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Par Hadi Sraïeb – Niaiseries indécentes du discours économique dominant !
Publié dans Tunisie Numérique le 06 - 10 - 2020

On a beau scruter toutes les déclarations officielles, on est bien en peine d'y trouver la moindre idée pertinente susceptible de redonner espoir et confiance dans le devenir du pays.
Bientôt plus d'une décennie, de rabâchages, pour ne pas dire de radotages, autour des mêmes idées stériles: Il faut plus de croissance ! Il faut assainir le climat des affaires ! Il faut relancer l'investissement ! Il faut améliorer l'attractivité et la compétitivité du « site Tunisie » !
Une litanie qui se décline alors en une multitude de considérations complémentaires mais toutes aussi insignifiantes et inopérantes: Il faut améliorer le financement des entreprises ! Il faut réduire l'influence de l'économie parallèle et informelle, etc.
Des prêches et des sermons auxquels de moins en moins de compatriotes accordent le moindre crédit.
La crise sanitaire est certes venue amplifier la crise économique préexistante, aggravant par la même, la brutalité de ses effets. Mais qu'à cela ne tienne, nous avons droit à un discours mimétique de celui de nos voisins du Nord: Un plan de sauvetage et de relance sans toutefois disposer de la même amplitude de moyens.
Une crise singulière à bien des égards, dont on ne saurait mesurer l'intensité dramatique des prolongements à venir, mais qui paradoxalement pourrait constituer un moment unique, une occasion exceptionnelle, de repenser la stratégie de développement, ses errements et ses fragilités comme ses atouts et ses potentialités.
Peine perdue, il n'en sera rien ! Pas de débat national ! Nos élites sont bien trop occupées, engluées qu'elles sont dans les jeux de pouvoir et de partage des prébendes !
Si les mots ont encore un sens (et non comme simple diversion rhétorique), il serait bon de se poser les questions: Relancer quoi ? Sauver quoi au juste ? Un tourisme balnéaire non viable et non pérenne ! Des entreprises de services publics moribondes ! Une agriculture en désespérance ! Des industries locales obsolètes, débordées par des importations sauvages ! Et plus grave encore: Un Etat délictueux dissimulant ses forfaitures par des jeux d'écriture, incapable d'honorer ses engagements financiers !
Sous d'autres cieux cet Etat pourrait être qualifié de voyou ! Mais rien ne semble pouvoir ébranler la quiétude des élites dites compétentes qui se succèdent au pouvoir. Les uns arrivent après les autres sans que le moindre bilan, le moindre état des lieux ne soit dressé ! On croit rêver !
Des nouveautés dans le discours, il y en a tout de même.
Il est beaucoup question d'employabilité, d'auto-entreprenariat, de soutien aux start-ups, de déploiement du numérique, de PPP, de fonds d'accompagnement à la création d'entreprise, de fonds de fonds ! Une conception de plus en plus vénale (l'argent mobile premier et fin en soi) et de plus en plus marchande et consumériste (le marché satisfaisant tous les besoins) du développement comme du bien-être général ! On a beau être surpris par tant d'inconsistances, les élites dirigeantes comme celles plus intellectuelles qui leur fournissent ce « prêt-à-penser » n'en démordent pas: libérer l'économie de ses carcans, priorité à l'initiative individuelle !
Employabilité de qui au juste ? Quand informaticiens, professions médicales et sanitaires, enseignants, jeunes et moins jeunes en désespérance fuient le pays ? Admettons un instant le bien-fondé de cette employabilité. Mais dans ce cas, où est la formation professionnelle qualifiante ? Puis par la suite, pour être embauché dans quelle activité porteuse ? Notre tissu économique reste dominé par des entreprises de main-d'œuvre banalisée sous-rémunérée, et qui plus est sous-encadrées.
Une notion très à la mode mais vide de sens, notamment quand on observe la désertion de tous ces « employables » (cf. personnel sanitaire) !
Que dire de l'auto-entreprenariat ? Encore une autre fantasmagorie largement partagée. Elle sous-entend que tout un chacun peut devenir entrepreneur, créer sa propre activité marchande et en vivre.
Un postulat des plus contestables dans la mesure où cette perception tend à rabattre la très grande diversité des aspirations professionnelles sur celle du producteur indépendant (sic). Si comme précédemment l'idée, peut apparaitre comme séduisante, resterait à en préciser les conditions de viabilité. Très vite le discours se fait plus vague: Trouvez une idée et faites en sorte que votre projet soit bancable !
Un labyrinthe de méandres administratifs, techniques, financiers dont seuls les plus aguerris savent se sortir sans pourtant pouvoir garantir la pérennité de leur activité au-delà des premières années euphoriques (voir la durée de vie des créations d'entreprise). Outre un « ticket d'entrée » élevé, l'autoentrepreneur doit se prémunir contre toutes sortes d'adversités ! Beaucoup de candidats mais peu d'élus ! Cela ne fait donc pas une politique.
