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Cartes à puce et petite monnaie
Publié dans WMC actualités le 14 - 08 - 2006

A la fin 2004, 1,77 milliard de cartes bancaires émises par les réseaux généralistes circulaient dans le monde, dont 60% portaient le label Visa et 33 % celui de Mastercard, loin devant American Express (3%) et Diners Club (1%)… Et Nilson Report, la lettre d'information américaine qui fait autorité en matière de paiement électronique, en dénombrait 29,2 millions dans les neuf pays africains où leur usage est le plus répandu : Afrique du Sud, Maroc, Maurice, Botswana, Kenya, Tunisie, Zimbabwe, Seychelles et Ghana. Soit 1,6% du total mondial et un taux de pénétration de 3,6% au regard des 800 millions d'habitants que compte le continent. «Au Kenya, un marché pourtant considéré comme semi-mature, moins de 1% des Kényans possèdent une carte. Dans le reste de l'Afrique, ces moyens de paiement n'existent quasiment pas», admet Nivan Bijou, responsable du développement de Mastercard pour le continent. Sans oublier que les Africains, comme 4 milliards d'individus sur terre, utilisent essentiellement l'argent liquide et sont en retard de deux générations : «En Europe, les grands-parents utilisaient le cash, les parents le chèque et les enfants ont une carte bancaire». «Ce décalage s'explique par le manque d'infrastructures, mais aussi par l'absence d'éducation financière», ajoute Rob Clark, le vice-président de Visa International en charge de l'Afrique subsaharienne.
Leaders mondiaux, les deux groupes sont aussi en concurrence frontale sur le continent. Faute de statistiques dignes de ce nom, il est bien difficile d'arbitrer le match qu'ils s'y livrent. D'autant plus qu'ils ont beau jeu de se retrancher derrière des obligations légales de non-divulgation du nombre de leurs titulaires. En outre, la prépondérance du marché sud-africain, qui compte 81% des 29,2 millions de cartes recensées par Nilson, fausse l'analyse dans le détail des stratégies engagées dans d'autres pays.
La domination de l'Afrique du Sud n'est pas seulement due à sa richesse. «Elle a été l'un des premiers pays au monde à se doter de cartes bancaires dans les années 1960», rappelle Rob Clark, de Visa. La première carte de crédit a été mise en circulation en 1958 par Bank of America. Et si un Sud-Africain sur deux s'est aujourd'hui converti à ce mode de paiement, le contraste est énorme entre ceux dont le niveau de vie est de type occidental et l'extrême pauvreté qui règne chez les autres. L'initiative Mzansi, lancée en octobre 2004 par le gouvernement et les banques, a pour but de bancariser ces 17,6 millions de personnes qui ne disposent pas de compte en banque.
Une première constatation s'impose : le marché africain a tardivement décollé, avec l'introduction, dans les années 1990, des cartes de débit, la Visa Electron et la Maestro de Mastercard. Avec un tel moyen de paiement, le compte de l'utilisateur est débité au moment de l'achat ou du retrait (Pay Now) et non pas en fin de mois comme pour les cartes de crédit (Charged Card), qui proposent également une facilité de report du délai de paiement (Credit Card). Sur le total africain, 22,5 millions, soit 77%, sont des cartes de débit. Elles servent essentiellement au retrait d'argent liquide dans les distributeurs automatiques de billets (DAB), qui représentent 92% des transactions. Les achats chez les commerçants (8%) sont encore rares.
En Afrique du Sud, Visa fait jeu égal avec Mastercard en nombre de titulaires : environ 9 millions chacun. Le montant des transactions réalisées avec les cartes Maestro est cependant de 51% supérieur, signe que Mastercard vise une frange plus aisée de la clientèle. L'Afrique du Sud compte 18,7 millions de cartes de débit. Dans les autres marchés matures, le Maroc en recense 1,3 million, le Kenya 0,65 million, le Botswana 0,37 million. Maurice atteint 0,6 million de cartes pour une population de 1,4 million d'habitants.
