Un croisement, somme toute, banal, comme tant d'autres, sur le réseau routier tunisien. Il se situe à la sortie sud de Bennane, une ville du Sahel. Un rondpoint comme on en voit un peu partout, à la différence près, que celui-ci nous mène, sans qu'on le sache, vers l'au-delà. Il s'agit de la fameuse route ceinture, reliant Bennane aux autres villes du Sahel, comme Ksar Helal et Moknine. Une route ceinture attendue pendant des années, car supposée faire éviter aux usagers de la route, des kilomètres de bouchons, en contournant les villes de Ksar Helal et Moknine, dans les rues des quelles, la circulation était devenue « inqualifiable ». Cette route, on l'a attendue longtemps, même après qu'elle ait été fin prête. Car elle a été maintenue fermée à la circulation, des années durant. Mais au final, elle a été ouverte aux usagers pressés de contourner les villes en chapelet du Sahel, pour poursuivre, plus au sud. Donc, et par définition, cette route ceinture, bien qu'elle représente un détournement assez long, constituait une solution pour les pressés. Mais les automobilistes pressés, en l'empruntant, n'ont aucune idée du piège mortel qui les y attend : Un passage à niveau, ou plutôt, un croisement simple entre la route et la voie ferrée. Car ce « croisement », ne possède rien des composantes « obligatoires » d'un passage à niveau. Ni barrières, ni signal lumineux, ni même un garde barrières, fût-il sans barrière. Un croisement, qui, une fois dépassé, car il est quasiment impossible à détecter avant, vous donne des sueurs froides, et des frissons qui vous descendent le long du dos. Imaginez : Vous roulez allègrement, voire assez rapidement, et, tout d'un coup, vous-vous rendez compte que vous venez de l'échapper belle, car vous venez de traverser une voie ferrée, qui aurait pu vous mettre face à face avec une locomotive, c'est-à-dire, face à face avec la mort. Aucune signalisation, à part un banal panneau de Stop, qui n'a rien à faire là-bas. Et onn remarque, après que ceux qui s'y sont frottés avant deviennent méfiants, et marquent un petit arrêt, voire une décélération, avant de traverser, alors que la majorité des usagers, sautent le passage à pleine vapeur, sans s'en apercevoir. Sachant que, de nuit, ce piège mortel n'est nullement éclairé. Quand Monsieur le ministre des transports, va-t-il saisir qu'il est payé pour se soucier de la sécurité de ses concitoyens ? Quand va-t-il comprendre que devant de telles situations, il vaut mieux prendre les devants et prévenir les catastrophes, au lieu de s'user à courir derrière, et à trouver, à la suite de chaque drame, un bouc émissaire, à qui on fait payer la facture ? Quand va-t-il, enfin, comprendre que la vie du tunisien devrait être ce qu'il y a de plus précieux chez lui ? Et quand va-t-il se rendre compte que l'état de grâce dans lequel il évolue ne pourrait lui durer éternellement ?