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Par Henda Haouala – Les filles d'Olfa de Kaouther Ben Hania : Brillant, intelligent et dérangeant
Publié dans Tunisie Numérique le 26 - 09 - 2023

Sans aucun doute, Kaouther Ben Hania est la réalisatrice tunisienne qui a le plus de flair. Elle a cette particularité de détecter les faits divers, les vraies histoires qui font « un bon film » et « ça » marche. L'histoire de Olfa est vraie, elle a fait la une des médias en Tunisie. Un jour au moment où Olfa poussait un cri de détresse à la radio tunisienne, la réalisatrice Kaouther Ben Hania l'entend raconter son histoire... Elle décide d'en faire un film, c'est comme ça que tout a commencé.
Les filles d'Olfa, actuellement dans les salles tunisiennes est l'accomplissement cinématographique d'une décennie de longs métrages réalisés par la cinéaste la plus internationale des tunisiennes. En effet, Les filles d'Olfa a la subversion du discours de Le challat de Tunis, la proximité affective de Zeineb n'aime pas la neige, l'exercice de style de La Belle et la meute et l'esthétique du cadre de L'Homme qui a vendu sa peau. Dans les filles d'Olfa, la réalisatrice raconte l'histoire de Olfa, une mère de quatre filles : Ghofrane, Rahma, Eya et Tayssir à qui la vie ne leur a pas fait de cadeau, bien au contraire elle s'est acharnée contre elles. Olfa se bat alors, à sa manière, pensant protéger ses filles jusqu'au jour où Ghofrane et Rahma disparaissent pour aller au Djihad en Libye.
Comment raconter le calvaire d'Olfa et par où commencer ? L'intelligence du film réside dans le « comment ? » qui prend toute sa forme et sa puissance.
Les filles d'Olfa est un documentaire construit avec une mise en situation et une mise en jeu (une reconstitution) pour en réaliser une mise en scène déroutante. "Kaouther n'invente rien, on va juste étaler nos blessures" (majebet chay jdid, Bech nefrtou jrouhna).
C'est avec cette phrase que Olfa présente le film à Hend Sabri, elle coache Hend pour ce qu'elle pense que sera le tournage du film, sauf que, celui-ci avait déjà débuté.
Ce procédé cinématographique a été abordé par le cinéaste iranien Mohsen Makhmalbaf dans "Salam cinéma" en 1995. Le cinéaste entame une séance de castings pour un long-métrage qu'il veut présenter à Cannes, alors que l'audition était le tournage du film. Ironie du sort ou magie du cinéma, en 2023 Les filles d'Olfa a bel et bien été à la 76ème édition du Festival de Cannes en compétition officielle.
Dans Les filles d'Olfa, la réalisatrice aligne les séquences sans afféteries avec, par moment, des plans qui nous renvoient à la sobriété du théâtre. Kaouther Ben Hania reconstruit, recombine, renoue, redistribue les faits, les choses et les personnes pour créer une œuvre dérangeante et brillante, une réalité autre, une vérité parmi d'autres.
Et c'est justement autour de la vérité du dispositif cinématographique que toute la responsabilité éthique du film se repose : le vrai et le faux, les personnages réels et ceux qui jouent, le réel et sa reconstruction, la vérité et le mensonge. Ce dispositif me renvoie à Abbas Kiarostami, le cinéaste iranien qui a évoqué la question de l'éthique dans le film documentaire mentionnant « Qu'une partie soit documentaire ou une autre reconstituée, c'est notre méthode de travail... Le plus important est que nous alignons une série de mensonges pour arriver à une vérité plus grande ».
Toute la beauté de ce film réside dans la densité de la narration et la justesse des personnages aussi bien les vrais que les faux. La fameuse phrase de Constantin Stanislavski : « Il n'y a pas de petits rôles, il n'y a que des petits acteurs » prend tout son sens dans ce film. Le coup de grâce est signé par la présence très distinguée de Hend Sabri qui confirme encore une fois que c'est une grande actrice qui ne joue que des personnages bien corsés. La réalisatrice, avec beaucoup de subtilité, n'omet pas de lui rendre hommage, à sa manière, en plein film. Majd Mastoura, quant à lui, nous offre une formidable prestation en jouant trois rôles différents, incarnant une même figure masculine.
Les filles d'Olfa est un véritable périple, une exploration au cœur de la vie d'Olfa et ses filles mais c'est surtout un film sur l'amour, l'amour dont on n'ose pas parler, celui qui est défiguré et charcuté par les blessures, l'injustice, le dégoût, l'indignation et la violence masculine que seules les femmes connaissent. La réalisatrice construit son discours autour de ces éléments et dresse une âpreté générationnelle de blessures, celles qui se transmettent de mère en fille, celle que Olfa appelle) « la malédiction »(Laana)
Et vous, quelle serait votre grande vérité ?
Henda HAOUALA
Dr. Maître de conférences en techniques audiovisuelles et cinéma

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