Après la Révolution du 14 janvier 2011, la Tunisie politique, économique, sociale s'est retapé un nouveau look, un lifting quasi complet. Même le paysage audiovisuel veut se parer d'une nouvelle virginité. Une métamorphose du menu présenté par nos chaînes locales : Alwatanya 1, Nessma et Hannibal voit le jour. Malgré quelques réserves et objections formulées par les uns et les autres sur le contenu des plateaux télévisés et sur les quelques dérapages enregistrés, les Tunisiens se consolent avec les chaînes locales. Pour la première fois dans l'histoire du paysage médiatique tunisien, les chaînes locales connaissent un engouement sans précédent d'audience ou de pénétration hors du mois de Ramadan. Sigma Conseil vient de publier les principaux résultats de l'enquête réalisée sur l'Audience TV en Tunisien au mois de février 2011. L'enquête menée par les équipes de SIGMA Conseil couvre un échantillon de 7848 individus âgés de 10 ans et plus touchant 24 Gouvernorats du pays. La période d'enquête s'étale sur une semaine allant du 17 au 23 février 2011. La méthode employée est la technique d'entretien : CATI (interviews téléphoniques). Même si les méthodes adoptées par le bureau d'études de marché : Sigma Conseil, sont jugées non scientifiques et pour certains non crédibles, il n'en demeure pas moins que les résultats de l'enquête demeurent la seule source d'information évaluant ou estimant le taux d'audience ou pénétration pour la télévision dans le pays. A noter que le taux d'audience est défini par les auteurs de l'enquête comme étant la part du nombre des individus ayant suivi quelques programmes de cette chaîne au moins une fois durant ce jour sur le total des enquêtés concernés. « Le taux d'erreur d'échantillonnage maximal est inférieur à 1% », note le rapport. Selon le résultat de l'enquête, le classement des chaînes selon le taux de pénétration établi par région est comme suit : Alwatanya 1, Hannibal TV, Aljazeera, Nessma TV avec des taux respectifs de 43,3%, 23,9%, 12,2% et 10,9%. Par ailleurs, le classement effectué selon la catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage, le sexe et l'âge ne change pas d'ordre. Alwatanya 1 garde le même rang et le même taux de pénétration 43,3%, suivis de Hannibal TV, Al Jazeera, Nessma TV, Alarabia, MBC 4, France 24 Arabe, MBC , Rotana CINEMA et MBC 1. Ainsi une prédominance des chaînes locales est signalée dans la lecture du classement. Un classement qui ne tient qu'à ses auteurs. Ceci dit la mue progressive du paysage médiatique tunisien est hallucinante aux yeux de tous les téléspectateurs. Des plateaux variés de discussions par ci et par là laissant place parfois à la pluralité, à la divergence et tantôt au radicalisme. Même si cela se résume aux premiers pas du « bébé » c'est-à-dire la télé tunisienne, la trace est substantielle et ce, à plus d'un titre. Nous avons une grande boulimie pour les programmes constructifs et d'opinions touchant à la vie politique, économique et sociale du pays. La vision autrefois camouflée et censurée par le système. Néanmoins, l'appétit excessif à l'information, ne doit pas tergiverser dans l'excès de zèle et le dérapage médiatique. Nous vivons dans une période critique, une période d'édification et d'accoutumance pour la nouvelle République. D'où la responsabilité qui incombe aux médias et à tous les organes de presse dans ces périodes difficiles d'incertitude, où les Tunisiens veulent se créer une nouvelle identité. Les chaînes étrangères et notamment arabes ne sont pas exclues du champ des critiques. Le droit à l'information est sacré, mais il ne faut pas tomber dans la diffamation. La presse, ce quatrième pouvoir doit jouer et assurer pleinement son rôle dans cette nouvelle ère de liberté en véhiculant une information fiable, convaincante et crédible. L'ère des campagnes médiatiques jadis jugées « maléfices et diaboliques » n'a plus raison d'être au moment où le paysage médiatique se trouve débarrassé de toutes les contraintes et bâillonnements longtemps imposées. Aljazeera, cette chaîne satellitaire jouit d'un taux d'audience ou de pénétration élevé chez nos concitoyens. D'où l'énorme responsabilité qui incombe à cette chaîne, notamment dans la manière de traiter les informations. Force est de constater que parfois, cette chaîne vire au dérapage. Vendredi dernier et alors que la Tunisie se réveillait sur un air d'optimisme et de bonheur sur fond des déclarations annoncées par M.Foued Mbazâa, Président par Intérim de la République, Aljazeera entamait sa journée avec un reportage sur la loi 108 portant interdiction du port du voile dans les lieux publics en Tunisie. « Une loi qui prend toujours effet après la Révolution », souligne le reportage. Et comme d'habitude, la vidéo du reportage a illico circulée sur Facebook. Résultat : les facebookeurs laissent place à leurs commentaires pro et anti Gouvernement provisoire. Alors que la paix sociale et politique est de retour en Tunisie. Ce genre d'information et de prise de position ne peut en aucun cas servir l'intérêt suprême de l'Etat tunisien en ces moments difficiles. Or la stabilité du pays et le retour à la normale est la responsabilité de tous. Politiciens, économistes, sociologues, décideurs et médias sont partie prenante dans l'œuvre de la Tunisie nouvelle