Le risque de voir d'autres monts «contaminés» persiste... en dépit de l'intensification de raids aériens Au lendemain du déclenchement de «la bataille de Jebel Chaâmbi» pour déloger les combattants d'Al Qaïda, nous avions prévenu, sur ces mêmes colonnes et dans une mise en garde exclusive, contre le risque de voir d'autres monts «contaminés» par le cancer de la nébuleuse intégriste, persuadés que celle-ci «excelle» dans ce genre de bataille. En attestent des précédents inoubliables au Pakistant, au Yémen, en Libye, au Mali et en Tchétchénie. Mais c'est incontestablement en Afghanistan et en Algérie où «la guerre des montagnes» avait fait le plus de dégâts au début des année 90, ce qui a assuré, à l'époque, une longévité certaine aux poches de résistance terroristes, tant en Algérie où le bras de fer «montagnard» a duré une bonne décennie, qu'en Afghanistan où les Américains, face à l'accumulation des pertes humaines et matérielles, ont dû se résoudre à ... raser la tristement célèbre montagne de Tora Bora, sans pour autant arrêter ou tuer un certain Ben Laden qui y était embusqué des mois durant ! Ironie du sort, c'est bel et bien à un «remake» que nous assitons aujourd'hui quelque part à Jebel Chaâmbi. Là où les terroristes avaient...élu domicile depuis le mois d'avril dernier sans en être chassés, à nos jours, en dépit du recours aux raids des chars, aux frappes aériennes et à des équipements de détection électroniques sophistiqués importés d'Europe et d'Amérique. Le jeu du chat et de la souris En s'éternisant de la sorte, la bataille de Jebel Chaâmbi, que certains promettaient naïvement expéditive, est venue administrer la preuve irréfutable que la victoire n'est pas pour demain, s'agissant d'un ennemi passé maître en matière de bonne gestion de «la cavale montagneuse», tactique défensive chère à Al Qaïda et qui tire sa force d'une organisation rigoureuse dans les domaines de la protection des caches, de l'approvisionnement en produits alimentaires et des attaques surprise, outre les prières en groupes et l'application du rite du jeûne pour... prendre son mal en patience ! Or, le problème est que cette tactique varie selon «l'évolution de la situation». En effet, quand l'étau se resserre de plus en plus sur leurs grottes, les jihadistes s'empressent d'ouvrir un autre front sur un autre mont, afin de déboulonner le «siège» et de désarçonner l'ennemi. Et c'est ce que nous constatons aujourd'hui, avec le signalement de groupes de jihadistes ayant trouvé refuge dans les montagnes du Kef et de Jendouba qui relayent ainsi celle de Jebel Chaâmbi. Risques potentiels Dès lors, c'est dans plusieurs monts que la traque des jihadistes est désormais lancée, ce qui nécessite le renforcement des effectifs militaires et sécuritaires mobilisés pour les besoins de la cause, ainsi qu'un recours plus intensif aux raids aériens et à la participation des chars de combat. Un modus operandi qui a été jusqu'à présent d'une grande utilité pour avoir réussi à pulvériser plusieurs caches, à tuer un bon nombre de terroristes et à saisir d'importantes quantités d'armes et de munitions. Cependant, nous partageons la crainte de ceux qui mettent en garde contre le fait d'axer tous les efforts sur les seules régions montagneuses séparant la Tunisie et l'Algérie. Tout simplement parce que les jihadistes restent toujours capables d'investir les monts éparpillés un peu partout sur le territoire. Les survols de plus en plus fréquents des avions de surveillance signalés récemment sur un grand nombre de montagnes situées à Kairouan, Gafsa, Mahdia, Bizerte, Béja et Ariana, sont-ils le prélude à de nouvelles batailles des grottes?