Que s'est-il passé depuis le 17 décembre 2010, il y a exactement huit ans? Pourquoi nos rêves d'une magnifique Tunisie, libre, juste, épanouie, souriante, solidaire se sont fracassés sur la sombre réalité de l'opportunisme le plus éhonté de notre élite politique, tous bords confondus ? Où est passé cet enthousiasme des premiers jours post Ben Ali ? Cette entraide entre les tunisiens, ces départs vers les régions éloignées de la capitale les coffres plein de présents et les cœurs remplis d'amour et de repentir ? Disparus malheureusement dès l'arrivée des partisans de l'islam politique, la nation tunisienne, comme sous l'effet d'un tremblement de terre destructeur, s'étant scindée irrémédiablement. Le clan en face, celui des progressistes prônant un état civil, n'ayant jamais su s'en remettre ni encore moins s'unir. Aujourd'hui c'est pire. Le même clan s'entredéchire. La situation de ce 17 décembre 2018 est tellement similaire au tristement célèbre 17 décembre 2010. Avec une différence de taille :En 2010 nous avions tous un ennemi commun, le dictateur. Aujourd'hui, alors que la situation est explosive, la misère étendue, la révolte et le sentiment d'injustice dans tous les cœurs, on discute chiffons, couleurs de gilets, provenance douteuse ou pas douteuse, mouvement spontané ou provoqué avec un chef de gouvernement enfermé dans sa tour d'Ivoire, la tête remplie de rêves de gloire et de pouvoir et un président de la République, entouré d'assoifés qui ne veulent plus lâcher la poule aux œufs d'or et ne rêvent que de se remplir les poches encore pendant les cinq années à venir. Les deux n'hésitant pas à user des manœuvres les plus destructrices pour le pays en terme d'alliances ou de compromissions, pour marquer des points contre le clan adverse. À tel point que dans l'impunité la plus totale a été assassiné samedi, le valeureux Khaled Ghozlani par l'ignominieuse faction terroriste qui avait déjà tué son frère, plongeant les tunisiens dans une grande tristesse et le sentiment que l'état se délite de jour en jour. L'image de la mère effondrée aurait dû provoquer des d'émissions en chaîne, mais elle a eu droit au contraire à un beau discours pompeux et solonnel du chef du gouvernement dans lequel, il lui promet de protéger sa famille, pour la deuxième fois consécutive avec beaucoup d'aplomb et sans la moindre gêne. Malgré tout cela, sous-jacente une Tunisie profonde veille et continue à y croire. De jeunes talents s'exposent. De magnifiques vernissages fleurissent. Des projets solidaires voient le jour. Des médecins tunisiens accomplissent des miracles. Notre huile d'olive, récolte de de l'or et des médailles. Nos rappeurs conquierent la toile, le grand Hannibal le revient en 3D sur les écrans géants d'Holywood et de jeunes geeks tunisiens remportent les concours les plus prestigieux de la planète. Je finirai donc par ces quelques mots d'Hermann Hesse qui sont une ode à l'espoir et aux valeurs essentielles: “La tendresse est plus forte que la dureté, l'eau est plus forte que le rocher, l'amour est plus fort que la violence.”