Les résultats d'une nouvelle étude économique de l'OCDE se rapportant à la Tunisie ont été présentés aujourd'hui lundi 4 avril 2022 par le Secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Mathias Cormann. L'étude a évoqué des recommandations pour la relance de l'économie tunisienne s'articulant autour de différents axes d'analyse. On indique, à ce titre, que la Tunisie compte parmi les économies de marché émergentes les plus durement touchées par la crise du COVID-19, qui a provoqué la plus forte contraction économique jamais enregistrée, tout en causant un lourd tribut social. Le taux de chômage est monté à 18%, et il est beaucoup plus élevé chez les jeunes (42%). Pourtant, il a été indiqué que la crise de 2020-21 a simplement aggravé un problème que caractérise l'économie tunisienne depuis des décennies. Le taux de chômage se maintient au-dessus de 12% depuis les années 90, et il est beaucoup plus élevé pour les jeunes primo-demandeurs d'emploi. L'étude de l'OCDE précise que ce problème est lié à un large éventail de facteurs structurels qui compliquent l'ajustement de l'offre et de la demande de main-d'œuvre et empêchent donc de parvenir à l'équilibre sur le marché du travail. En premier lieu, les obstacles à l'entrée et à la croissance des entreprises et les barrières au commerce international diminuent, à cet effet, le dynamisme du secteur privé et freinent la création d'emplois plus nombreux et de meilleure qualité, affirme-t-on. L'insuffisante création d'emploi, associée à la forte augmentation de la population en âge de travailler, a engendré des taux de chômage particulièrement élevés parmi les jeunes. En outre, l'essor de l'accès à l'éducation a permis d'accroître l'offre de main-d'œuvre hautement qualifiée, mais, dans le secteur privé, la majorité des emplois ont été créés dans des activités peu productives et à faible intensité de main-d'œuvre qualifiée. Cela a mené à des taux de chômage plus élevés parmi les diplômés de l'enseignement supérieur et particulièrement chez les femmes, qui représentent environ deux tiers des diplômés de l'enseignement supérieur. Cependant, d'après la nouvelle étude de l'OCDE, les jeunes hommes et femmes peu qualifiés souffrent eux aussi de la faible création d'emploi. Á défaut d'une offre suffisante d'emplois formels, beaucoup de jeunes hommes sans diplôme de l'enseignement supérieur sont forcés d'accepter des postes dans le secteur informel. L'activité informelle a atteint un taux de 47% de l'emploi total en 2021, et se concentre dans les secteurs de l'agriculture, du BTP, du commerce de gros et de détail, des transports, et de l'hôtellerie et de la restauration. Pour les jeunes femmes peu qualifiées, bien que des raisons culturelles liées à la famille et aux tâches ménagères jouent un rôle important, les difficultés à trouver un emploi formel sont la raison prédominante de leur sortie du marché du travail. Les jeunes femmes non diplômées de l'enseignement supérieur ont un taux d'activité inférieur à 25 %, alors qu'il est d'environ 50% pour celles qui possèdent un diplôme de l'enseignement supérieur et de plus de 70% en moyenne pour les hommes. Pour renforcer la dynamique des entreprises et l'innovation, ainsi que pour promouvoir la création d'emplois plus nombreux et de meilleure qualité, l'organisation internationale considère qu'il est essentiel de réduire les obstacles réglementaires à l'entrepreneuriat et à l'entrée de nouveaux acteurs sur le marché, d'accroître l'intégration internationale des entreprises locales et d'ajuster les impôts sur le travail. Aussi, réduire les autorisations préalables pour opérer sur le marché et investir, abaisser les formalités administratives et simplifier le système fiscal créeraient de nouvelles occasions pour les petites et jeunes entreprises innovantes, augmenteraient la création d'emplois formels et la croissance de la productivité. Cela devrait être accompagné par une réduction des droits de douane et des obstacles non tarifaires au commerce extérieur, car les obstacles à l'importation élevés réduisent la possibilité d'accéder à des intrants et à des biens d'équipement de qualité pour les entreprises axées sur le marché local (onshore) et compliquent l'adoption des nouvelles technologies. En outre, réduire le taux d'imposition de la première tranche de revenu et autoriser une plus grande flexibilité dans la fixation des salaires pour les petites entreprises permettraient de développer le secteur formel. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!