 au 26 avril sera organisée en collaboration avec le Salon de la Sorbonne et essayera de développer des activités scientifiques et littéraires autour des pâtres..
Vous venez de lancer le centre culturel de la montagne à Jbel Semmema, présentez-nous ce projet ?
C'est dans ce cadre que nous avons lancé la Fête des bergers. 60% des habitants de Kasserine sont ruraux, c'est-à-dire dépourvus de toute activité culturelle. Et l'on est surpris lorsqu'on apprend qu'ils sont recrutés par les terroristes... Notre projet de centre culturel dans la montagne de Semmama est un projet de lutte radicale contre l'obscurantisme naissant. La vie des montagnards est un sit-in culturel permanent. Nos actions ont eu un succès remarquable comme Les Journées théâtrales de la montagne, La Fête du romarin, «La Montagne chante»... On n' a pas encore un local et pour cela la troupe de rap et hip hop est allée répéter dans les grottes.
Seuls les habitants de ces campagnes sont capables de ratisser leur mont et d'y éradiquer l'obscurantisme et cela en les armant de culture. Les actions militaires sont éphémères puisque les Américains ont fini par s'enfuir de Tora Bora en dépit de leur arsenal de bombes. Un centre culturel est plus efficace qu'une caserne dans une telle lutte.
Durant tout votre parcours, vous avez certainement rencontré des difficultés, mais qu'est-ce qui fait que vous tenez bon toujours avec la même fougue pour que les enfants de Sbeïtla et d'autres aussi puissent accéder à un bout de rêve ?
Ces obstacles font partie de la fête et lorsque l'ex-gouverneur de Kasserine a montré une hostilité envers notre Printemps et nous a privés de subventions, nous avons lancé notre exposition itinérante «Le Printemps de Sbeïtla ; le rêve volant» qui a été ouverte à Varsovie en mars 2005, qui a visité Bruxelles, Tournai, Toulon, Gérone, Buenos Aires et qui va reprendre sa tournée au mois de janvier par l'étape de Naplouse (Palestine).
Pour réussir l'expérience des Troubadours, je ne me suis pas contenté du noyau de Nabeul. Bientôt nous aurons 20 groupes dans tout le pays. Les obstacles sont habituellement montés par des imbéciles qu'on peut facilement flouer. Quant aux moyens, j'ai appris à trouver des formules économiques pour réaliser mes idées.


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