Lors d'un point de presse tenu ce lundi 17 décembre au siège du département, le ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub a révélé de nouvelles données sur l'assassinat de l'ingénieur tunisien Mohamed Zouari. Le ministre a commencé par livrer un bref rappel des faits: Mohamed Zouari, 49 ans, spécialiste en aéronautique et plus spécialement dans la fabrication de drones connu pour son appartenance au courant islamiste et ayant rejoint la cause palestinienne a été tué par balles le 15 décembre 2016 devant son domicile de Menzel Chaker à Sfax. Condamné par contumace à plusieurs reprises, Mohamed Zouari, qui détient la nationalité belge, a regagné le territoire tunisien en 2011 à la faveur d'une amnistie générale. L'ingénieur tunisien se faisait discret depuis quelques mois et a constitué une association pour l'aéronautique. Le ministre s'est ensuite penché sur les circonstances épineuses de cet assassinat dont la planification a commencé en juin 2016. S'il a insisté sur le caractère prémédité de ce crime et évoqué une éventuelle implication d'un appareil de renseignement étranger, Hédi Majdoub a refusé de mettre en cause le Mossad à qui Hamas, branche armée de la résistance palestinienne attribue l'assassinat. L'allégeance de Mohamed Zouari au Hamas a à peine été écarté. Sur les circonstances de cet assassinat dont la planification a débuté en juin 2016, le ministre a évoqué le rôle d'une jeune femme résidente au gouvernorat de Zaghouan. En surfant sur internet, la jeune femme trouve une offre d'emploi. Au mois d'août, elle se déplace à Vienne pour passer un entretien. L'offre d'emploi concernait la création d'une société de production de films documentaires pour le compte d'une chaine malaisienne. Ayant obtenu le poste, la jeune femme est ensuite mise en contact avec un intermédiaire étranger d'origine arabe. Il lui est demandé de se concentrer sur Mohamed Zouari avec qui elle réussit à tourner plusieurs reportages fournissant, ainsi, des informations cruciales aux commanditaires de l'assassinat. Le 13 décembre 2016, soit deux jours avant l'assassinat de Mohamed Zouari, il est demandé à cette jeune femme de louer deux voitures pour l'organisation d'un évènement à Sfax et de quitter le territoire tunisien en direction de Budapest. La jeune femme a regagné la Tunisie le 16 décembre 2016 . Deux hommes, l'un résident à Zaghouan, l'autre à Tunis, sont chargés de cette mission. Selon les instructions, ils remettent les voitures dans un endroit précis de Menzel Chaker à Sfax, où Zouari a été tué et dissimulent les clés. Tous les appels téléphoniques sont effectués à partir de puces téléphoniques d'un opérateur national à travers les réseaux WhatsApp et Viber. C'est ainsi que non loin de la scène du crime, deux voitures, l'une de type Renault Trafic et l'autre de type Kia Picanto sont découvertes. Dans la première voiture, 5 douilles et un pistolet 9mm sont retrouvés. La deuxième voiture contient des traces de sang et un liquide ayant servi à dissimuler les empreintes. Un pistolet muni de silencieux, 3 douilles, deux téléphones portables sont également retrouvés dans cette voiture. Les deux commanditaires ont, parallèlement, fomenté un deuxième plan si le premier venait à échouer. Deux hommes, ayant surfé sur le même site internet, sont chargés d'acheter deux voitures, de louer un domicile et de remettre les voitures dans un endroit bien précis de la ville de Sfax. Pris d'un doute, Un des deux individus abandonne le projet et les deux étrangers sont contraints d'activer le premier plan. Le ministre a affirmé que 10 personnes ont été interpellées dans le cadre de l'enquête. Quatre voitures, deux pistolets et seize puces téléphoniques ont également été saisis. Il a affirmé que le site internet, minutieusement crée, a servi de base pour l'embrigadement et le recrutement de ces personnes. Des tunisiens ont été chargés de fournir l'aide logistique et financière pour ce meurtre, dont les motivations sont principalement liées aux activités et à la doctrine adopté par Mohamed Zouari. Hédi Majoub a insisté sur le caractère épineux de l'affaire et a affirmé que les informations sont données au compte-gouttes pour préserver la confidentialité de l'enquête.