Le Conseil de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique a dû reporter mercredi l'ordre du jour de la réunion jusqu'au rétablissement du consensus rompu après le retrait ou la suspension de la participation de partis politiques ou d'autres forces. La réunion devait initialement trancher sur le projet de décret-loi relatif à l'organisation des partis politiques et présenter la liste définitive des “mounachidine” (liste des personnes ayant appelé à la candidature de Ben Ali à l'élection présidentielle de 2014). Evoquant les dissensions au sein de la Haute Instance, son Président Yadh Ben Achour a dévoilé, lors de la réunion du mercredi, les initiatives engagées au sein de l'Instance pour tenter de rétablir le consensus dont celle du magistrat Mokhtar Yahyaoui. A cet effet, une réunion s'est tenue mardi au siège de l'Ordre national des avocats tunisiens groupant les parties représentées au sein de l'Onstance, à l'exception du Parti Démocrate Progressiste (PDP), et en présence des représentants de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH) et de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). M. Yadh Ben Achour a qualifié cette initiative d'”acceptable et de louable”, jugeant que toute autre initiative serait judicieuse. Pour sa part, le Président de la commission chargée d'appliquer l'article 15 du Code électoral, Mustapha Filali, a expliqué qu'il était prévu que la commission annonce, mercredi, les résultats de ses travaux et dévoile son rapport final. L'examen de ces questions a été reporté à la semaine prochaine, en attendant d'achever la vérification des articles de presse et des tribunes d'opinion, durant la période allant du mois d'août 2010 jusqu'à janvier 2011, dans lesquels leurs auteurs ont appelé à la candidature du président déchu. Lors du débat, le représentant du PDP Maher Hanine a souligné la nécessité que les initiatives pour rétablir le consensus émanent des membres de la Haute instance, sans intervention de parties extérieures. Le PDP exige l'élargissement des concertations autour du projet de décret-loi relatif à l'organisation des partis politiques et des autres projets, et la participation des partis politiques non représentés au sein de la Haute instance à cette concertation. De son côté, le représentant du Parti Socialiste de Gauche (PSG) Nassim Kéfi a fait part de son mécontentement des déclarations du mouvement Ennahdha, à la suite de l'adoption du projet du Pacte républicain. Ces déclarations sont de l'ordre du “chantage politique sans résultat”, a-t-il dit. Retrait de la Haute Instance, réactions des autres membres… Le représentant du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL) Mouldi Riahi a, pour sa part, insisté sur la nécessité pour chaque partie d'assumer ses responsabilités concernant le retrait et la suspension de la participation au conseil de la Haute Instance. Il a appelé les parties qui se sont retirées à reprendre le dialogue. M. Issam Chebbi (PDP) a appelé les partis politiques à coexister et à respecter l'opinion majoritaire, soulignant que le débat doit être conforme à des principes et à des règles. Le représentant de l'Ordre national des avocats a démenti catégoriquement le retrait de l'Ordre de la Haute Instance. De nombreuses personnalités nationales ont appelé à l'unification des rangs au sein de la Haute Instance, estimant que les concertations pour le rétablissement du consensus demeurent utiles. Les représentants des régions ont dénoncé, en particulier, les pratiques de certains partis politiques visant à entraver le processus menant à l'échéance du 23 octobre 2011 dans le cadre du consensus national. Pour eux, reporter l'adoption du projet du décret-loi relatif à l'organisation des partis politiques jusqu'à la participation du Premier ministre à la réunion la Haute Instance mercredi prochain, “pose de nombreuses questions et constitue un motif d'étonnement”. Ils ont, d'autre part, mis l'accent sur la nécessité pour le conseil de l'Instance d'adopter une “feuille de route” qui définit ses prérogatives et ses programmes et de créer une commission qui sera chargée périodiquement de fixer l'ordre du jour de la Haute Instance.