Il semblerait, de prime abord, délacé de parler du sujet épineux qu'est la multiplication, à des niveaux inimaginables, des infractions commises par certains commerçants en matière des tarifs adoptés ou, pire encore, en matière de non-respect des règles d'hygiène. D'aucuns répliqueraient que, justement, avec le début de Ramadan, les contrôles se faisant de plus en plus pressants et fréquents, ils ne voient pas pourquoi aborder un tel sujet en ce moment précis. Eh bien, justement, il paraitrait, à en juger des résultats, que toutes ces campagnes tape-à-l'œil ne servent pas à grand-chose. Ce qui laisse les consommateurs abandonnés à leur sort, face à tous les types de dépassements, au point qu'une ébauche de vent de panique a commencé, depuis plusieurs mois, à s'installer et à s'ancrer dans les esprits des tunisiens qui deviennent suspicieux à propos de tout. Il faut reconnaitre que ces campagnes, qu'on essaie de médiatiser outre mesure, ne sont nullement efficaces. Et ce pour plusieurs raisons : D'abord, elles ne sont que ponctuelles et articulées autour de dates classiques immuables, ce qui fait que tous les commerçants s'y préparent à l'avance. Ensuite, parce qu'elles se trompent souvent de cible et s'en prennent aux petits commerces, alors que les grandes surfaces sont loin d'être exemptes de tout dépassement. Par ailleurs, la majorité des consommateurs se ravitaillent auprès de ces grands centres et non sur les étals souvent ciblés par les campagnes de contrôle. Enfin, parce que ces campagnes ne sont jamais suivies de répressions dignes de ce nom. Ce qui procure aux commerçants indélicats un sentiment d'impunité, qui les laisse dépasser toutes les « lignes rouges » pour emprunter ce terme si cher à Tabboubi et à ses camarades. Face à ces insuffisances et par peur pour leur santé et, surtout, pour celle de leurs enfants, les tunisiens s'organisent comme ils le peuvent. D'aucuns ont eu l'idée de lancer sur les réseaux sociaux, des pages pour dénoncer les dépassements qu'ils enregistrent au cours de leurs courses. Des pages qui connaissent un intérêt certain et dont les membres ou fans, se comptent par dizaines de milliers. Des pages qui publient des images à couper le souffle, ou à donner froid dans le dos, tellement les dépassements des commerçants sont incroyables. Cela va de la « simple » hausse illégale des prix, à la fraude au poids, pour arriver la vente de produits périmés et avariés. Et pas sous n'importe quelle enseigne ! Jusqu'à quand l'Etat et les ministères responsables aussi bien du commerce que de la santé, vont-ils négliger la santé et la vie des citoyens ? Il faut dire qu'ils ont beaucoup de choses, plus intéressantes à faire ! Comme par exemple, se bagarrer pour tel ou tel poste, ou arpenter les plateaux des médias, pour racoler les électeurs. Mais, il faudrait faire gaffe, car si on continue à trop jouer de la vie et de la santé de leurs enfants, les tunisiens, risquent de s'organiser d'une toute autre manière, en passant du simple fait de dénoncer les dépassements, et devant l'absence de réaction des autorités, à se faire justice eux-mêmes... Ce qui va mener le pays vers une cascade de problèmes.