Quant aux cartes de crédit, ce mode de paiement est quasi inexistant en Afrique, à l'exception de trois pays. Sur un total de 6,7 millions de cartes dénombrées, 5 millions sont utilisées en Afrique du Sud, 1,1 million en Egypte et 800 000 au Maroc. À l'inverse des cartes de débit, elles servent à 67% à régler des achats chez les commerçants et à 33% aux retraits d'argent.
Chacun des acteurs s'efforce de développer son emprise sur le marché africain. La double stratégie de Mastercard repose sur le choix de pays clés et sur l'accompagnement des banques dont il est partenaire. Le groupe a, par exemple, suivi la Stanbic sud-africaine en Ouganda, en Zambie et au Malawi. Ailleurs sur le continent, il mise sur certains marchés, à partir desquels il prévoit d'essaimer dans les pays voisins. Ainsi, en Afrique de l'Ouest, Mastercard a sélectionné le Sénégal, où ses cartes sont distribuées par la CBAO et la Société générale. Depuis novembre 2004, il est aussi présent au Nigeria, en partenariat avec deux banques. De même, Mastercard s'est implanté en RD Congo avant de se développer en Afrique centrale, de la même façon qu'il s'est d'abord installé au Kenya et en Tanzanie, en vue de se déployer en Afrique de l'Est.
De son côté, Visa, qui regroupe 21.000 banques, table actuellement sur «le potentiel de la Tanzanie, de l'Angola, de l'Ethiopie et du Ghana, en plus des pays clés déjà bancarisés, comme l'Afrique du Sud, le Kenya, Maurice, le Botswana ou encore le Mozambique», précise Rob Clark.
Double positionnement également pour American Express (Amex). Même si elle ne représente que 3% des cartes en circulation dans le monde, la société se doit d'étendre sa présence pour garantir le traitement de ses cartes dans des zones stratégiques, compte tenu de ses activités historiques dans le secteur du tourisme d'affaires. Amex est donc implantée dans dix-huit pays africains, notamment en Afrique australe (Afrique du Sud, Lesotho, Swaziland et Namibie), en liaison avec la banque sud-africaine Nedcor, qui émet des cartes de crédit pour son compte. Il s'agit uniquement de cartes de crédit.
En raison de son positionnement haut de gamme, Amex ne commercialise pas de cartes de débit. Dans les destinations phares, Amex a également noué des partenariats pour élargir son réseau de commerçants. Elle est, par exemple, liée à Barclaycard Africa dans quatorze pays (Kenya, Tanzanie, Zambie, Malawi, Ouganda, Ethiopie, Erythrée, Botswana, Gambie, Ghana, Seychelles, etc.). La Mauritius Commercial Bank la représente à Maurice, ainsi qu'au Sénégal, à Madagascar et au Mozambique par son réseau d'agents. «Avec l'objectif de conclure de nouveaux partenariats en Afrique de l'Ouest et centrale, notamment au Cameroun, en Côte d'Ivoire et au Gabon, dans les douze mois», souligne Pascal Guignard, responsable Afrique. Dans les autres pays, les commerçants ont toujours la possibilité d'établir un contact direct avec le centre Amex de Brighton, au Royaume-Uni.
Dans le détail, il faut distinguer deux marchés, celui de l'émission (issuing) de cartes sur le marché domestique et le marché de l'acquisition (acquiring), c'est-à-dire le traitement des cartes étrangères utilisées chez les commerçants.
Barclays, leader sur le marché de l'acquisition, accompagne Mastercard et Visa dans trente-huit pays d'Afrique. Le rachat par Barclays d'Absa, le numéro un sud-africain de la banque de détail, devrait donc accroître la diffusion des cartes de paiement.
Au final, l'ambition des banques africaines est de bancariser tous les pays d'Afrique sur les deux segments, émission et acquisition, à l'image du marché mixte de l'Afrique du Sud. Un objectif ambitieux, alors que la plupart des distributeurs automatiques de billets (DAB) en Afrique n'acceptent que les cartes de paiement de la banque qui possède le distributeur, et refusent les cartes au standard EMV (Europay Mastercard Visa).
