La SNCF est condamnée pour ne pas avoir accordé à des travailleurs immigrés, des chibanis marocains, le statut de cheminot. Une condamnation qui va coûter cher à la SNCF. L'entreprise ferroviaire a été condamnée ce lundi pour discrimination envers plusieurs centaines de chibanis marocains, a annoncé le Conseil des Prud'hommes de Paris. Le terme «chibani», en arabe, désigne le «vieil homme» ou les «cheveux blancs». En français, il caractérise essentiellement les travailleurs que la France a fait venir du Maghreb et qui sont aujourd'hui retraités. Le jugement condamne la SNCF pour «discrimination dans l'exécution du contrat de travail» et «dans les droits à la retraite». Des dommages et intérêts Plus de 800 cheminots de nationalité ou d'origine marocaine ont déposé des recours affirmant avoir été bloqués dans leur carrière et lésés à la retraite. Selon un conseiller prudhommal, la SNCF a été condamnée dans neuf dossiers sur dix. Les condamnations sont en moyenne assorties de dommages et intérêts d'environ 200 000 €, ce qui représente un total proche des 140 millions d'euros, a indiqué l'avocate Clélie de Lesquen, qui a salué de «très belles décisions». La fourchette des dommages et intérêts va de «150 000 € à 230 000 €», selon Abdelkader Bendali, professeur marocain au côté des plaignants. Statut des cheminots Parmi les 150 personnes présentes, plusieurs ont crié : «Vive la République, vive la France, vive la justice !» Les plaignants, travailleurs immigrés venus du Maroc au début des années 1970, réclamaient chacun en moyenne 400 000 € de dommages et intérêts. Embauchés comme contractuels, donc avec un CDI de droit privé, ces agents à la retraite, ou proches de l'être, ne relèvent pour la plupart pas du statut particulier des cheminots, plus avantageux, réservé aux ressortissants européens et aux jeunes embauchés. Dans tous les cas, y compris pour les cheminots naturalisés ayant accédé au statut, ils affirment avoir été «cantonnés» aux plus bas niveaux de qualification et avoir été lésés.