Américains et Français s'inquiètent de la dégradation de la situation en Libye, où les islamistes cherchent à déstabiliser la démocratie tunisienne,a écrit lundi le journaliste Michel Colomès dans un article publié dans le site du journal Le Pont.fr. Si la situation de chaos perdure en Libye, l'entrée fracassante de la Russie dans le conflit syrien risque indirectement de l'aggraver. Car dans le cas – probable – où les djihadistes seraient chassés de leurs positions en Syrie ou en Irak, ils peuvent se replier vers la Jordanie ou le Liban, mais surtout vers la Libye, dont l'état de déliquescence favoriserait ce reflux. Proximité avec la Tunisie Ainsi, la ville de Sabratha, à 70 kilomètres de la frontière tunisienne, sert déjà de point de transit, à l'aller comme au retour, à un grand nombre de volontaires qui veulent aller faire le djihad dans les rangs de Daesh. De même que la région de Derna, entre mer et montagne, est devenue, selon certains spécialistes du terrorisme, une base de repli pour les combattants de Daesh, comme l'ont été pour Ben Laden et ses hommes les grottes de Tora Bora dans l'est de l'Afghanistan. Les Américains, qui, depuis des mois, coopèrent avec les Français dans la lutte contre les bandes islamisées d'Aqmi au Sahel, ont donc souhaité rapprocher leurs moyens d'observation et éventuellement de frappe de la Libye. C'est pourquoi leurs drones Reaper, stationnés à Niamey au Niger pour compléter les moyens d'observation déployés par la France dans le cadre de l'opération Barkhane, vont être prochainement déployés en Tunisie. Ce qui laissera l'armée française dans le Sahel seule avec ses propres drones : trois Reaper également, mais qui, contrairement aux appareils américains, sont équipés pour l'observation, et pas pour l'attaque.