Par Abdelhamid Trabelsi Savez-vous que la monnaie en papier coûte excessivement cher à notre pays et qu'elle est la source de plusieurs des maux qui le rongent ? D'abord la monnaie liquide est imprimée à l'étranger, sur du papier spécial et avec des techniques très précises qui la rendent chère. Or, le tunisien est peu soigneux des billets de banques qui lui passent entre les mains et la BCT est obligée d'en réformer de grandes quantités tous les ans à des prix exorbitants. D'un autre côté, les temps sont devenus moins certains. Tous les jours la police reçoit des plaintes pour braquages et autres vols à la tire. Même les banques que nous croyions sûres deviennent les cibles d'attaques à main armées. Ensuite, les billets qui passent discrètement "de la main à la main" cachent de vraies gangrènes : la fraude fiscale, la corruption et la contrebande. Un certain nombres de mesures devraient être prises pour lutter contre ces fléaux. La Tunisie doit compter près de 4 millions de salariés dont près de 50% sont payés en liquide. Est-ce que vous imaginez les montants qui sont retirés du système bancaire tous les fins de mois et que les bénéficiaires ne dépensent souvent que petit à petit le long du mois? Ne serait-il pas plus judicieux de les conserver en banque et de n'effectuer des retraits qu'au besoin, ce qui pourrait améliorer les disponibilités des banques ? D'un autre côté, il est très difficile d'effectuer un contrôle fiscal ou administratif strict à partir du moment où une grande partie des transactions se fait en liquide. Voilà ce que je préconise : 1. D'abord il faudrait que la Loi interdise le paiement en espèces de tout salaire supérieur à 100 ou au maximum à 250 dinars. Tous les paiements doivent s'effectuer par virements. Les salariés qui n'ont pas de compte bancaire ou postal doivent solliciter l'obtention d'une carte e-dinar. La délivrance des cartes bancaires sous toutes leurs formes doit se faire gratuitement. Je ne comprends pas pourquoi la banque vous remet un chéquier gratuitement mais vous fait payer une redevance à la délivrance d'un carte bancaire. Par ailleurs, il serait nécessaire de multiplier les bornes de distributeurs de Billets. 2. Il faudrait obliger chaque commerçant ou prestataire de services, pharmaciens, médecins… à se prémunir d'un TPE et d'accepter sans aucune restriction les paiements par carte. Par contre, l'Etat doit négocier avec les banques afin de supprimer ou de réduire au plus bas les commissions retenues sur les commerçants. 3. Une Loi doit obliger les banques à exiger de leurs clients un délai de 24 ou de 48 heures pour tout retrait en espèces supérieur à 500 dinars et envisager de faire payer une commission sur ces retraits. De plus, tout retrait supérieur à mille ou peut être cinq milles dinars doit faire l'objet d'une déclaration sur la destination de cet argent. 4. Tous les actes de vente devront désormais mentionner le mode de paiement et interdire la mention de paiement en espèces pour des montants supérieurs à une certaine somme. Les avocats et les notaires doivent vérifier et mentionner le mode de paiement. Les municipalités doivent refuser la légalisation de signature et la recette des finances doit décliner l'enregistrement des actes ne mentionnant pas ce mode de paiement qui doit exclure celui en espèces. Il doit en être de même des factures des commerçants. 5. Dès que possible, l'Etat doit faciliter les nouveaux modes de paiements électroniques qui ne sont pas encore en vigueur ou pas encore banalisés dans notre pays. 6. Une fois ceci rodé et mis en place, la dernière formalité doit être le changement de tous les billets de banques en circulation. Mais cette permutation ne doit pas se faire "billets contre billets". Les anciens billets devront obligatoirement être versés dans des comptes bancaires ou postaux, sans avoir à en justifier la provenance. Une fois cet argent à l'intérieur des banques il sera difficile de l'en ressortir sans suivre la nouvelle procédure. Imaginez tout l'argent détenu dans les "caisses noires" des commerçants et non déclaré au fisc, tous les capitaux internés dans des chambres fortes par les barrons de la contrebande et qui doivent soit rentrer dans le système bancaire, soit perdre toute leur valeur parce que la possibilité d'échange serait limitée dans le temps. C'est un chantier qui doit prendre beaucoup de temps, qui doit coûter de l'argent à l'Etat mais qui finira par rapporter gros au Trésor et concourir à plus de justice devant l'impôt et devant le respect des lois. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!