Première apparition dans nos murs d'«hôtels sans alcool». Cette «première» fera-t-elle tache d'huile, ou sera-t-elle sans lendemain ? That's the question... Une insertion publicitaire parue récemment dans un journal de la place n'est pas passée inaperçue, dans la mesure où son bénéficiaire n'est autre qu'un hôtel tunisien annonçant en grosses lettres un «réveillon... sans alcool» ! Il s'agit là assurément d'une première en Tunisie, aussi bien pour les médias que pour notre tourisme. Tabou brisé ou mal nécessaire, le problème n'est pas là, puisque, dans la foulée, d'autres annonces publicitaires semblables ont envahi les colonnes de nos journaux, faisant la promotion (la propagande?) pour une nuit de réveillon au cours de laquelle l'on vous servira plein de plats et de cadeaux sur fond de musique et de chants, mais... point d'alcool, seuls les boissons gazeuses et les jus devant... couler à flots pour accompagner l'année 2011 à sa dernière demeure ! «Laissez-moi en rire», lance laconiquement un jeune homme branché. «Depuis que j'ai appris la nouvelle, poursuit-il, je n'en reviens pas encore, car, que vaut un réveillon sans alcool ? Rien, absolument rien». Et de conclure, plus lucide : «A ma connaissance, le réveillon ne fait pas partie des traditions des musulmans pratiquants, d'où ma conviction qu'un réveillon sans alcool ne fera pas recette». En face, un père de famille n'est pas de cet avis. «Certes, indique-t-il, je ne bois pas et je ne fume pas. Mais, étant un habitué des réveillons dans les hôtels, j'ai presque toujours souffert des abus générés par la consommation abusive de l'alcool par les fêtards. Au point que certains réveillons que j'ai vécus dans des hôtels 4 étoiles se sont achevés en queue de poisson et, parfois même, par des batailles rangées. Alors, vous avez compris ?» Le projet a fait du chemin pour amadouer de plus en plus d'hôteliers. Et si certains d'entre eux ont choisi la «fièvre du réveillon» pour mettre leurs pendules à l'heure des nuitées sans alcool, d'autres s'apprêtent, promet-on çà et là, à rejoindre leurs rangs. «L'expérience mérite bien d'être tentée», soutient le gérant d'un hôtel sis à Gammarth, qui impute cela à «l'islamisation galopante de l'appareil de l'Etat et à la poussée de jeunes générations de musulmans pratiquants». Pour un autre hôtelier de la place, «il est vraiment temps de copier “l'exemple asiatique" dont le tourisme tire sa force et sa prospérité universellement reconnues de l'affluence des touristes religieux dont la fidélité, la solvabilité et les largesses n'ont jamais été mises en cause. Et puis, faut-il ajouter que sans alcool, on a moins de problèmes et plus de paix.»