Jamais la Tunisie n'aura été aussi morose. Jamais la situation sociale et économique n'aura été aussi catastrophique. Et il ne s'agit point d'une impression, ou d'une illusion. Il s'agit d'un malaise chiffré. Et les chiffres, qui ne savent pas mentir, sont là ! Leur jugement est implacable. Rien ne va plus, et on n'a plus le droit d'attendre que cela empire. Les chiffres parlent, et exigent une prise en main du pays, et de façon urgentissime. Les chiffres parlent et disent que leur évolution ne veut dire qu'une seule chose : Nous ne sommes pas sur le bon chemin, et ce qui est en train d'être fait ne peut qu'aggraver la note. Les chiffres sont là, et ils sont impitoyablement, là. Mais comme le tunisien a horreur de se prendre la tête avec les chiffres et avec les équations à plusieurs inconnues, il suffirait de dire que tous les voyants économiques de la Tunisie sont au rouge. Ils sont au rouge pourpre, au rouge sang, au rouge danger ! Il suffirait d'en citer quelques uns, les plus simples à retenir pour comprendre que la Tunisie a, désormais de fortes chances d'accéder au Guinness Book, grâce à ses records de médiocrité : Des dépenses publiques qui plafonnent à 46.5%, du jamais vu, nulle part, à part, peut-être le cas d'école de Cuba. Des recrutements de 2011 à 2017, de l'ordre de 197 mille nouveaux employés, tous inutiles au fonctionnement de l'administration. Une majoration des salaires de l'ordre de près de 8% par an, pour près de 0% de production. Une dette de plus de 70% du PIB. Des stocks de devises d'à peine 78 jours d'importation. Des caisses sociales déficitaires à hauteur de près de 4 milliards de dinars... Des chiffres qui pointent du doigt l'origine du malaise de tous les tunisiens, du pouvoir d'achat fracassé, de l'inflation galopante, des pris inaccessibles, de l'aggravation du chômage... Des chiffres qui crient le holà. Des chiffres qui poussent à la réaction immédiate. Des chiffres qui appellent à se remettre en question. Des chiffes qui appellent au changement immédiat. Des chiffres qui témoignent d'une mauvaise gouvernance par une mauvaise équipe, immature, irresponsable et incompétente. Des chiffres qui laissent perplexe quand on se rappelle que l'équipe gouvernante, de nos jours, a été désignée pour exécuter un document supposé salvateur, celui de Carthage. Or on se rend compte que cette équipe est bien loin d'approcher ces objectifs, ni même de faire quelque chose pour y parvenir. Des chiffres qui pointent du doigt, aussi, l'immaturité et l'incompétence de la classe politique du pays. Une classe politique qui a fait ses preuves d'incompétence en matière de gestion de l'Etat. Donc, des chiffres qui appellent à écarter les politiques des affaires de l'Etat, et à désigner, de toute urgence, une équipe de compétences performantes, pour tenter, un tant soit peu, un semblant de relance, en croisant les doigts, et en espérant qu'il ne soit pas, déjà, trop tard !