Il devient évident à tout le monde que la Tunisie se retrouve dans une situation plus que critique qui pourrait évoluer soit vers le dénouement, soit, au contraire, vers l'aggravation et la dégringolade. Ce qui vient de se passer en Egypte, est justement, le résultat d'une situation quasi identique, avec l'irruption d'une « révolution » suivie d'une période de transition chaotique, close par des élections qui ont placé les islamistes au pouvoir. En Egypte comme en Tunisie, l'exercice du pouvoir a vite fait de mettre à nu, une immaturité et une incapacité des islamistes à gérer un Etat, d'autant plus que ceux-ci ont insisté à exclure les compétences du pays sous prétexte de leur appartenance aux anciens régimes. En Egypte comme en Tunisie, la population a vu d'un mauvais œil la volonté, ou plutôt, l'acharnement des islamistes à modifier le style et le mode de vie auquel elle était habituée depuis des siècles. En Egypte comme en Tunisie, on voyait d'un mauvais œil la soumission des équipes au pouvoir à l'ingérence de nouveaux pôles d'influence issus, on ne sait comment, du fin fond du golfe arabique. Vu qu'en Egypte comme en Tunisie, on a été élevé dans le respect du sacré de la dimension de l'Etat, de la Nation, on ne comprenait pas pourquoi ces nouveaux dirigeants s'entêtent à vouloir effacer cet enracinement nationaliste pour le remplacer par une allégeance à d'autres pôles de dimension internationale, à l'instar d'une certaine confrérie prônée par certains, comme d'une internationale socialiste prônée par d'autres voire même la dimension nationaliste arabe souhaitée par d'autres. En Egypte comme en Tunisie, surtout, et c'était là, la goutte qui a tout fait déborder, on ne supportait plus la misère, les restrictions, la pauvreté galopante, contrastant avec un enrichissement trop rapide et trop voyant de la classe politique. Les égyptiens ont, en désespoir de cause, opté pour la rue, et pour l'appel de l'armée à la rescousse ? Et cette option a donné une situation encore plus électrique et plus tendue, mais qui est de l'avis de la majorité, meilleure et de loin, que la précédente. Ils trouvent que c'est, en effet, une situation plus explosive, mais qui sera plus ou moins, rapidement résolue. Et certains commencent à apercevoir, au loin, le bout du tunnel. Le tunisien, lui, ne sera probablement pas acculé à suivre cette voie. Car le meilleur parti qu'on puisse tirer du scénario égyptien, c'est d'en tirer, justement, des leçons. Il sera, donc, permis à la classe dirigeante en Tunisie de tirer les leçons de la crise égyptienne, et d'agir en conséquence pour avorter un tel projet en Tunisie, et faire de sorte que les erreurs qui ont causé le « dérapage », comme ils se plaisent à l'appeler, en Egypte, ne se poursuivent pas en Tunisie. Ils doivent apprendre ou réapprendre à être fiers de leur histoire, de leur pays, de ses coutumes et de ses traditions. Ils doivent aussi arrêter de vouloir importer et imposer un modèle de vie qui ne satisfait pas le tunisien. Ils doivent surtout être fiers de l'Islam qui est incrusté dans l'âme du tunisien et qui n'a rien à envier aux autres modèles qui sont plutôt agressifs et virulents, contrastant avec les enseignements même de notre noble religion. Ils doivent réinvestir dans la dimension d'Etat et de Nation qui sont en déperdition, à la faveur d'une politique de soumission à des forces d'influence étrangères. Ils doivent comprendre que ces forces sont certainement, derrière le chaos que vit le pays, puisque sans ce chaos et sans cette agitation, ces forces ne pourront jamais imposer leur loi en Tunisie. Ils doivent, surtout, éviter ce qui a le plus été reproché à Morsi et à son parti, c'est-à-dire, d'avoir accaparé le pouvoir sans consensus et sans partage, d'avoir exclu les concurrents, d'avoir investi les rouages de l'administration en la vidant de ses compétence, et d'avoir nourri et cautionné la haine et la violence. La solution, à la tunisienne, commencerait donc par la décision de dissoudre et d'interdire les soi-disant ligues de protection de la révolution qui maintiennent un climat de violence et d'instabilité, l'abandon du projet de loi d'immunisation de la révolution, car il finira par condamner l'administration tunisienne à la médiocrité et à l'incompétence, la révision des centaines de nominations qui ont été effectuées sur des bases partisanes, et revenir à la règle des nomination suivant la compétence, l'arrêt de la chasse aux sorcières qui cible les anciens cadres et les hommes d'affaires pour permettre une relance rapide du processus économique... Il faudra aussi, et c'est d'une importance vitale, faire la lumière sur les zones d'ombre qui entachent toujours certains évènements « sécuritaires » qui ont secoué le pays, en n'oubliant pas de faire la lumière sur ce qui s'est réellement passé en janvier 2011.