Le décès des onze nourrissons dans le centre de maternité de Wassila Bourguiba, si, toutefois, les poches de mélange pour la nutrition par voie veineuse sont confirmées comme étant à l'origine de l'infection qui a tué ces onze victimes… était prévisible, et donc, aurait pu être évité, si on se réfère à une étude clinique pratiquée dans certains hôpitaux de Tunisie, en 2015, par une équipe de chercheurs conduite par Dr Senda Bahri, Docteur en pharmacie actuelle directrice du laboratoire national de contrôle des médicaments et ancienne cheffe de service de la pharmacie à la maternité Wassila Bourguiba (justement). Cette chercheuse a, en effet, publié une étude clinique en 2015, concernant les conditions de préparation de ces poches de solutions pour alimentation par voie veineuse des nourrissons. Etude qui a été publiée dans le revue « Nutrition Clinique et Métabolisme » (Volume 29, Issue 2, May 2015, Pages 77-87). Etude intitulée « Enquête nationale sur la préparation des mélanges de nutrition parentérale en néonatologie dans les centres hospitaliers tunisiens ». A la conclusion de cette étude, la chercheuse a cité, pour reprendre ses propres termes « Différentes anomalies ont été mises en évidence, elles portent essentiellement sur l'absence d'une validation pharmaceutique du processus de préparation et une défaillance du contrôle des MNP (mélanges de nutrition parentérale). Il est, par conséquent, impératif de mettre en place des mesures correctives ». Par ailleurs, la chercheure a proposé tout un plan d'action, et de nombreuses recommandations pour pallier à cette situation inacceptable. Mais cette étude est demeurée lettre morte, et n'a suscité aucun intérêt chez les décideurs, y compris les scientifiques parmi eux! Mais au vu de ce qui s'est passé, ces derniers jours, il devient évident que les compétences tunisiennes n'ont plus à faire leurs preuves, mais à l'échelle internationale. Car chez elles, elles demeurent royalement ignorées, ainsi que leurs recherches. Et dire qu'il y a, certainement, d'autres systèmes de santé, à travers le monde, qui ont tiré la leçon de l'étude du Dr Bahri, et ont évité à leurs enfants des catastrophes similaires à celles que nous venons de subir. Pour résumer, nous avons les compétences. Mais elles sont royalement ignorées par un système complètement rouillé et pourri, coupable, preuve à l'appui, d'homicides par négligence.