Saisie de quatre véhicules et de deux pistolets mitrailleurs Le Mossad serait derrière le crime, selon le «Jerusalem Post» L'enquête sur le crime perpétré, jeudi après-midi à Sfax, sur la personne de Mohamed Zouari, ingénieur aéronautique de son état, a fait hier des avancées considérables. Les forces de sécurité chargées de l'affaire ont en effet procédé à l'arrestation de cinq personnes, à Djerba, Tunis et Sfax, soupçonnées d'être impliquées dans ce meurtre, domiciliées hors de la ville de Sfax. D'autre part, deux pistolets mitrailleurs ainsi qu'un silencieux ont été trouvés dans l'un des quatre véhicules de location saisis séparément et à des endroits différents. Tous les indices relevés portent à croire qu'il ne s'agit nullement d'un crime accidentel ni d'un meurtre fortuit commis par un seul auteur dans un moment de colère ou de folie mais bel et bien d'un assassinat longuement mûri et minutieusement planifié. En effet, selon des sources auprès de la famille de la victime, Mohamed Zouari, ce dernier est sorti pour chercher des papiers dans sa voiture stationnée devant son domicile, lorsque le drame a eu lieu, ce qui laisse penser qu'il était surveillé. Par ailleurs, la thèse du crime organisé est corroborée par l'utilisation au moins d'un pistolet automatique, calibre 09, muni d'un silencieux, sachant que, d'après diverses sources, il a été la cible de 28 tirs dont certains ont laissé leur impact sur la porte du domicile ou du garage du défunt et causé des dommages à sa voiture. De plus, on apprend que huit balles ont été extirpées de son corps. Tous ces éléments sont appuyés par un autre indice qui privilégie la thèse d'un meurtre commis par des professionnels. En effet, ces derniers auraient utilisé les quatre véhicules saisis dont trois voitures légères, une KIA, une Hyundai et une Citroën C4 ainsi qu'une estafette Renault Trafic, dans le but de faire perdre leurs traces. Il a fabriqué un drone sans pilote en 2013 Pour rappel, l'homicide avait eu lieu jeudi 15 décembre vers 14 heures. Mohamed Zouari a été trouvé mort dans sa voiture stationnée à proximité de son domicile situé à Merkez Ben Hmida, route de Menzel Chaker km 5,5. Quoique la victime ait été tuée par balle, personne dans les parages n'avait entendu de coups de feu. Moins de deux heures après, une voiture éclaboussée de sang aurait été trouvée à quelques centaines de mètres plus loin à Zenket Abbès. Le recoupement d'informations provenant de sources diverses permet de dire que la victime, 49 ans, ancien étudiant à l'Ecole nationale des ingénieurs à Sfax (Enis) et activiste islamiste au sein de l'Union générale des étudiants tunisiens, s'était exilé du temps de l'ancien régime pour s'exiler en Syrie où il s'était installé pour son compte et a pris épouse. Par la suite, il a été engagé par une entreprise turque. Après la Révolution, et à la faveur de l'amnistie générale, il est rentré à Sfax où il a repris et achevé ses études d'ingénieur aéronautique à l'Enis après 22 ans d'interruption. Il y a enseigné jusqu'à son décès, tout en préparant son doctorat. Parallèlement, il a continué à exercer dans la même entreprise turque, tout en travaillant alternativement — car la nature de son travail en Turquie lui en donnait la possibilité — comme directeur commercial dans une société privée. Mohamed Zouari est également le fondateur du Club aéronautique du sud. Il était connu pour son génie inventif. En effet, le 28 juin 2013, l'avion sans pilote qu'il a inventé a réussi son baptême de l'air au-dessus des salines de Menzel Chaker. Le drone a plané dans les airs à une altitude estimée à quelques centaines de mètres et à une vitesse approximative de 120 km/heure. La griffe du Mossad Selon «Jerusalem Post», le Mossad serait derrière l'assassinat de Mohamed Zouari, identifié au sein de l'Agence d'espionnage israélienne comme «l'ingénieur» du Hamas. Le journal, qui cite la chaîne 10 israélienne, ajoute que Zouari faisait l'objet d'une surveillance rapprochée depuis quelque temps. Il souligne que les personnes interpellées sur place en Tunisie seraient de nationalité européenne et maghrébine dont un Hollandais et un Marocain. Le doute plane aussi sur une soi-disant journaliste hongroise qui a interviewé «ce militant opérationnel du Hamas» tout juste avant son assassinat. Il est à signaler qu'elle a quitté la Tunisie immédiatement après la rencontre.