Les signataires du Document de Carthage II se sont entendus ce vendredi pour le parapher après que les experts en aient peaufiné la version finale, à l'issue de moult tractations, qui n'ont toutefois pas aplani toutes les divergences. Au-delà du contenu et des priorités du programme convenu et sur lesquels les experts ont pu trouver un terrain d'entente en écartant tout point de litige en mesure d'attiser les divergences, l'épineuse question du gouvernement de Youssef Chahed divise toujours. En effet, concernant le sort du gouvernement Chahed, les différentes parties signataires se sont alignées en deux camps, ceux qui sont pour le départ de Youssef Chahed et un remaniement profond et ceux qui sont pour le maintien du chef du gouvernement avec l'option d'un léger changement au niveau de l'équipe gouvernementale. Ainsi, l'UGTT, Nidaa Tounes, l'Union des femmes et l'UPL sont pour le départ de Chahed alors que dans le camp d'en face on retrouve l'UTICA, Ennahdha, l'UTAP, Al Massar et Al Moubadara qui veulent son maintien Rappelons que le directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïed Essebsi, a justifié dans un post sur sa page Facebook la position de son parti, soulignant que le gouvernement Chahed a échoué sur tous les plans et ne dispose d'aucune vision pour l'avenir. Dans une longue plaidoirie, Hafedh Essebsi a énuméré les domaines d'échecs du gouvernement, notamment, la détérioration des indicateurs économiques, le pouvoir d'achat, l'inflation, la chute du taux de change du dinar, la faillite des caisses sociales et autres, dont l'échec des négociations salariales avec les organisations syndicales. Le directeur exécutif de Nidaa Tounes a balayé d'un revers de main l'argument de stabilité avancé pour justifier le maintien de Youssef Chahed, affirmant que le pays est engagé résolument dans une transition démocratique irréversible. A contre-pied, Ennahdha a plaidé pour la continuité afin de préserver la stabilité du pays, soulignant que si un remaniement a lieu il devra être fait avec "sérieux et étude". Lors d'une rencontre entre le président du parti, Rached Ghanouchi et les députés du bloc Ennahdha, il a été convenu de la nécessité de faire preuve de prudence à l'égard de toute décision de remaniement gouvernemental. Néanmoins, en dépit de ces positions diamétralement opposée, rien n'a encore été décidé définitivement sur le sort du gouvernement de Youssef Chahed étant donné que le président de le République, Béji Caïed Essebsi, qui a écouté tout le monde, n'a pas encore tranché pour l'une ou l'autre possibilité. Ce silence a laissé tout le monde dans l'expectative, suspendu au verdict que va émettre le président Essebsi et qui pourrait avoir lieu aujourd'hui. On rappelle que le président de la République a rencontré séparément jeudi le chef du gouvernement, Youssef Chahed et le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi. Une rencontre qui a été interprétée par certains analystes comme une tentative de rapprocher les points de vue entre Youssef Chahed et Taboubi lequel aurait formulé des exigences pour le maintien de l'actuel chef de gouvernement. En tout cas, vivement que cette question du gouvernement soit tranchée le plus rapidement possible car elle n'a fait qu'approfondir la crise politique en maintenant une ambiance d'incertitude dans le pays. Une situation qui influe sur la marche du pays et sur le fonctionnement de l'administration et de l'économie au ralenti, en attendant l'issue de ces tractations politiques préjudiciables au pays qui passe par un moment délicat de son histoire.