Une Union du Maghreb "new look" qui laisserait le Maroc sur le bord de la route… Le bruit est suffisamment persistant pour qu'on lui prête l'oreille. Et quand il est colporté et porté par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, il gagne en crédibilité. Alger voit dans cette nouvelle mouture du Maghreb arabe une manière d'avancer enfin et de "combler le vide" laissé par l'Union du Maghreb arabe (UMA), qui n'existe que le papier depuis 1989. Mais voilà, la Mauritanie, d'après un média local, a fermé la porte à la proposition du président algérien, Abdelmadjid Tebboune. Tant pis, Alger est prêt à se jeter à l'eau sans Nouakchott, juste avec la Tunisie et la Lybie. Sauf que cette dernière aussi se cabre et refuserait de s'embarquer dans le train de Tebboune. Le chef de la diplomatie algérienne l'a dit assez fort mardi dernier – lors d'une conférence de presse – pour que le message arrive aux oreilles des autorités libyennes. On ne sait pas ce qu'en dira le gouvernement d'union nationale, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale. Mais pour le gouvernement rival de l'Est c'est Non. Son ministre des Affaires étrangères, Abdulhadi Lahouij, l'a clairement dit au journal marocain Hespress. Et on voit mal comment forcer le barrage des alliés du puissant maréchal Khalifa Haftar. "La région du Maghreb n'a pas besoin de créer de nouvelles entités, car nous avons des institutions existantes sur le continent, nous avons seulement besoin de les activer et de les renforcer (…). La Libye, qui préside actuellement l'UMA reste attachée à cette option et souhaite renforcer et promouvoir la coopération entre les pays du Maghreb, dont le volume des échanges commerciaux reste faible par rapport aux autres blocs régionaux", a asséné Lahouij… "Nous vivons dans un seul espace maghrébin, et ce dont nous avons besoin aujourd'hui est de renforcer la coopération maghrébine dans l'intérêt des peuples de la région, de sa jeunesse et de ses femmes, et dans l'intérêt de l'intégration et de la coopération mutuelle"-a-t-il martelé. Lahouij est d'avis qu'il faut plutôt miser sur la consolidation des institutions de l'UMA au lieu de se lancer dans une autre aventure. Il a insisté sur le cadre régional global pour répondre aux aspirations de toutes les populations maghrébines, plombées par des entraves diverses. Il veut certainement parler de l'animosité entre l'Algérie et le Maroc, depuis des décennies, avec des frontières fermées et des relations diplomatiques complètement mortes depuis… De toute façon une source officielle du Conseil supérieur de l'Etat libyen a clos le débat du Maghreb dont rêve Alger. Elle a déclaré au journal marocain que la conjoncture politique en Libye rend impossible tout accord dans la durée avec un autre pays, quel qu'il soit. Avec deux gouvernements et deux Parlements qui s'entrechoquent comment le Conseil présidentiel peut parler au nom de tous les Libyens ? Comment peut-il bâtir un projet aussi titanesque et kafkaïen qu'une Union sans le Maroc et la Mauritanie ? La même source a ajouté que les seules conventions que le Conseil présidentiel libyen peut signer avec les pays voisins se limitent à des sujets bien précis. Il s'agit essentiellement du partenariat contre le terrorisme, de l'échange d'informations, des actions contre l'immigration irrégulière et de la sécurisation des frontières libyennes avec ces pays… "Tout accord ou toute coordination du Conseil présidentiel avec la Tunisie ou l'Algérie ne peut pas dépasser ce cadre, et ne peut pas aller au-delà pour inclure la région maghrébine dans son ensemble, ou empiéter sur les droits des pays maghrébins. Le Conseil actuel ne veut certainement pas se mettre dans une position de confrontation avec un quelconque pays maghrébin, en particulier alors que la région a besoin aujourd'hui d'intensifier ses efforts dans le cadre d'un projet unifié qui garantit la sécurité et la stabilité", martèle la même source. En d'autres termes dans l'état actuel des choses chez le voisin libyen, avec le chaos politique et sécuritaire ambiant, le projet du nouveau Maghreb prêté à Tebboune en restera là, et manifestement pour longtemps. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!