L'occasion : Journal de 20h GMT de la chaine qatarie « Al Jazeera » du 09/01/2011 Acteurs : le journaliste présentateur « Jamel Rayen » lors de son interview avec Mr Samir Laabidi, ministre de la Communication et porte parole du gouvernement tunisien. Sujet : Les mesures politiques, économiques et communicationnelles du gouvernement tunisien face aux revendications sociales dans les régions à l'intérieur du pays. L'apparition du ministre tunisien de la communication au journal principal d'Al Jazeera a suscité beaucoup d'intérêt des observateurs de la nouvelle politique tunisienne en matière de communication face à cette période de crise surtout qu'elle succède à l'intervention de Mr Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération Internationale à la fin du mois de décembre dernier. Mais qu'est ce qui a le plus attiré notre attention ? Beaucoup de téléspectateurs tunisiens ont sûrement remarqué l'expression qu'a utilisée le présentateur du Journal de 21h, le journaliste « Jamel Rayen » lorsque le ministre tunisien a parlé d'un changement au niveau des politiques de communication et a appelé Al Jazeera à voir les choses telles quelles sont (comme l'a montré la chaine nationale Tunisie 7 à son journal de 20h !!). Le journaliste a répondu : « Peut être qu'Aljazeera assurera prochainement, le suivi et la couverture de ces nouvelles mesures qui seront prises au profit des jeunes tunisiens, de manière plus proche». A ce moment là, Mr Samir Laabidi, a répliqué par un sourire calme et confiant, qui donne matière à interprétation. Peut-on alors comprendre qu'Al Jazeera s'est finalement imposée comme étant une chaine reconnue par le téléspectateur tunisien et maintenant par son gouvernement ? Peut-on conclure que les relations « froides » entre la Tunisie et la chaine qatarie ont été « réchauffées » par la couverture exceptionnelle qu'a présentée Al Jazeera depuis le déclenchement de ces actions ? Peut-on revoir un bureau de la chaine en Tunisie qui diffusera en direct l'actualité du Grand Maghreb au lieu de celui fermé au Maroc le 31 octobre dernier, annonçant ainsi une nouvelle ère médiatique en Tunisie ? Plus de 15 ans après son lancement, on peut avancer qu'il existe 3 types de relations qui relient Al Jazeera avec les gouvernements arabes: 1- un premier type, unique en son genre, qui a dépassé le complexe de la liberté médiatique, et a accepté la chaine avec ses qualités et ses limites, pour lui permettre de travailler librement. Exemple le Liban. 2- un deuxième type de relation qui autorise la chaine d'avoir des bureaux sur un territoire tout en contrôlant ses correspondants, et parfois même en les arrêtant. Ce qui s'est passé avec le journaliste « Said Abdel Ghani » en Egypte, en est un exemple. 3- Le troisième type de relation concerne les gouvernements qui ont refusé d'accepter des correspondants de la chaine sur leurs territoires, et qui ont interdit a des personnes interviewées de s'adresser à la chaîne. En l'absence de bureaux au Maroc, en Algérie et en Tunisie, et compte tenu de la « forte » adhésion populaire aux programmes d'Aljazeera, les gouvernements doivent –ils réfléchir pour réviser leur stratégie de communication vis-à vis de la chaine?