En réalité, cela correspond à un renoncement inavouable, à une démission indigne des gouvernants, quelle que soit, par ailleurs, leur inclinaison (islamo-libérale ou social-libérale) en matière de politique publique de l'emploi.
Une politique dont on évite même de prononcer le nom, de peur de raviver des souvenirs d'un Etat plus déterminé à combattre ce fléau dévastateur qui affecte notoirement les couches sociales les plus humbles.
Les politiques publiques de l'emploi (organisées autour de la diversification sectorielle) sont désormais reléguées aux oubliettes. Lorsque des réminiscences subsistent, elles se limitent à des dégrèvements fiscaux, primes et autres fonds d'insertion ou d'adaptation, sans portée véritable !
Tout n'est pas noir, loin s'en faut ! Beaucoup finissent, à force de ténacité, par trouver leur voie, mais entretemps que de gâchis et de manques à gagner considérables pour le pays !
La promotion et l'accompagnement des start-ups numériques. A l'évidence, il y a là une activité balbutiante qui mériterait d'être développée. Du coup et sans nier l'importance de son nécessaire déploiement, on est tout de même en droit de se demander si cette « économie collaborative » peut devenir à elle seule le vecteur accélérateur d'une nouvelle phase de développement ? Rien n'est moins sûr !
Le tapage médiatique éminemment onirique (pathologique caractérisée par des hallucinations) faisant de la réponse algorithmique le point nodal de toute l'économie future, est trompeur et perfide ! Le pays ne dispose ni d'un amont industriel (sophistication matérielle) ni d'un aval marchand (étroitesse du marché local) pour en faire le véritable fer de lance du « mieux-être collectif ».
Au mieux, il faut s'attendre à un déploiement de « niches locales », relativement bridé, essentiellement tourné vers l'exportation, en sous-traitance de puissants donneurs d'ordre. De plus, ce secteur suppose une force de travail hautement qualifiée et spécialisée, ce qui d'emblée exclut la grande masse des primo demandeurs d'emplois comme des chômeurs de longue durée.
N'en déplaise aux techno béats, l'économie numérique ne peut à elle seule et de façon disruptive, résorber la multiplicité des maux qui accablent le corps social, notamment dans ses parties les plus vulnérables (jeunes, travailleurs de l'informel, femmes discriminées, etc.).
De façon plus générale et sans pouvoir ici développer plus avant, la pensée qui anime l'action gouvernementale, depuis maintenant près d'une décennie, demeure sensiblement la même que celle de l'ancien régime (au népotisme brutal et clientélisme étroits, près): désengagement graduel et en bon ordre de l'Etat, priorité réaffirmée à l'initiative privée et à la liberté d'entreprendre dans tous les domaines comme moteur principal de la croissance (désormais dite inclusive) et du bien-être des populations.
Rien n'a fondamentalement changé ou si peu !
Bien au contraire, les gouvernements font preuve d'une persévérance obstinée à vouloir s'inscrire dans la même trajectoire, en dépit des contradictions multiples et violentes, désormais révélées au grand jour, mais toujours considérées comme des dommages collatéraux !
Exit donc de la réflexion et de l'action, du moins pour l'heure : les biens communs, les services publics, les biens culturels, la préservation de l'environnement, de la biodiversité et des périls climatiques.
Exit, pareillement la délibération démocratique sur les choix et priorités de développement et leur traduction dans un plan national. De toute évidence, pour les gouvernants passés comme actuel, l'économie est toujours une chose bien trop sérieuse pour la laisser au délibéré des populations. S'il fallait une preuve, celle-ci nous est fournie par la manière technocratique dont a été conçu le dernier plan: Une feuille Excel !
Si renouveau de la pensée comme de l'action, il devait y avoir, c'est du côté d'une nouvelle planification démocratique qu'il conviendrait de s'atteler. Des choix discutés puis actés qui ne seraient plus abandonnés à la seule logique marché et à « sa vérité des prix », mais des priorités soutenues et accompagnées par une politique monétaire (se souciant constitutionnellement de l'emploi cf. la FED aux USA), par des lois de finances conformes au plan (programmation pluriannuelle) et à un nouveau consentement à l'impôt (plus progressif et plus égalitaire), et une politique de crédit bancaire sélective (variabilité des taux d'intérêt en fonction des priorités sectorielles retenues).
Cette planification, qui ne serait pas indicative mais bel et bien incitative, irait également dans la direction d'une la réhabilitation-restauration des biens communs (terre, eau) et des services publics (éducation, santé, transport, logement) dans leur fonction redistributive. De toute évidence, nous en sommes encore fort loin, le contexte ne s'y prête pas. Mais rien n'interdit de d'imaginer des solutions alternatives et concrètes à la débâcle incontrôlée qui se prolonge sans fin prévisible.
Hédi Sraieb – Docteur d'Etat en économie du développement.
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