Dans des pays plus équipés en DAB, comme le Maroc, se posera, à terme, le problème de modifier les équipements pour qu'ils traitent les cartes à puce.
Quant aux terminaux de paiement électroniques (TPE), ils sont encore peu présents chez les commerçants africains. Mais, «en l'absence de lignes téléphoniques fixes, les technologies de communication mobile, comme le GPRS, devraient permettre leur généralisation rapide, en toute sécurité et sans délai d'autorisation», observe Rob Clark, de Visa.
Si de nouveaux produits voient le jour, «l'Afrique est restée à la génération des cartes de base, précise Nivan Bijou, c'est-à-dire des cartes magnétiques, qui sont moins sécurisées que les cartes à puce». Certes, Mastercard a développé au Sénégal MoneySend, un système de transfert de fonds par carte de crédit. Et, en octobre, Mastercard et Visa devraient lancer, au Kenya, le paiement via le téléphone mobile. Une technologie que MTN, l'opérateur sud-africain, a déjà expérimentée de son côté. Mais ces nouvelles applications restent marginales. En revanche, la carte prépayée semble plus prometteuse. «Elle ne remplacera pas les cartes traditionnelles, mais constitue un moyen de paiement complémentaire, qui s'adresse à la population non bancarisée», explique Aziz Daddane, président de S2M, une société marocaine qui personnalise les cartes.
Une très grande part des Africains ne disposant ni de compte bancaire ni de cartes d'identité, le porte-monnaie électronique semble promis à un bel avenir. Il suffit de voir le succès du téléphone mobile pour s'en convaincre. Jetable ou rechargeable, plafonnée et donc sans risque bancaire, vendue en kiosque ou dans des agences, la carte prépayée représente plus de 85% de l'activité de la téléphonie mobile en Afrique.
Sur le même principe, Mastercard a lancé, en Afrique du Sud, un porte-monnaie électronique utilisant une carte prépayée, dotée d'un crédit de 100 dollars par exemple. Elle devrait bientôt faire son apparition au Nigeria. Au Cameroun, Afriland First Bank a défrayé la chronique en 2004 avec la I-card, le premier porte-monnaie électronique d'Afrique centrale. Après s'être inquiétée de la possibilité qu'elle serve à des opérations de blanchiment d'argent, puisque la carte est achetée cash, sans qu'il y ait ouverture d'un compte en banque, la BEAC l'a, finalement, tardivement agréée.
Autre application, S2M projette d'émettre une carte prépayée en devises, créditée du montant autorisé par l'Office des changes marocain. Son usage pourrait se généraliser aux pays africains, pour la plupart soumis à des restrictions de change.
Nombre d'observateurs estiment que la carte prépayée favoriserait la diffusion des moyens de paiement électronique et participerait à réduire la part de l'informel dans l'économie africaine. Si son introduction permettrait, bien sûr, de limiter la fraude fiscale, elle aurait aussi et surtout pour effet d'enclencher le cercle vertueux de la bancarisation. «L'argent qui dort caché sous le matelas, s'il était déposé sur un compte bancaire, autoriserait la banque à accorder de nouveaux crédits et à développer l'activité avec un fort impact macroéconomique, selon le principe du multiplicateur», considère Rob Clark, de Visa.
Il est vrai que l'institut de prévisions économiques Global Insight établit un lien direct entre la croissance des paiements électroniques et celle de la consommation.
En ce qui concerne l'Afrique du Sud, son étude évalue, en 2003, l'impact de la hausse de 10% de la part des paiements électroniques à une augmentation de 0,6% du PNB.
Autre bienfait des cartes de paiement, leur diffusion permet de réduire « le coût du cash, à savoir celui de l'impression des billets et surtout celui de la sécurité», ajoute Rob Clark. Manière de dire que le rattrapage de son retard dans la monétique est un enjeu essentiel pour le continent et pas seulement un marché lucratif.
(Source : http://www.jeuneafrique.com/jeune)


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