Décidément, la polémique suscitée par la visite de Sarkozy n'est pas prête de s'atténuer, et ses déclarations à partir de notre pays, de même que le but réel de cette visite, n'en finissent pas de soulever l'indignation, et même, disent-ils, la colère des tunisiens résidents en Europe, et spécialement, en France. Tunisie Numérique a eu un entretien avec Riadh Jaïdane, député indépendant à l'ARP, représentant, justement, les tunisiens de l'étranger, et qui a bien voulu transmettre aux tunisiens et plus spécialement à la classe politique, le sentiment laissé par cette visite, qualifiée de la honte, chez nos compatriotes expatriés en Europe. Riadh Jaïdane a expliqué que nos expatriés ne comprenaient pas comment l'Etat ait pu dérouler de cette manière criante le tapis rouge à Sarkozy, alors qu'il ne représente aucune partie officielle en France. Il ajoute qu'il est aberrant de vouloir prétendre que Sarkozy ait été invité en Tunisie, non pas par l'Etat, mais par le parti Nidaa Tounes, car il n'y a qu'à voir le nombre énorme d'officiels qu'il a rencontré, à commencer par le président Béji Caïed Essebsi, de même que le programme qui lui avait été concocté, classiquement réservé aux hommes d'Etat. Jaïdane a ajouté que les tunisiens à l'étranger s'étonnent que l'Etat tunisien invite un personnage qui n'avait jamais caché son aversion des maghrébins vivant en France, à témoins les projets de lois que ne cessent de présenter ses amis, qui étaient, d'ailleurs, avec lui à Tunis, pour priver les français d'origine maghrébine de leurs droits civiques. Nos concitoyens résidents à l'étranger ne comprennent pas, non plus, que l'on puisse dérouler le tapis rouge à un individu qui a causé tellement de tort au pays, directement ou indirectement. Il a rappelé que rien qu'en ce qui concerne le rôle qu'il avait joué pour déstabiliser la Libye, il est largement responsable de la situation sécuritaire critique que vit ce pays et qui se répercute dramatiquement sur la Tunisie. Et il faudrait s'attendre au pire de sa part et de la part de son « complice » Bernard Henry Lévy concernant l'Algérie qui est désormais dans leur point de mire. Notre interlocuteur a ajouté que, non content d'avoir causé ce tort aux tunisiens, Sarkozy se permet, lors de sa visite, de brouiller notre pays et nos dirigeants, avec nos voisins les algériens, qui sont beaucoup plus précieux pour les tunisiens et pour leur sécurité que Sarkozy et ses lieutenants. D'ailleurs, concernant les objectifs cachés de cette visite, Jaïdane précise qu'elle rentre dans le cadre d'une campagne électorale française intéressant les élections régionales en attendant le prochain scrutin présidentiel. Et sur ce plan, il s'étonne de cette prise de position inhabituelle, et contraire à l'éthique diplomatique, de la Tunisie pour une partie politique française contre une autre, en ce qui se perçoit comme une flagrante ingérence dans les affaires internes d'un pays étranger souverain. Pour terminer, Jaïdane rappelle encore une fois la colère et l'indignation des tunisiens de l'étranger, comme celles des algériens, d'ailleurs, qui, dit-il, ne connaissant que trop le personnage, ne s'étonnent de rien de sa part, mais ils reprochent à l'Etat tunisien de telles « bévues ».